Des cotisations en ligne, via le mobile monnaie, mais aussi des micro-prêts et des produits d’assurance : c’est ce que propose la fintech lancée en 2016 au Sénégal par le Nigérian Bernie Akporiaye.

Le 29 août, la start-up sénégalaise MaTontine a reçu 5 000 dollars du MIT Legatum Center et de la fondation Mastercard dans le cadre du prix Zambezi pour l’innovation dans le domaine de l’inclusion financière remis à Nairobi, au Kenya, lors de l’Open Mic Africa Summit.

MaTontine était la seule entreprise francophone à figurer parmi les dix finalistes pour ce prix, ce qui attriste un peu son fondateur, Bernie Akporiaye. « Bien sûr qu’on est heureux d’avoir été retenus, mais en même temps, on ne peut que regretter l’absence des francophones dans ce genre de concours. Il faut dire que le seul fait de devoir remplir un dossier de candidature en anglais complique la tâche des entrepreneurs de cette zone. De plus, les mécanismes de régulation compliqués qui existent en Afrique francophone font un peu peur aux organismes internationaux, qui ont vite fait de juger peu attractives les entreprises qui y opèrent », confie-t-il.

« JE VOULAIS ÊTRE DE CEUX QUI CONSTRUISENT LE FUTUR DU CONTINENT »

Pour lui, postuler en anglais n’a pas été particulièrement contraignant : né au Nigeria en 1967, Bernie Akporiaye a grandi et étudié au Royaume-Uni, où il a décroché un master d’informatique de l’University of Strathclyde (Écosse) et a travaillé quatre aux États-Unis, dans le secteur des logiciels financiers, avant d’emménager à Dakar, en 2010, après son mariage avec une Sénégalaise.

2017, année blanche

Bernie a ensuite décidé de rester : « Vivre en Afrique correspondait aussi à un projet personnel. Je voulais être de ceux qui construisent le futur du continent », explique-t-il. La découverte du système traditionnel de tontines lui en donne la voie : « Les taux de défaut de paiement n’y sont que de 1 % à 2 % : les Africains se comportent très bien en matière financière. Pourtant, ils n’en sont pas récompensés par des crédits et des produits financiers accessibles« , constate-t-il.

En 2014, il décide donc de lancer une plateforme digitale proposant un système numérique de tontine ainsi que différents services de prêts et d’assurance. Les statuts de MaTontine sont déposés en 2015, et les activités démarrent en 2016. « Ça été une année de test, car on se demandait si les plus pauvres, qui constituaient notre cible principale, allaient adhérer à notre système et rembourser. En fait, on a eu 0% de défaut ! » relate-t-il.

Malgré ces débuts encourageants, les activités de MaTontine sont bloquées pendant toute l’année 2017 par décision du gouvernement. « Il y a un problème de régulation pour les fintechs, qui ne peuvent pas être assimilées aux banques ni aux institutions de microfinance », explique Bernie Akporiaye. La solution est trouvée grâce à un partenariat conclu avec Cofina en novembre 2017 et revu en août 2018 « avec des conditions bien plus avantageuses pour MaTontine », souligne l’entrepreneur.

Source: Jeune Afrique