Bien que les Bourses de l’Asie du Sud-Est, favorisées par le fuseau horaire, aient enregistré de légers rebonds, l’inquiétude demeure sur les marchés. La séance boursière du mardi 10 mars sera décisive. « Soit la peur prend le dessus et c’est le plongeon amplifié par les paris de toute nature, soit la raison guidée par l’intérêt reprend la main pour limiter la casse », explique ce trader marocain, persuadé que l’absence des marchés à termes et la faible profondeur des Bourses africaines constituent un brise-vent, un parachoc contre ce qu’il appelle le vent du coronavirus ». D’autres relèvent une contagion de la vague baissière mondiale qui va toucher les Bourses africaines les plus avancées, c’est à dire celles qui sont les plus connectées au reste du monde.

En attendant, le cygne noir (choc extérieur imprévisible sur le marché financier) continue de planer. Après un lundi noir qui a vu une suspension des transactions américaines pendant un quart d’heure, les autorités activant les coupe-circuits mis en place après la crise financière de 2008-2009, Wall Street a perdu 7,99% et le Nasdaq environ 7,29% dans un mouvement de panique sans précédent depuis décembre 2008.

Face à un tel effondrement, bien malin sera celui qui accordera au continent africain une assurance multi-risques. Cela d’autant que l’indice composite de la Bourse de Casablanca (le MASI) a perdu 5% sur la séance du lundi, celle du mardi démarrant toutefois avec un rebond de 3% à l’ouverture. Entre vendredi et lundi, Casablanca a effacé 50 milliards de dirhams (5 milliards de dollars), de capitalisation, revenant à 10 806 points, à cause, expliquent les analystes, de ventes massives d’OPCVM et d’investisseurs étrangers. A une heure de Casablanca, la Bourse de Tunis a résisté vaillamment pour abandonner 1,47% dans une séance attentiste. Plus à l’Est, le principal indice de la Bourse égyptienne, l’EGX30, a chuté d’environ 7% à 11 000 points, le niveau le plus bas en près de trois ans.

En Afrique du Sud, Les actions de la Johannesburg Stock Exchange (JSE) ont plongé à un creux de plus de quatre ans lundi, rejoignant une vague mondiale entrainée par l’effondrement du prix de pétrole. L’action de la société chimique et énergétique Sasol a perdu près de 50% de sa valeur. Bien loin de ce climat d’apocalypse, Abidjan (BRVM-composite) a tenu bon, perdant 0,5% sur la séance du lundi.

A noter que la Réserve fédérale (Fed) vient d’annoncer une baisse des taux d’intérêt américains de 50 points de base, ramenant l’objectif de taux des « fed funds » entre 1% et 1,25%, ce qui risque de provoquer un désengagement d’une certaine catégorie d’investisseurs des marchés développés vers les émergents et…l’Afrique.

L’effondrement des cours du pétrole, ramenés à 33 dollars alors qu’un grand pays exportateur du brut comme le Nigeria tablait sur un baril à 57 dollars dans son budget 2020 aura des conséquences sur la situation des pays pétroliers déjà convalescents s’agissant de la zone CEMAC. A long terme, la tendance baissière limitera les investissements dans l’exploration et l’exploitation des champs nouveaux.