(Agence Ecofin) – Joe Biden, le président américain joue sa première grande carte qui est celle de faire repartir efficacement la machine économique. L’Afrique est sur la trajectoire de l’onde de choc que pourrait provoquer cette politique de relance.

Le plan de relance économique de 1900 milliards $ proposé par Joe Biden (photo), le président des Etats-Unis, fera l’objet d’un examen auprès des parlementaires américains dès cette semaine.

Les nombreux soutiens qu’obtient ce projet chez les sénateurs et les députés ne laissent pas de doute qu’il a de grandes chances d’être validé et mis en œuvre. Sur cette perspective, les investisseurs de différents segments des marchés financiers américains et du monde sont déjà en train de se positionner. Cela aura des conséquences sur l’Afrique.

Le premier impact envisagé est celui du retour d’une inflation au-dessus des 2% aux USA. Cette crainte est ressentie par le mouvement sur les obligations du Trésor de référence du gouvernement américain avec une maturité de 10 ans. Leurs rendements (intérêt bonifié de la plus-value sur achat de titres) sont en hausse. Les investisseurs qui s’y étaient positionnés se protégeaient des conséquences d’une économie atone. Aujourd’hui, ils s’en débarrassent.

Si l’inflation revenait, le fait que ces obligations du Trésor apportent de très faibles rendements pourrait constituer des pertes nettes pour les investisseurs, surtout que l’objectif d’un placement financier entre autres, est celui de battre les niveaux d’inflation. Selon le Brooking Institute qui est assez prudent dans ses prévisions, le plan de Joe Biden devrait en effet augmenter la production et les salaires, deux facteurs importants d’inflation.

L’implication pour l’Afrique dans un tel scénario est double. Les investisseurs qui se retirent des obligations américaines doivent trouver de nouveaux objectifs d’investissement. Or, les bourses et autres indices américains ont connu ces derniers mois, une performance qui n’est pas en adéquation avec le rythme de reprise de l’économie. De ce point de vue, les risques d’avoir un marché boursier surévalué existent. Les seules opportunités de refuge pour les investisseurs sont les marchés obligataires des pays émergents et les matières premières.

Selon l’Institut for International Finance, l’Afrique particulièrement devrait avoir besoin de mobiliser jusqu’à 25 milliards $ sur le marché international des capitaux en 2021. L’inflation de retour aux USA pourrait accroître la demande pour les titres émis par des emprunteurs africains, et réduire les coûts d’emprunts. La Côte d’Ivoire, le Bénin, et même récemment Ecobank Nigeria ont expérimenté cela. Le Nigeria et le Kenya affichent aussi des rendements sur leurs obligations qui sont en baisse, signe de la demande des investisseurs.

Le deuxième impact déjà vécu sur l’Afrique est celui de la hausse des prix des matières premières minérales. Les pays africains producteurs d’or ont pu en 2020 tirer profit de la hausse des prix de ce métal. Mais d’autres ressources minières sont en train de gagner en valeur, comme le cuivre qui aujourd’hui est à son plus haut niveau des 11 dernières années, ou encore le fer qui continue de progresser.

Enfin, une solide reprise américaine pourrait aussi tirer les prix du pétrole vers le haut, ainsi que la demande de produits comme le caoutchouc, ou encore le cacao ; autant de produits qui sont source de revenus en devises pour le continent noir.

De bons revenus d’exportations sont souvent favorables à la relance de la consommation en Afrique. Cela peut être d’autant plus vrai que dans de nombreux pays de la région, les monnaies locales se sont dépréciées par rapport au dollar US au cours de l’année 2020. Une hausse des revenus en cette devise occasionnerait de solides gains pour les gouvernements, les entreprises et les ménages, qui sont au cœur de la performance des marchés financiers locaux.