D’après le rapport de l’organisation de coopération et de développement économiques(Ocde) sur les  « Flux Financiers illicites : L’économie du commerce illicite en Afrique de l’Ouest », le Sénégal  figure parmi les principales plaques tournantes du transbordement de la pêche illicite non déclarée et non règlementée (Inn) en Afrique de l’Ouest.

« Pour ce qui est de la pêche Inn, l’Onudc  a identifié deux principales plaques tournantes du transbordement en Afrique de l’Ouest : l’une située dans les eaux de l’Atlantique Centre-Est autour de la Guinée et de la Guinée-Bissau, qui comprend le Cabo Verde, le Sénégal et la Gambie, et l’autre dans le golfe de Guinée, qui comprend le Ghana, le Togo, le Bénin et le Nigéria », précise le rapport.

Chalutiers internationaux et les pêcheurs, principaux responsables de la pêche illicite

« Les chalutiers internationaux et les pêcheurs qui exploitent la faible capacité réglementaire des États côtiers d’Afrique de l’Ouest sont les principaux responsables de la pêche illégale. Entre le 1 janvier 2010 et le 31 juillet 2012, la Fondation pour la Justice environnementale  a reçu 252 signalements de pêche Inn par des vaisseaux industriels dans les zones côtières. Les pêcheurs Inn  commerciaux opèrent sous des pavillons de complaisance ou des identités multiples pour éviter d’être détectés. Les transbordements entre chalutiers sont courants, soulignant le niveau élevé d’organisation de l’industrie illicite. Il existe également des preuves de collusion entre les pêcheurs Inn  locaux et les acteurs internationaux. Les vaisseaux impliqués dans la pêche industrielle illégale en Afrique de l’Ouest proviennent principalement de la Corée, de la Chine et d’autres pays asiatiques », note le rapport.

D’après la source, le manque de transparence et la corruption dans certains pays côtiers favorisent considérablement la pêche Inn. Les informations sur le nombre de permis accordés par les gouvernements et vendus à des navires de pêche commerciale étrangers ou battant un pavillon national sont considérées comme confidentielles. Cependant, il existe des cas avérés de permis falsifiés, ainsi que de complicité de la part de hauts fonctionnaires permettant la pêche Inn.

« L’Écorégion Marine Ouest Africaine est une des zones de pêche les plus abondantes au monde. Le secteur de la pêche emploie environ 1.5 million de personnes et représente 15-17 % du PIB et 25-30% des revenus de l’exploration de l’Écorégion Marine Ouest Africaine (Pnud, 2012). L’industrie de la pêche fournirait aux pays comme la Mauritanie, le Sénégal, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Ghana, le Libéria et la Sierra Leone 4.9 milliards Usd  par an (Banque mondiale, 2013). Les estimations des pertes provenant de la pêche Inn s’échelonnent de 1.3 milliard Usd  à 23.5 milliards Usd par an », note la source.

Et le rapport de préciser de préciser : « La pêche Inn a un triple impact sur l’Afrique de l’Ouest. D’abord, elle produit des pertes financières directes pour l’économie. Ensuite, elle a un impact indirect – mais plus dévastateur sur les communautés pour lesquelles la pêche constitue un moyen de survie. Enfin, la pêche Inn  joue un rôle secondaire dans d’autres opérations criminelles : les vaisseaux de pêche sont couramment utilisés pour trafiquer des drogues, des migrants et des armes, ainsi que pour accomplir des actes terroristes ».