Lauréates du prix Sprint 2018 -du réseau éponyme lancé à l’initiative de la Région Île-de-France et d’INCO- dans leurs pays respectifs, ces startups ont en commun l’efficience économique et l’impact social et environnemental. L’une d’entre elles se verra aussi attribuer le prix Afrique lors de l’édition 2018 de l’événement «#10000 startups» organisé par «La Tribune» le 9 avril prochain à Paris. Immersion au cœur de l’innovation africaine et d’ailleurs portée par de jeunes talents aussi motivés qu’ambitieux.

Goutra Smart-Robinets (fondateur : Mustapha Lakhdari)

Goutra est une stratup spécialisée dans le développement des systèmes embarqués (solutions software/hardware). Son produit phare est un système de télémesures des consommations d’eau basé sur un dispositif électromécanique. Ce dispositif s’adapte à la sortie de tous types de robinets pour le rendre «intelligent», afin d’assurer la télémesure et l’affichage de la consommation d’eau en temps réel sur chaque source d’eau. Pour chaque utilisation de robinet, le dispositif envoi à travers un réseau sans-fil (Zigbee) les mesures de consommations à un appareil de stockage qui collecte les données. Les données stockées sont ensuite traitées et analysées par une plateforme d’analyse pour fournir à l’utilisateur un rapport détaillé sur sa consommation, incluant statistiques et conseils afin de se rapprocher d’une consommation idéale. Cette technologie brevetée s’adapte à plusieurs usages allant du domestique à l’industriel en passant par l’agriculture. En outre, l’analyse des données relatives à la consommation de plusieurs utilisateurs permettra de connaitre les consommations de chacun, selon l’heure de l’utilisation du robinet, et ainsi définir les consommateurs excessifs.
IFarming : l’agriculture 3.0 (co-fondatrice : Rabeb Fersi)
IFarming est une Startup fondée en 2017, pionnière dans le domaine de l’agriculture intelligente ou «Smart Agriculture» en Tunisie. Elle est spécialisée dans l’édition et la conception des applications web et mobiles pour l’agriculture, l’agroalimentaire et l’environnement. 2 solutions sont mises en avant par la jeune pousse : Phyt’Eau, une plateforme innovante rassemblant l’agriculture et l’IoT (l’Internet des objets) pour la gestion de l’irrigation en temps réel. Phyt’Eau est une solution qui permet la prédiction des doses d’irrigation. La seconde plateforme interactive, SENYA, est destinée à la planification, la gestion et le suivi de toutes les activités de production durant la campagne agricole, ainsi que l’assistance technique et scientifique de proximité assurée par des experts de la startup. Les solutions d’IFarming permettent la préservation des ressources hydriques qui deviennent de plus en plus rares avec le dérèglement climatique, la rationalisation des apports en intrants agricoles (pesticides, engrais,…) pour une agriculture durable et respectueuse de l’environnement. In fine, elles permettent un support pour les investissements agricoles : diminution des coûts de production agricole (énergie, intrants,…) et par conséquent l’augmentation du revenu, tout en contribuant à l’amélioration de la qualité des productions agricoles offrant des possibilités de toucher de nouveaux marchés.
Daral Technologies : l’élevage connecté (fondateur : Amadou Sow)
La valorisation et protection de l’élevage local et de son potentiel économique sont des enjeux cruciaux pour le développement d’une économie verte et durable au Sénégal. La peste équine et le vol de bétail ont beaucoup coûté aux petits éleveurs, ainsi qu’aux économies locales. Il n’existe également pas de statistiques sur le secteur de l’élevage au Sénégal. En mettant les TIC à la portée des éleveurs sénégalais, Amadou Sow a trouvé un moyen adapté aux réalités sociales et économiques locales afin de lutter contre ces problématiques et pérenniser l’impact économique et environnemental des petits éleveurs locaux. La startup s’adresse tant aux éleveurs qu’aux pouvoirs publics, développe un système encore inexistant au Sénégal, valorise l’activité des petits éleveurs et diffuse des actions préventives en zone rurale. Daral Technologies propose un système d’identification et de traçabilité du bétail prenant la forme d’une plateforme web et d’une application mobile connectée à une base de données centrale. Ce système permet aux éleveurs d’échanger par SMS, directement avec vétérinaires, éleveurs, et autorités publiques, et leur offre un système d’alerte et d’identification ayant pour but de réduire les maladies animales, éviter l’arrêt de leur activité et de l’écosystème dans lequel ils évoluent, et la dégradation environnementale. La plateforme est également un support de formation et de sensibilisation des éleveurs. Daral Technologies propose une solution réplicable sur l’ensemble du territoire sénégalais et même au-delà.
HERi : des «oasis» énergétiques en milieu rural (DGA : Ando Randriamalalaharison)
L’entreprise HERi entend jouer un rôle dans le développement économique et social des communautés rurales de Madagascar en leur fournissant un accès à des produits et services énergétiques innovants. Créée en 2012, HERi a développé un réseau de kiosques énergétiques, qui font désormais partie du paysage. Les kiosques sont des centres de production d’électricité et de fourniture de services énergétiques. Il s’agit d’un modèle de pré-électrification qui centralise une production d’énergie au niveau d’un kiosque à proximité des centres de vie locaux. Le système nécessite que les consommateurs se déplacent jusqu’au kiosque pour bénéficier des services. L’innovation du concept réside essentiellement dans le modèle de distribution de l’électricité et des services électriques, dont l’objectif commun est d’atteindre la majorité de la population locale et en particulier la population la plus vulnérable. Les kiosques énergétiques sont équipés d’un solaire photovoltaïque (PV) d’une capacité qui varie entre 1 et 3 kW en fonction de la taille des villages, de la demande et des services fournis. Ainsi, c’est plus de 200 kW d’énergie solaire qui ont été installés à travers le pays depuis la création de HERi Madagascar en 2012, ce qui fait probablement de la société l’un des principaux fournisseurs d’énergie solaire dans le pays. Simple et intuitif, il est calqué sur les modèles «plug-and-play» permettant d’alimenter un large portfolio d’appareils électriques. Le système comporte entre deux et quatre batteries pour le stockage de l’énergie, un régulateur de charge et un convertisseur, avec des branchements en courant continu et alternatif.
HERi est aujourd’hui un réseau de 105 kiosques répartis dans 9 régions du pays qui permet de fournir un accès à des solutions d’éclairage propres, fiables et économiques à plus de 35,000 familles par jour. L’entreprise a notamment développé un système innovant de location de lampes solaires qui sont chargées dans les kiosques pendant la journée et distribuées aux clients avant la tombée de la nuit. Les kiosques sont gérés par des entrepreneurs franchisés, essentiellement des femmes. L’entreprise à caractère social entend atteindre 150 kiosques et 75,000 clients par jour d’ici juin 2018. Sur le long terme, HERi a pour objectif de toucher 200,000 familles et ainsi d’apporter la lumière à plus d’un million de personnes à Madagascar.
Biodome : vos poubelles valent de l’or (fondatrice : Fatima-zahra Beraich)
«Nos solutions contribuent directement à la réduction des dépenses de l’Etat sur la collecte des déchets, et seront des outils écologiques et rentables», indique la fondatrice de Biodome. Le composteur développé par la startup marocaine s’adresse aux grands producteurs de résidus alimentaires, tels que les cantines des écoles, les zones industrielles, les hôpitaux, les restaurants, les hôtels, les industries… Quant à son unité de biogaz, elle vise la population rurale, notamment les agriculteurs, éleveurs, coopératives agricoles, grands exploitants et leur permet une source d’énergie locale, une indépendance énergétique, ainsi qu’une source de fertilisants bio et de haute qualité agronomique. Selon l’entrepreneure derrière le projet, Biodome contribuera à la réduction d’une fraction des déchets ménagers qui dépassent 70% en poids des poubelles et qui coûtent plus de 400 dirhams la tonne en frais de collecte et d’enfouissement. Son impact environnemental porte sur plusieurs aspects : valorisation et réduction des émissions de gaz à effet de serre, alternative à l’utilisation d’engrais chimiques et de pesticides, une meilleure aptitude des sols à la rétention d’eau et à la résistance à l’érosion grâce au compost.
Cette solution durable intègre la problématique des déchets depuis l’amont, au moment où un produit peut potentiellement devenir un déchet, jusqu’à l’aval, soit le traitement du déchet à proprement dit. Elle propose donc des outils qui permettent de jeter moins, de «jeter mieux». L’innovation profonde de cette startup porte sur la construction des prototypes, qui permettent de suivre les paramètres physiques de la décomposition optimale des déchets, et surtout sur la détermination d’un mélange de souches bactériennes qui pourraient être les plus efficaces pour réaliser la dégradation de la matière.
Vermimart : la magie du ver de terre (fondateur : Serge Assui Wa N’Dah Kouakou)
Vermimart s’attaque au problème de l’utilisation de pesticides dans les exploitations agricoles et de leurs effets sur la qualité des produits et l’environnement. Les activités agricoles utilisant les pesticides entraînent la production de 14% des gaz à effets de serre anthropiques, et 18% du dioxyde de carbone atmosphérique proviendrait de l’érosion des sols ou des méthodes agricoles mécanisées. Vermimart propose une réponse à cette problématique environnementale grâce au développement d’une technique de valorisation des bio-déchets et de production d’un engrais biologique. La technique du lombricompostage, c’est-à-dire l’utilisation des vers de terre dans la transformation des déchets en engrais, permet de proposer une alternative écologique aux engrais nocifs pour l’environnement (engrais chimiques et fumiers bruts). La technique du lombricompostage permet de piéger le carbone grâce au processus de fixation du carbone dans la matière organique du sol, réduit la production de méthane, et retient davantage d’azote. Les bénéficiaires directs du projet sont les agriculteurs, les coopératives, les grandes sociétés de production, les pépiniéristes, les horticulteurs, les associations de quartier pour la vente des poubelles «lombricomposteur», et les consommateurs.
Le lombricompostage est issu d’une technique vieille de plus de quarante ans qui consiste à faire passer la matière organique à travers le tube digestif d’un vers de terre. La startup innove grâce aux techniques de vermiremédiation des sols (bio-remédiation des sols permettant d’éliminer les contaminants chimiques des terres), de vermifiltration (les vers de terre traitent les eaux usées des communes et industries), et de vermi-agroproduction (le lombricompost restaure et améliore la fertilité du sol afin de produire des aliments sains et sans produits chimiques).
Moulinot : les restos prennent en main leurs déchets (fondateur : Stephan Martinez)
Créée en 2013, Moulinot Compost et Biogaz développe une offre de service complète pour le secteur de la restauration basée sur l’accompagnement à la mise en place du tri à la source des bio-déchets, leur collecte dans des bacs, la garantie de leur traitement par méthanisation ou compostage, et enfin des missions de conseil sur le déploiement d’une collecte et du traitement des bio-déchets. Moulinot promeut le développement durable et les énergies propres en valorisant les déchets organiques des restaurateurs pour les transformer en énergie ou en engrais.
L’entreprise a mis en place un système de collecte au cœur des villes, particulièrement innovant, grâce aux outils mis à disposition des clients et à la logistique de la collecte. En particulier, Moulinot offre des bacs de collecte spécifiques aux bio-déchets, brevetés par la société Henkel, et dont la société a l’exclusivité de la distribution en France. L’entreprise a également mis en place un système de pesée embarquée, qui en fait l’unique prestataire disposant du système qui permet la tarification au poids, la plus équitable. Des services en ligne ont été développés afin de permettre au client un suivi en temps réel de ses déchets et une traçabilité.
CyclingCircle : le vélo au-delà du loisir (fondateur Upcycling : Karim Sokhn)
En tant que cycliste passionné, Karim a toujours rêvé que Beyrouth puisse devenir une ville adaptée à la mobilité à vélo, et où le vélo pourrait effectivement devenir le premier mode de transport. Avec des problèmes croissants en matière de mobilité au Liban, et le besoin de plus en plus vital de passer à des modes de transport alternatifs, il a progressivement commencé à développer des projets de services de mobilité à vélo, ayant vocation à encourager les citoyens à se tourner vers l’usage du vélo dans la ville. Le projet CyclingCircle a d’abord démarré en tant qu’activité touristique proposant des tours organisés dans la ville et dans la campagne. Karim avait la conviction qu’en se concentrant sur l’aspect santé et amusement du vélo, et en proposant des activités de cyclisme encadrées, cela inciterait les gens à s’intéresser au vélo dans un premier temps dans le cadre du loisir, pour finalement l’adopter pour leurs déplacements quotidiens. Après deux ans d’activité, CyclingCircle a progressivement évolué pour devenir une entreprise visant véritablement à améliorer la mobilité urbaine et à encourager un tourisme rural à vélo au Liban.
En 2017, Karim a lancé The Bike Kitchen-Beirut, une boutique de vélos qui propose des services «dans une ambiance aussi chaleureuse que professionnelle», notamment des cours à destination des personnes souhaitant apprendre à utiliser leur vélo de façon sécurisée et adaptée en ville pour leurs déplacements quotidiens. Il a également mis en place deux points de location de vélos à destination des touristes, au cœur de deux zones rurales touristiques : Aammiq et Bkassine.
(Source : https://afrique.latribune.fr)