L’organisation non gouvernementale internationale de protection de l’environnement, Greenpeace, n’a  pas été tendre avec l’Union Européenne. Elle estime que cette dernière veut le poisson sénégalais et mais ses migrants.

 « On dénombre près de 500 morts et des milliers de rescapés en haute mer parmi les jeunes sénégalais qui, au péril de leur vie, tentent de rejoindre l’Europe ces derniers mois. Une tragédie humaine qui a mobilisé l’attention des médias du monde.  Alors que le secteur de la pêche traverse une crise sans précédent, les autorités du Sénégal viennent de renouveler leur accord de pêche avec l’Union Européenne (Ue) », précise le communiqué. 

Greenpeace parle de quel paradoxe! Au même moment où l’Ue entame le rapatriement des migrants sénégalais, elle continue d’exploiter les ressources halieutiques du pays dont la rareté est en partie la cause du désespoir des milliers de jeunes sénégalais.

L’organisation demande aux autorités de l’UE et du Sénégal de se pencher sur les vraies causes de ce phénomène afin d’y apporter une solution définitive plutôt que de laisser empirer la situation en signant cet accord.

D’après Greenpeace, selon le communiqué de la délégation de l’Union Européenne à Dakar, ce nouvel accord de pêche permettra à 45 navires européens de pêcher au moins 10 000 tonnes de thon et 1 750 tonnes de merlu noir par an pour une contrepartie financière de 15 millions d’euros (10 milliards F cfa) sur cinq ans.

Et le document de préciser : « Il est aujourd’hui évident que la mauvaise gestion des ressources halieutiques au Sénégal, les accords signés et les licences de pêche octroyées à des navires étrangers sont en grande partie la de la rareté de ces ressources. Le Sénégal et l’UE avaient noué depuis 2014 un accord de pêche sur les pêcheries de thon et de merlus incluant des captures accessoires, lequel accord a été décrié par les organisations professionnelles de la pêche du Sénégal, car ne tenant pas en compte ni du potentiel exploitable, ni de l’état d’exploitation des ressources ».

D’après la source, l’évaluation de cet accord, tant au plan technique (quantité de poissons prélevée par les bateaux de l’Ue) qu’au plan financier, n’a jamais été partagée avec les organisations professionnelles. Et ce qui est contraire aux dispositions réglementaires et autres engagements des Etats qui font de l’implication des acteurs dans les processus décisionnels un élément important de bonne gouvernance des ressources.

Greenpeace Afrique demande à l’Etat du Sénégal et à l’Union Européenne de faire une évaluation exhaustive et transparente de l’accord précédent, de procéder à une mise à jour des données scientifiques sur les stocks de poissons et de partager ces informations avec les acteurs de la pêche pour une prise de décision conformément aux engagements pris. 

Selon Greenpeace, un accord de pêche ne peut pas être qualifié de durable en l’absence de surplus de production. L’UE devrait s’assurer que le gouvernement du Sénégal a bien effectué l’évaluation des stocks concernés par cet accord de pêche et qu’il y a effectivement un surplus de production dont la flotte sénégalaise n’est pas en mesure d’exploiter.

L’Etat invité à geler l’accord de pêche

« Greenpeace Afrique invite l’Etat du Sénégal à geler cet accord de pêche, à faire une évaluation transparente de l’accord précédent, à partager les informations avec les acteurs et à tenir compte de la situation des stocks, de la surcapacité de la flotte nationale et du désespoir des  pêcheurs avant de prendre une décision. La logique de marché qui motive l’Union Européenne et les mauvaises décisions des autorités sénégalaises seront lourdes de conséquences non seulement pour les Sénégalais mais aussi pour les Européens,  car leurs destins sont étroitement liés », précise la source.