En marge de l’atelier autour du thème: «Le rôle de la monnaie dans des économies comme celle du Sénégal», organisé à Saly par la Fondation Frederick Ebert (Fes) à l’intention du Collectif des Journalistes Economiques du Sénégal (COJES), M. Idrissa Yaya Diandy, maître conférence, chercheur à l’UCAD, liste les contraintes et avantages d’une monnaie unique de la CEDEAO.

« La monnaie unique comme on le sait, c’est une monnaie qui doit être mise en place normalement en 2020. Aujourd’hui les principales contraintes que sont confrontés les pays de l’UEMOA et de la CEDEAO, c’est en matière de convergence, il apparait que nos économies ne sont pas assez proches pour pouvoir aspirer à créer une monnaie unique, une zone monétaire intégrée. Parce qu’il faut savoir au niveau de la théorie de la zone monétaire optimale, pour que les pays puissent tirer profit de manière optimale d’une zone monétaire, c’est d’abord de pouvoir contrecarrer, en tout cas compenser les effets négatifs dus à la perte de l’instrument de change pour chaque pays », a laissé entendre M. Idrissa Yaya Diandy, maître conférence, chercheur à l’UCAD.

D’après le chercheur de l’UCAD, pour cela, il faut que le marché des capitaux soit assez développé et qu’il ait des marchés financiers développés mais aussi il faut que les suites économiques soient assez similaires pour faire, soient assez structurées et diversifiées pour pouvoir faire face de manière interne à des chocs.
Il estime qu’il y a aussi l’aspect commercial, donc pour pouvoir tirer partie d’une zone monétaire, il faut que les pays échangent de manière significative entre eux.

Il poursuit : « On observe que toutes ces conditions-là ne sont pas réunies aujourd’hui au niveau de la CEDEAO et de l’UEMOA. Donc les pays respecteraient difficilement les critères de convergence. Il y a des disparités énormes de revenus de développement entre les pays et tout ça-là est contraignant pour la mise en place d’une zone monétaire commune. Il faut dire qu’on n’a jamais vu dans le monde une zone monétaire intégrée qui a pu réunir tous les critères qu’impose la convergence ou bien une zone monétaire optimale. Donc tout simplement, il faut dire que c’est très difficile pour des économies hétérogènes de remplir ces critères-là. Je me dis que si jamais l’échéance était repoussée en 2030, en 2029 aussi, on serait dans les mêmes débats. En un moment donné, c’est seule une volonté politique qui pourra peut être nous permettre de sauter le pas parce que si la question monétaire est éminemment économique, reste pour ma part d’abord politique ».

M. Idrissa Yaya Diandy souligne : « Aujourd’hui, particulièrement pour les pays de l’UEMOA, cette monnaie unique-là nous permettrait de sortir par exemple du carcan du Franc CFA, on sait que déjà, on a d’énormes problèmes et des débats très passionnés par rapport à ces sorties ou non du Franc CFA, donc cette monnaie unique-là pour les pays de l’UEMOA, permettra d’avoir une politique monétaire contrôlée, intégralement par les pays qui prennent part. Un autre avantage, c’est en tout cas pour les pays de l’UEMOA, c’est la parité de change qui sera certainement plus souple par rapport aux autres devises, donc aujourd’hui, on a une monnaie au sein de l’UEMOA qui est fixe par rapport à l’Euro ».
Il souligne que si on a une monnaie qui fluctue par rapport aux autres monnaies du monde, on pourra utiliser de manière autonome notre politique de change à l’échelle communautaire. Donc, ça, c’est un avantage pour ces pays.
« Pour les autres pays, on a vu que le Nigeria et le Ghana, sont aujourd’hui soumis à des contraintes très fortes quant à la stabilité de leur monnaie. On a vu que le Nigéria a subi une dévaluation. Donc pour ces pays, un cadre intégré en termes monétaire, pourra leur permettre d’être plus résilient face aux chocs externes, donc tout ça là, c’est un avantage qu’on peut identifier comme étant lié à la monnaie unique de la CEDEAO », dira-t-il.