L’Afrique assure près 12% de la production pétrolière mondiale, mais couvre ses besoins énergétiques par des importations sur les marchés mondiaux. Un paradoxe auquel veut s’attaquer l’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO), prête à investir 2 milliards de dollars dans des projets structurants au niveau du secteur des hydrocarbures en Afrique, où quelques initiatives émergent.
L’Organisation des producteurs de pétrole africains (APPO) vient de mobiliser une enveloppe financière de 2 milliards de dollars en faveur du développement des infrastructures d’hydrocarbures intra-africaines. L’information a été annoncée ce mardi 29 janvier par Emmanuel Ibe Kachikwu, président de l’APPO, en marge du Sommet international sur le pétrole organisé par le Nigeria les 29 et 30 de ce mois.

Le montant devrait servir au financement de «tous les éléments indispensables à une collaboration efficace», selon Ibe Kachikwu, ministre nigérian des Ressources pétrolières et également président de l’APPO. S’exprimant durant l’inauguration du conseil exécutif pour la réforme du secteur pétrolier et gazier en Afrique, Kachikwu, a insisté sur la nécessité de créer un héritage durable garantissant aux Africains un meilleur profit des ressources en hydrocarbures du Continent.

Vers un marché pétrolier africain
L’APPO qui regroupe les pays producteurs de 95% du pétrole africain veut favoriser une synergie autour des différents projets en cours dans le secteur des hydrocarbures. Il s’agit notamment de la promotion des initiatives communes des projets et des infrastructures, du soutien en termes de politiques et de stratégies de gestion sur toute la chaîne de valeur de l’industrie pétrolière. L’approche vise à amener les pays africains à tirer les meilleurs profits des activités des ressources en hydrocarbures.

«Pris isolément, les pays africains sont incapables de se battre contre le capital pétrolier international. Il nous faut donc un cadre doté d’un vrai dispositif d’intelligence économique et stratégique… Et c’est le rôle qu’entend jouer notre organisation. En cela, j’estime que l’APPO doit, dans les années à venir, être l’une des organisations sur laquelle l’Afrique peut compter», explique Mahammad Louan Gaya, SG de l’APPO à la Tribune Afrique.

Cependant, les réalités et les besoins diffèrent d’un pays à un autre. D’où la nécessité de procéder par des réformes réglementaires et politiques au cas, aboutissant à un cadre réglementaire africain harmonisé et favorable au développement des infrastructures régionales, voire un marché pétrolier au niveau continental.

L’Afrique, qui assure 12% de la production pétrolière mondiale, dépend des importations pour couvrir ses besoins en produits pétroliers, estimés à 4% de la consommation mondiale. Le Continent qui regorge de pétrole brut de très bonne qualité l’exporte pour l’essentiel vers l’Europe et les Etats-Unis, alors que plus de 50% de produits raffinés consommés sur le Continent sont importés d’Amérique, d’Asie et d’Europe.

Sur le terrain, des initiatives en faveur d’un marché africain du pétrole émergent, notamment au Nigeria. Le pays a entrepris un projet de construction d’une méga-raffinerie, mais aussi d’un pipeline reliant le pays ouest-africain au Maroc. L’Angola a également conclu un accord avec la Zambie pour la mise en place d’un pipeline reliant les deux pays. Une démarche similaire a été adoptée par la Tanzanie et l’Ouganda.

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