La troisième édition du sommet annuel Women in Africa se tient à Marrakech ces 27 et 28 juin sous le thème : « Comment les femmes africaines engagent le monde et créent un nouveau paradigme ». Il y est question d’empowerment, de leadership, d’expertise, de finance inclusive et de digital dans un contexte où le numérique devient incontournable, mais aussi et surtout de montrer au monde les réalisations des Africaines dans les économies. Les détails.
Ehiaghe Aigiomawu est fondateur et CEO de Vesicash, une plateforme digitale qui a pour but de renforcer la transparence des transactions d’e-commerce. Basée à Lagos, cette structure fait l’intermédiaire entre le vendeur et l’acheteur. La technologie mise en place vérifie l’identité et la fiabilité des parties prenantes, s’assure de la validation de part et d’autre des termes du contrat d’achat/vente, conserve le paiement en toute sécurité et ne débourse les fonds qu’une fois les conditions remplies, tout en fournissant un mécanisme de résolution des litiges en 72 heures maximum.

Aigiomawu est l’une des révélations de la promotion 2019 du WIA 54, le programme de Women In Africa pour outiller et mieux valoriser les innovations des entrepreneures africaines. Autant de projets sont à découvrir lors de cette troisième édition du sommet Women In Africa qui se tient ces 27 et 28 juin à Marrakech sous le thème : « Comment les femmes africaines engagent le monde et créent un nouveau paradigme », en présence 500 participants venus de 80 pays, dont 53 africains.

Pour la présidente de l’initiative Women In Africa, Hafsat Abiola, l’entrepreneuriat des femmes est comme un catalyseur, capable de propager une nouvelle narration du Continent à travers le monde. C’est d’ailleurs ce qui explique le choix des sujets traités au cours de cette édition tels que les relations économiques de l’Afrique avec l’Europe, l’Asie et l’Amérique.

« Pourquoi allons-nous toujours attendre que le monde nous aide, nous devons prendre les choses en main pour montrer au monde combien nous sommes brillants et raconter nous-même notre propre histoire, mettre en lumière les choses exceptionnelles qui sont réalisées sur le Continent par les femmes », déclare à La Tribune Afrique Hafsat Abiola, qui a fait de la cérémonie d’ouverture de ce sommet un moment riche en émotion en honorant les femmes de divers pays pour leur contribution au développement économique entre autres.

« Pour ceux de notre génération -les millennials- et ceux issus de la génération Y, qui sont nés avant internet et qui ont vécu la naissance de cet outil, nous avons désormais la possibilité de mieux comprendre notre Continent », confie à La Tribune Afrique Edith Brou, influenceuse tech ivoirienne habituée du WIA Summit, CEO de Africa Contents Group et fondatrice de BuzzyAfrica.com. « De plus, nos échanges permanents avec la diaspora ouvrent de nouveau horizons pour la jeunesse africaine créative, laquelle démontre alors désormais aux yeux de tous que l’Afrique n’est pas essentiellement liée à la famine, les maladies, ou au besoin permanent d’aide extérieure, mais que les Africains sont vraiment des individus compétents, des femmes compétentes, capables de créer de la richesse ».

Cette diaspora, particulièrement celle des Etats-Unis est présente en force à cette rencontre des femmes d’affaires africaines. A l’unanimité, elles ont déploré l’image de l’Afrique véhiculée par les médias et cultivée par les entreprises de ce côté de la planète, jetant de l’ombre sur les réussites du Continent et surtout sur ses progrès. La Camerounaise Rebecca Enonchong, patronne d’AppsTech, a notamment déploré que certaines multinationales s’arrogent le titre d’entreprise mondiale, alors qu’elles de disposent pas de filiale en Afrique :

« Si une entreprise n’est pas en Afrique et qu’elles est sur les autres continents, elle est une entreprise internationale et non mondiale ».

Et Obi Ezekweli, co-fondatrice de la campagne #BringBackOurGirls de renchérir : « L’Afrique n’est pas un cas humanitaire, mais une affaire de business. Et ceux qui ne le comprendrons pas, louperont l’opportunité que représente notre Continent ».

« La puissance du digital »
Le numérique est également au cœur des discussions du WIA Summit 2019. Les participants évoquent même « la puissance du digital pour l’évolution économique du Continent », lequel permettrait de réaliser un leapfrog important. « Il faut arrêter de considérer le digital comme un domaine à part. C’est une partie intégrante de toutes les activités de l’entreprise », a déclaré Bruno Mettling, président Afrique du groupe Orange. Selon Laura Kakon, directrice marketing monde de Honoris United Universities, c’est l’une des raisons pour laquelle le digital a été intégré aux formations dispensées en amont du sommet aux entrepreneures du programme WIA 54. « Chaque année, nous organisons le bootcamp sur la base du bilan de l’année précédente. C’est ainsi que le bootcamp de cette année a été enrichie par de nouvelles formations et même sa structure a été revue », explique-t-elle à La Tribune Afrique.

Pour l’équipe du WIA Initiative, les projets technologiques sont ceux qui, outre les retombées financières qu’ils peuvent engrangées, accéléreront le développement du Continent. Bien que l’entrepreneuriat social soit très répandu et apprécié à sa juste valeur, les femmes sont invitées de plus en plus à penser solution numérique, un peu comme l’exemple de Ehiaghe Aigiomawu au travers de sa startup Vesicash.

D’autres thématiques incontournables telles que le finance inclusive, l’éducation, l’environnement sont à l’ordre du jour de rencontre qui se veut essentiellement économique, comme a tenu à le préciser Aude de Thuin, la fondatrice. Clôturée ce vendredi soir, le WIA saisira également l’occasion pour remettre le prix de l’homme africain de l’année à une personnalité du monde des affaires, qui se démarque dans son engagement à promouvoir les femmes dans les paysage socio-économique du Continent.
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