Après Kigali l’année dernière, c’est à Rabat que l’Association des compagnies aériennes a tenu sa 50ème assemblée générale ces 26 et 27 novembre. Au cœur des échanges : le marché unique du transport aérien africain (MUTAA). Selon l’Organisation, le Continent est en train de concrétiser l’Open Sky, cependant près d’une trentaine de pays sont encore attendus et parmi eux, quelques importants acteurs.
« Les compagnies non africaines continuent à s’accaparer l’essentiel du trafic du continent au moment où les transporteurs africains sont pénalisés par l’imposition réciproque de contraintes d’exploitation dans le cadre d’accords bilatéraux restrictifs ». C’est une sorte d’appel à poursuivre l’action pour la mise en œuvre effective du marché unique de transport aérien africain (MUTAA) qu’a lancé Abdelhamid Addou, président de l’Association africaine des compagnies aériennes (AFRAA) et PDG de Royal Air Maroc, hier, lundi, à l’inauguration de la 50ème assemblée générale de l’AFRAA qui s’est tenue ces 26 et 27 novembre à Rabat.
Réunissant dirigeants de compagnies aériennes, hauts responsables d’organisations professionnelles de l’aviation africaine, autorités de l’aviation civile, sociétés d’aéroports, prestataires de services de navigation aérienne, fabricants de composants et autres fournisseurs de services, l’événement -qui place l’Open Sky africain au centre des échanges- est l’occasion pour les parties prenantes d’examiner de fond en comble le MUTAA et discuter de ce qui reste encore à faire pour obtenir l’aval de tous les pays.
Lancé le 28 janvier 2018 à Addis Abeba par la Commission de l’Union africaine (UA), Le MUTAA est un projet phare de l’Agenda 2063 de l’Organisation panafricaine qui vise à créer un seul marché unifié du transport aérien sur le Continent, à libéraliser l’aviation civile et impulser l’intégration économique. Jusqu’en juin dernier, 26 pays sur 54 y avaient adhéré, avec en première ligne les majors du transport aérien sur le Continent à savoir, l’Afrique du Sud, l’Ethiopie ou encore le Kenya.
Mise en place sur la base des principes de la Décision de Yamoussoukro, la libéralisation du ciel africain permettra non seulement d’accroître la connectivité aérienne, mais aussi d’améliorer les tarifs. Ce dernier point étant l’un des plus gros freins au développement de l’industrie du voyage en Afrique. Une plus grande activité du secteur aérien boostera également sa contribution aux objectifs de développement du Continent, notamment en termes de croissance économique, de création d’emplois et d’intégration régionale.
28 pays encore attendus
Abdelhamid Addou s’est félicité de l’avancée d’un dossier qui, alors qu’« il y a quelques années, […] était encore au stade de vision et de projet », avance vers sa concrétisation. Laquelle nécessite pour être complète l’adhésion des 28 autres pays du Continent.
Quels freins pour ces pays ? Quelques pays majeurs dans le transport aérien africain n’ont également pas encore rejoint le MUTAA. C’est le cas notamment du Maroc qui examine encore les conséquences que pourrait avoir l’Open Sky sur son activité. En effet, la compagnie nationale Royal Air Maroc, qui garde actuellement le monopole sur la majorité de ses lignes directes vers le reste de l’Afrique, devrait faire face à la concurrence, puisque que le MUTAA donnera le droit aux autres compagnies du Continent de desservir les lignes vers le royaume chérifien. Des pays comme Maurice ou encore la Tunisie, qui sont également très actifs dans la région traînent encore le pas.
Au Sud du Sahara, le Sénégal aussi est attendu. Le pays qui a récemment lancé une nouvelle compagnie aérienne l’an dernier, tente de refaire surface dans le secteur, ambitionnant même de devenir un hub sous-régional en Afrique de l’Ouest.
Au-delà de l’adhésion des pays, à l’AFRAA, on plaide également pour une amélioration des infrastructures aéroportuaires, en vue de faciliter l’activités des compagnies aériennes.
*Liste des pays membres de la MUTAA à ce jour : Bénin, Botswana, Burkina Faso, Cap-Vert, Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon, Ghana, Guinée, Kenya, Liberia, Mali, Mozambique, Niger, Nigeria, Rwanda, Sierra Leone, Afrique du Sud, Swaziland, Togo, Zimbabwe, Gambie, République centrafricaine et Tchad.
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