La banque centrale marocaine, Bank al-Maghrib, a maintenu inchangé son taux directeur à 2,25% à l’issue de son premier conseil de l’année qui s’est tenu ce mardi 19 mars à Rabat. Pour 2019, la banque centrale projette une décélération de la croissance à 2,7% du PIB contre 3,1% en 2018.
L’année 2019 ne s’annonce pas sous de bons auspices pour l’économie marocaine dont la croissance continue d’évoluer en dents de scie. Après avoir projeté un rythme de 3,1% du PIB en décembre dernier, la banque centrale a revu à la baisse ses projections de croissance pour l’exercice en cours.

A l’issue de la première réunion de l’année, le Conseil de Bank al-Maghrib (BAM) a analysé l’évolution récente de la conjoncture économique et les projections macroéconomiques établies pour les huit prochains trimestres,et a estimé le taux de croissance pour 2019 à 2,7% du PIB. C’est un peu moins que les projections du Haut-commissariat au plan (HCP) qui tablait en janvier dernier sur une croissance de 2,9%, mais loin des objectifs du gouvernement qui visait les 3,2% dans la loi des finances.

En 2018, la croissance de l’économie marocaine s’est située à 3,1%, contre 4,1 % en 2017, selon les nouvelles estimations de BAM qui s’attend toutefois à ce que celle-ci retrouve un certain dynamisme dès 2020, avec des projections de l’ordre de 3,9%.

Taux directeur inchangé
A l’issue de son conseil, la banque centrale a jugé que, sur la base des évaluations, notamment celles des trajectoires à moyen terme de l’inflation, de la croissance et des comptes extérieurs, le niveau actuel du taux directeur de 2,25% reste approprié et a décidé de le maintenir inchangé. Selon le communiqué publié par l’institution que dirige Abdellatif Jouahri, l’inflation a terminé l’année 2018 avec une moyenne de 1,9%, «tirée essentiellement par celle des produits alimentaires à prix volatils», et en 2019, elle décélérerait à 0,6% avant de s’établir à 1,1% en 2020.

Le conseil a noté qu’au niveau international, «le ralentissement de l’économie mondiale se poursuit et ses perspectives restent entourées de fortes incertitudes, liées notamment aux tensions commerciales et géopolitiques, ainsi qu’aux modalités du Brexit». Au niveau national, c’est surtout la baisse de la contribution du secteur agricole qui affecterait la croissance. Selon le communiqué de la BAM, sur la base des données climatiques disponibles au 10 mars, les estimations tablent sur une production céréalière autour de 60 millions de quintaux et un recul de la valeur ajoutée agricole de 3,8%. Cette dernière devrait toutefois s’accroître de 6% en 2020, «sous l’hypothèse d’une récolte autour de 80 millions de quintaux».

L’autre indicateur qui mérite une attention particulière, c’est la situation sur le marché du travail qui a connu en 2018 et selon la banque centrale une relative amélioration en termes de création d’emplois, avec 112 000 nouveaux postes dont 65 000 dans les services. Dans l’ensemble, le taux de chômage a reculé en 2018 de 10,2% à 9,8%, même s’il reste très élevé parmi les jeunes urbains de 15 à 24 ans, atteignant 43,2% sur la même année.

Ralentissement de la consolidation budgétaire
Autre fait qui risque certainement de contrarier le gouvernement Saad Dine El Otmani, c’est le ralentissement prévu à moyen terme du processus de consolidation budgétaire, alors que l’Exécutif maintient son engagement à mettre en œuvre les réformes structurelles. Ainsi, selon les estimations de BAM, l’exécution budgétaire en 2018 s’est soldée par un creusement du déficit à 41,4 milliards de DH ou l’équivalent de 3,7% du PIB, contre un objectif de 3% retenu dans la loi des finances. A moyen terme, le déficit hors privatisation est prévu à 4,1% du PIB en 2019, avant de revenir à 3,5% du PIB en 2020.

Les données compilées par la banque centrale ont par ailleurs fait cas d’un bon comportement des autres indicateurs macroéconomiques durant le précédent exercice. C’est le cas des comptes extérieurs dont les données provisoires font ressortir une performance notable des exportations de biens qui a concerné l’ensemble des secteurs, notamment les phosphates et dérivés, la construction automobile et les produits agricoles et agroalimentaires. En parallèle, les importations ont été marquées par l’alourdissement de la facture énergétique et l’augmentation des achats de biens d’équipement.

En tenant compte de l’évolution de toutes les composantes notamment le transfert des MRE et les recettes de voyages, entre autres, le déficit du compte courant se serait creusé de 3,6% du PIB en 2017 à 5,2% en 2018, et il devrait s’alléger à 4,1% en 2019 et à 3,4% en 2020, sous l’effet notamment de la baisse prévue des importations énergétiques et de la décélération des achats de biens d’équipement.
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