Exemple de quotidien d’une femme rurale Y :

Dernière à se coucher, elle est aussi la première debout, bien avant l’aurore. Son planning est régi par trois domaines principaux, qui s’enchaînent au fil de la journée.

Il y a d’abord le travail à la maison, avec le puisage de l’eau pour les besoins quotidiens de la famille, la préparation des repas pour toute la famille, les petits soins aux enfants (les réveiller, les laver, les habiller, les faire manger, les éduquer, les surveiller, etc.) ; le cas échéant, il y a aussi les soins aux parents âgés ou malades, la propreté du domicile (petit bricolage, lessive de toute la famille, etc.). Dès le travail de la maison terminé, elle va aux champs, seule ou accompagnée de son mari ou de ses enfants. Dans certains cas, avant de partir, la femme a déjà préparé le déjeuner du midi : ainsi, elle peut soit aller aux champs et revenir, ou partir aux champs avec le repas. Aux champs ou à la ferme, notre ménagère sera occupée toute la journée à désherber, faire des semis, cueillir, débroussailler, soigner les animaux (nettoyage de leurs aires, alimentation, etc.), recueillir du fumier pour les plantes.

Chers présidents des pays d’Afrique,

La femme rurale établit un planning séquencé composé de tâches réelles pour atteindre ses objectifs au quotidien. L’analyse de ses actions au jour le jour prouve que la survie de l’Homme dépend de son engagement et de sa capacité d’initiative. Elle travaille sans relâche, de façon désintéressée pour subvenir aux besoins de la collectivité. Elle ne dispose pas de palais, ni de conditions confortables pour répondre aux défis qui s’imposent à son environnement.

Analyse du quotidien d’un exemple de femme rurale Y :

Le travail de la femme rurale nécessite une technicité certaine dans l’accomplissement de chaque tâche, où il n’y a pas de place pour l’improvisation ou le bâclage. Cette femme du village maîtrise son art. À l’extérieur, cette ménagère est parfois entrepreneure et développe plusieurs activités génératrices de revenus pour soutenir les efforts de son mari. Voilà en quelques mots vite écrits le rythme de la vie d’une femme du village parmi tant d’autres : occupée du matin au soir à faire fonctionner sa maison, tel un ingénieur aux commandes d’une machine bien huilée. Elle en connaît chaque rouage, chaque membre de sa famille, chaque intervenant (voisins, amis, services publics, entre autres). Elle s’emploie à entretenir de bonnes relations de voisinage, ainsi qu’à maintenir et à resserrer les liens familiaux.

Dans cet environnement si morose où l’exode rural fait fuir hommes et jeunes, les femmes, par ce mode de vie apparemment.

Chers présidents des pays d’Afrique,

La femme rurale symbolise l’audace, l’autonomie et la volonté de chercher des solutions locales pour faire face aux épreuves de la vie. La femme rurale assume ses responsabilités. Elle ne connaît pas la Banque mondiale, ni le Fonds monétaire international, ainsi que les partenaires au développement. Tout ce qui compte à ses yeux, c’est comment transformer ses limites en opportunités ? C’est tout.

L’expérience du terrain de la femme rurale : généralités

Au village, rien n’est définitif, tout est à construire, à consolider en permanence, l’effort doit être soutenu et constant. La femme rurale part donc de rien, d’une situation inexistante, pour créer, et c’est ça qui a fait émerger les pays développés. Dresser une case sur un terrain nu, faire pousser un champ sur une terre en friche, agrandir un troupeau… Rien n’est automatisé, tout est manuel et met l’humain au cœur de l’action, au cœur du résultat, jour après jour.

Chers présidents des pays d’Afrique,

La femme rurale ne dispose pas de budget voté par une Assemblée nationale ou un Sénat. Son terrain d’expérimentation se résume par l’étude intuitive de son environnement immédiat et les besoins de ses proches. Grâce à son ingéniosité et sa capacité de résilience, elle crée, innove et impacte sa localité.

Allons plus loin,

Imaginons chers présidents, que notre société d’aujourd’hui opte d’avoir un regard différent sur l’accompagnement de la femme rurale, de prendre conscience du travail qu’elle effectue pour nourrir la majeure partie du peuple africain. A mon sens notre continent serait au devant de la scène internationale en matière de politique de sécurité alimentaire.

Chers présidents des pays d’Afrique,

La puissance du Covid 19 installe une crise économique profonde sur l’étendue du continent et plonge plusieurs ménages dans la précarité. Malgré les difficultés provoquées par cette pandémie, il est possible de réinventer notre approche de développement pour nous assurer un meilleur cadre de vie. Vous avez les cartes en mains. Cette nouvelle situation pourrait être le temps d’une nouvelle ère pour bâtir des stratégies économiques fiables et basées sur les défis réels du développement du continent et non sur les orientations dictées par les organismes internationaux. Pour ce faire, il me semble judicieux de revisiter les méthodes de travail de la femme rurale.

Vous pouvez vous en inspirer sans gêne, chers présidents des pays d’Afrique !

Pour preuve :

Au quotidien, la femme du village se laisse guider par une certaine logique dans l’organisation de ses tâches pour répondre aux préoccupations de ses prochains, tandis que le travail au bureau est séquencé en processus prédéfinis. On peut en conclure que cette ménagère fait la même chose que l’employé de bureau, car elle met en pratique des protocoles qui, bien que non écrits, sont une série de travaux complexes.

Ibrahima Théo LAM

Militant engagé pour la cause africaine

E-mail : lamtheo79@yahoo.fr

Téléphone : 0033 6 10 87 96 13