La crise s’enlise chez South African Airways. Après la grève de son personnel qui l’a profondément asphyxié, le transporteur sud-africain négocie actuellement avec les banques le financement d’une « restructuration radicale ». Exercice difficile. South African Airways a besoin d’argent, beaucoup d’argent, pour sortir la tête de l’eau d’une crise qui s’éternise. Le top management négocie actuellement avec les banques le financement nécessaire pour implémenter son plan de restructuration annoncé l’année dernière, mais qui n’a que très peu avancé depuis lors.

« Ces derniers jours, des discussions intenses ont eu lieu avec les prêteurs afin de réunir les fonds nécessaires pour couvrir la transition opérationnelle et structurelle au cours des prochains mois », déclare le ministère sud-africain des Entreprises publiques dans un communiqué publié ce lundi sur son site web.

Il y a deux semaines, Deon Fredericks, directeur financier par intérim de SAA, annonçait à la presse avoir obtenu un accord tacite d’« un certain nombre de banques » prêtent à mobiliser 2 milliards de rands. Mais cette somme reste insuffisante face aux gigantesques besoins du transporteur.

« Il n’y a pas d’autre moyen d’avancer »
Alors que la compagnie compose depuis 8 ans avec des exercices comptables déficitaires, chiffrés à 5,4 milliards de rands -438 millions de dollars- pour 2017 uniquement, South African Airways était en proie, le mois dernier à une grève sans précédent de son personnel. La compagnie s’étant retrouvée à deux doigts de faire faillite. Les pertes suite à cela ont été estimées à 50 millions de rands par jour, selon la presse locale. Pendant cette période, ce sont des compagnies comme Kenya Airways, Ethiopian Airlines et Rwandair qui se sont partagé les liaisons aériennes dans la sous-région. Selon le ministère, la continuité de l’activité de SAA exige une « restructuration radicale ».

« La SAA a traversé des défis difficiles au fil des ans, et plus particulièrement au cours des dernières semaines. La grève déclenchée par NUMSA et SACCA a causé d’énormes dommages à la réputation, aux opérations et à la dégradation des finances de la SAA. La SAA ne peut donc pas continuer dans sa forme actuelle. Le groupe aérien va maintenant passer par un processus de restructuration radicale qui garantira sa viabilité financière et opérationnelle. Il n’y a pas d’autre moyen d’avancer », explique le département chapeauté par Pravin Gordhan.

Le problème de garanties de l’Etat
Le dossier de South African Airways est un dossier brûlant pour Pretoria qui milite fort pour que demeure la compagnie aérienne qui fût pendant longtemps la fierté nationale et continentale. Cependant, l’Etat -qui dispose lui aussi d’une marge de manœuvre minime dans un contexte économique national difficile- tarde à proposer de nouvelles garanties aux banques. Selon le Financial Times, Tito Mbowemi, ministre des Finances se montrerait « réticent ».

A ce rythme, le rétablissement de l’entreprise sur la route de la performance n’est pas chose aisée. D’ailleurs, c’est précisément la difficulté à mobiliser le financement pour l’exécution du plan de restructuration qui a poussé Vuyani Jarana à déposer son tablier de CEO en juin dernier, après moins de deux ans de service. Zukisa Ramasia qui assure l’intérim depuis lors n’a eu pour seul événement heureux que la réception, début novembre, du premier Airbus A350-900 de la compagnie.

Pour l’instant, le conseil d’administration entend profiter de la reprise des activités pour mettre le paquet sur les opérations de marketing et « des initiatives audacieuses pour accroître sa part de marché ». Et l’urgence ne dit pas son nom, car, comme le soulignait Ramasia récemment, la faillite de SAA porterait un coup considérable à l’économie sud-africaine.

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