Alors que le potentiel solaire de l’Afrique est gigantesque, force est de constater que cette énergie renouvelable est encore très largement sous-exploitée sur le continent. Pourtant, plusieurs chantiers importants sont désormais inaugurés chaque année. Un mouvement qui pourrait bien se muer en véritable révolution solaire.
Contrairement aux pays développés, et à l’exception de l’Afrique du Sud et des Etats du nord du continent, l’Afrique fait face, en matière énergétique, non pas à un, mais à deux défis majeurs : l’accès à l’électricité pour tous et la transition énergétique. Sur une population totale d’un peu plus de 1,2 milliard d’habitants, 645 millions -soit plus de la moitié- n’ont aujourd’hui toujours pas accès à l’électricité. Si rien n’est fait, la situation s’aggravera, puisqu’il est attendu que les Africains seront deux fois plus nombreux en 2050, soit 2,5 milliards de personnes.

Par ailleurs, « pomper de l’eau douce, faire fonctionner des dispensaires médicaux, permettre aux écoliers de faire leurs devoirs le soir ou d’avoir accès à Internet : aucun développement économique ou humain n’est possible sans énergie », précise une note récente de l’Institut Montaigne. Mais alors, comment produire plus d’énergie, tout en étant globalement moins polluant ? En misant sur l’électricité, qui possède l’immense avantage de pouvoir être produite à partir de sources renouvelables. Et en particulier le soleil. « L’énergie solaire photovoltaïque représente une solution prometteuse, car elle permet un déploiement rapide, à très grande échelle, d’une énergie décarbonée et économiquement accessible », détaille la même note.

Pour autant, la puissance globale des centrales solaires effectivement installées en Afrique est encore modeste. « A ce jour, seule une dizaine de centrales solaires de plus de 5 MW ont été raccordées au réseau dans toute l’Afrique subsaharienne -hors Afrique du Sud-, donc quatre pour le seul Sénégal ». Au total, pour l’ensemble du continent, ces installations solaires ne représentaient, en 2017, qu’une capacité de production de 4,15 GW. Une situation qui est en train de changer.

Des projets de plus en plus ambitieux
L’Afrique possède un potentiel solaire exceptionnel. Le temps d’ensoleillement compte parmi les plus élevés de la planète, avec environ 3 000 heures par an. Les réserves théoriquement disponibles et exploitables ont été évaluées à près de 60 millions de TWh/an, ce qui place l’Afrique loin devant l’Asie (37,5 millions de TWh/an) ou encore l’Europe (3 millions de TWh/an). Le continent détiendrait au total plus de 40% du potentiel solaire mondial -essentiellement dans les pays africains qui font partie de la global sun belt, la ceinture solaire de la Terre-, un réservoir qui est en mesure d’en faire le continent leader en matière de production d’énergie solaire dans les décennies à venir.

Sont particulièrement concernés des pays comme l’Égypte, le Maroc, le Mali, le Niger, le Tchad, la Namibie, ou encore l’Afrique du Sud. C’est logiquement dans ces pays que l’on retrouve les plus grandes infrastructures nouvellement inaugurées, comme le parc solaire Noor, au Maroc, dont la puissance actuelle (160 MW) va être portée à 580 MW. On peut également évoquer Senergy 2, au Sénégal, dont les 20 MW permettent d’alimenter plus de 200 000 foyers. En Afrique du Sud, la société Engie vient par ailleurs d’inaugurer l’exploitation commerciale de la ferme solaire à concentration de Kathu -100 MW-, qui fournit de l’électricité à 180 000 habitants.

D’autres sont en projet dans ces pays, mais également au Niger, au Kenya, en Zambie, au Burkina Faso… A Benban, en Egypte, la plus grande centrale solaire au monde -37 km²- doit être inaugurée avant la fin de l’année. Dans le même ordre de grandeur, l’Éthiopie a lancé un appel d’offres d’un montant de 800 millions de dollars -soit 710 millions d’euros- pour six grands projets de centrales solaires. Et en Côte d’Ivoire, c’est le projet de la première centrale solaire flottante d’Afrique qui a vu le jour. Et au-delà de ces grands projets, l’Afrique investit aujourd’hui massivement dans les kits solaires off-grid, la solution idéale pour amener facilement l’électricité là où elle n’est pas disponible, tout en misant sur une énergie verte.

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