La pandémie « Covid-19 » nous enseigne également comme leçon, « qu’un pays est stable que lorsque sa population est en bonne santé ». De son entrée à sa propagation sur le sol africain, les effets du coronavirus nous indiquent beaucoup d’enseignements à tirer à tous les niveaux. J’estime que les dirigeants africains tireront de cette situation drastique, les orientations nécessaires pour développer une politique sanitaire basée sur un modèle économique viable et dans la même logique, formuler des stratégies adaptées pour limiter progressivement les évacuations sanitaires qui coûtent chères au contribuable africain. A ce niveau, les plantes médicinales et le système de traitement thérapeutique traditionnel, en général, auront une place incontournable dans la recherche d’alternatives. En Afrique une bonne partie des populations malades se font soigner chez les guérisseurs de leur localité. Ces derniers utilisent la médecine traditionnelle et les patients y trouvent des remèdes éprouvés. Un investissement public massif et un accompagnement de proximité à ce secteur plein d’espérance permettront aux États africains de disposer d’atouts sûrs en matière d’accès à des soins de référence pour tous.

Il faut noter qu’en Afrique, les hauts responsables étatiques (présidents, ministres, députés, sénateurs, hauts fonctionnaires…, entre autres) ont accès à ce privilège supporté par le trésor public. Au Sénégal par exemple le coût annuel des évacuations sanitaires se chiffre à 24 milliards de francs CFA, selon Docteur Serigne Falilou SAMB de la polyclinique de Rufisque.

Ceux qui sont censés nous diriger et nous garantir des soins de qualité se dirigent vers les hôpitaux des pays étrangers pour bénéficier de meilleurs soins. Donc être autorité en Afrique doit uniquement se traduire par les privilèges qu’offrent le statut et les avantages du poste et non une réflexion ciblée sur des propositions des réponses face aux demandes croissantes des populations locales. C’est triste.

Aujourd’hui, le 14 avril 2020, tous les pays du monde ont pratiquement fermé leurs frontières pour protéger leurs peuples des risques de la maladie. Sauf cas de force majeure, le voyage entre deux pays est impossible. Cette situation peut être analysée comme suit : la demande locale d’une communauté donnée doit d’abord être satisfaite par une expertise locale en priorité. Exemple, si ma maison brule, je dois compter sur moi même pour éteindre le feu. Et l’appui du voisin doit être secondaire. Dans l’approche de développement économique de nos décideurs, quand notre maison prend feu, notre première réaction est de nous tourner vers l’extérieur pour trouver des solutions. Pourtant, nous n’avons rien fait à nos dirigeants pour mériter ce traitement irrespectueux, voir même irresponsable.

À Cotonou, au mois d’août 2019, lors d’une rencontre avec l’union islamique du Bénin, le Président TALON a saisit l’occasion pour rappeler une de ses promesses phares de campagne : “Mon programme, et je le dis haut et fort, c’est que dans quelques années nous allons interdire les évacuations sanitaires au Bénin”. Il a déploré le manque de sérieux dans le traitement des dossiers d’évacuation sanitaire qui ne profitent qu’aux riches et estime qu’il est impératif de réformer ce système. Selon le Président TALON, c’est scandaleux qu’un pays comme le Bénin consacre en coût d’évacuation sanitaire une dizaine de milliards par année pour faire plaisir à une minorité de citoyens, tan disque la majorité de la population n’a pas accès à des soins de base. Pour une somme de 1 000 francs CFA, des citoyens peuvent mourir et pendant ce temps l’État s’engage à dépenser des ressources financières importantes pour soulager la douleur de certaines personnes qu’on envoie en France, aux États Unis ou en Afrique du Sud parce qu’elles ont des maladies qu’on ne peut plus guérir” a t-il déclaré.

Le vendredi 16 mars 2018, le Président du Niger Mahamadou ISSOUFOU a également retenu une décision forte en conseil des ministres pour réduire sensiblement le nombre d’évacuations sanitaires des députés et des ministres vers les hôpitaux étrangers. Il estime que ces officiels ne feront plus l’objet d’évacuation aux frais de l’État que si les prestations concernées ne peuvent être fournies par l’hôpital général de référence de Niamey. Une décision bien accueillie par les populations car permettant à l’État d’économiser des milliards de francs CFA par année. En plus les autorités se concentrent sur la mise à disposition d’un plateau technique plus amélioré pour prendre en charge l’essentiel de pathologies des patients Nigériens.

Les deux États cités en référence, ont initié des projets ambitieux en matière de réformes de leur système de santé et la promotion de l’accès aux meilleurs soins pour un grand nombre des populations.

Cette mesure de certains pays africains de réduire le budget alloué aux évacuations sanitaires, en plus d’une volonté affichée de soutenir l’industrie médicale traditionnelle ouvrent une nouvelle ère d’émergence des territoires africains.

Par la force des choses, le coronavirus impose sa loi à la communauté internationale. Bien que les recherches médicales se poursuivent pour trouver les remèdes, pour le moment l’évacuation sanitaire de patients de l’Afrique vers les pays développés est suspendue, car les frontières sont fermés. Les hauts dirigeants éligibles à ce privilège, de même que les citoyens africains ayant les moyens de se faire soigner à l’étranger, ne peuvent plus accéder à cette possibilité pendant cette période de crise sanitaire. En cas de situation critique, tout patient africain doit se référer à une structure locale de son pays. D’où l’urgence en Afrique de provoquer entre gouvernants et acteurs concernés, des réflexions fructueuses pour nous assurer un modèle de santé acceptable, comme ça se fait dans les pays tels que le Maroc, l’Afrique du sud… etc.

Ibrahima Théo LAM

Militant engagé pour le développement de l’Afrique

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