La cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’ouest (Cenozo), a organisé les 16 et 17 mars 2021 passés une formation de deux jours à Abidjan à l’intention de 10 journalistes de l’Afrique de l’Ouest sur la pêche illicite non déclarée et non règlementée  dans la côte ouest-africaine. Il s’agira pour ces journalistes de recevoir une bourse pour la réalisation d’enquêtes révélant des faits d’activités liées à la pêche Inn dans leur pays respectif.

« En 2019 à Accra lors  de la 3 ème assemblée générale de notre  organisation, nous avions par l’entremise de notre partenaire de l’Onudc, organisé une formation au profit de nos membres sur la question de la pêche illicite, illégale et non déclarée, la pêche Inn. Et à partir de cette formation,  est née un projet qui veut qu’on regarde de plus près la question de la pêche Inn parce qu’on a remarqué  que c’est des millions de dollar, sinon des milliards de dollars que les pays ouest africains de la côte perdent chaque année à cause de la pratique illégale de la pêche. Il y a aussi pleines de violations de droits humains dans le cadre de la pratique de cette pêche Inn , c’est pourquoi, nous avions voulu réunir 10 journalistes issus des pays de la côte ouest africaine qui travaillent habituellement sur les questions de pêche afin de leur donner les ridements,  les outils nécessaire pour aller en profondeur comme si on allait en profondeur des océans pour pouvoir sortir des histoires bien documentées, bien fournies sur les cas de violation des droits humains sur les cas de crimes commis dans le domaine de la pêche  illégale et peut aussi exposer le fait que cette pratique fait perdre à notre sous-région énormément  d’argent, énormément de ressources halieutiques », a tenu à préciser M. Arnaud Ouédraogo, coordonnateur de la Cenozo .

Il estime qu’Il est prévu que ces journalistes qui ont été formés dont les capacités ont été renforcées, puissent produire des histoires d’investigation. Et chaque journaliste va travailler sur des bases de données afin de  révéler des cas de violation des règles internationales et  nationales  de la pêche.

D’après M. Ouédraogo, ils donnent  aux journalistes une subvention pour permettre de supporter les dépenses liées aux recherches,  mais aussi une assistance éditoriale, une assistance juridique afin qu’une fois que les histoires publiées que ça soit solide et que  les journalistes ne puissent pas être mis en danger devant les juridictions.

Promouvoir l’investigation en matière de corruption, mal gouvernance…..

Toujours d’après M. Arnaud Ouédraogo, leur  mission au niveau de la Cenozo est de promouvoir le journalisme d’investigation en matière de corruption, de mal gouvernance, de crime organisés, de crimes environnementaux et de violation des droits humains en Afrique de l’ouest.

« Et tout cela, c’est dans l’objectif de de pouvoir, de contribuer à une bonne gouvernance, à une sécurité , à une démocratie et bien sûr contribuer au développement durable de notée sous-région ouest-africaine à travers la promotion du journalisme d’investigation. Donc la Cenozo, c’est un réseau de journalistes d’investigation, porté sur les fonds baptismaux en 2015 par un groupe de journalistes d’investigation issus de différents pays. Et ils ont opté en fait de rendre hommage à Norbert Zongo, cet illustre journaliste d’investigation burkinabé assassiné dans le cadre de son travail. Et c’est ainsi que, ils ont voulu donner son nom à leur organisation », dira M. Ouédraogo.

L’Afrique, un lieu dangereux pour le journalisme d’investigation

Selon le coordonnateur de la Cenozo, ils travaillent à promouvoir le journalisme d’investigation à travers le soutien de la production d’une enquête journalistique de qualité à travers un processus assez solide qui consiste à  accompagner le journalisme sur le plan financier, sur le plan éditorial et sur le plan juridique.

 « Et aussi la Cenozo, c’est le relai entre les journalistes et la société civile afin que le travail des journalistes ait plus d’impact et la Cenozo enfin, c’est un rempart, une protection pour les journalistes d’investigation car vous savez que l’Afrique de l’ouest, l’Afrique en générale devient de plus en plus un endroit dangereux pour la pratique du journalisme qui encore quand il s’agit de journalisme d’investigation. C’est pourquoi, nous avons pensé qu’il est intéressant que nous puissions mettre en place un mécanisme de protection des journalistes qui seraient mis en danger dans le cadre de l’exercice de leur fonction. Et ce mécanisme de protection consiste à donner l’alerte quand un journaliste est menacé, à soutenir le journaliste d’une manière ou d’une autre quand il doit faire face à un procès et même quand sa vie est menacée, quand il reçoit des pressions, la Cenozo a un certain nombre de  protocoles qu’il peut actionner pour venir en aide au journaliste », dira-t-il.

400 journalistes de l’Afrique de l’ouest déjà formés par la Cenozo

« Depuis notre  création, notre véritable opérationnalisation  en 2017, Cenozo a formé environ 400 journalistes de l’Afrique de l’ouest, a soutenu et publié environ 150 enquêtes journalistiques que nous pouvons retrouver sur notre site :www.cenozo.org. Cenozo a aussi participé à de grandes conférences au niveau international à contribuer à des projets internationaux comme les enquêtes sur les flux financiers illicites que nous avons réalisés avec nos partenaires du consortium international des journalistes d’investigation », souligne M. Ouédraogo.

Toujours selon lui,  en 2018, ils ont réussi à rassembler une vingtaine de journalistes ouest africains sur un projet commun qui s’appelaient les ouest africalistes, c’est comme les panamas papers.

« Les histoires de l’Afrique de l’ouest doivent être racontées par des journalistes de l’Afrique de l’ouest, c’est pour ce que nous pensons qu’aujourd’hui, il faut oublier le journalisme d’investigation qui se pratiquait en vase clos, aujourd’hui, c’est le journalisme collaboratif, c’est le journalisme transfrontalier et ça, c’est le label de Cenozo », conclut-il.

Les bénéfices générés par les ressources profitent  aux flottes étrangères

D’après la Cenozo, les eaux maritimes, situées entre la Mauritanie et le Ghana, sont considérées comme celles qui contiennent les plus grandes réserves de poissons d’Afrique de l’Ouest. Certaines de ces ressources halieutiques sont des stocks partagés.

« Le secteur de la pêche joue un rôle central dans la vie des populations et dans la situation économique des pays ouest-africains ayant un accès direct à la mer. Des millions de populations des pays de la côte ouest-africaine dépendent fortement (directement ou indirectement) de cette activité. Malgré l’importance de ces ressources naturelles halieutiques, le secteur ne contribue pas suffisamment à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté dans la région, contrairement à ce qu’il devrait être s’il était géré correctement », précise-t-on dans les Tdr.

Et les termes de référence de rajouter : « Une situation, en grande partie, liée à la surexploitation et à la réduction subséquente des ressources, mais surtout aux actions de pêche autorisées comme celles non autorisées, en raison de la faible capacité des pays à gérer leurs ressources halieutiques de manière durable et à prévenir la surpêche. D’autre part, une des causes de cette situation difficile est l’exploitation par les navires de pêche illicite. En outre, les bénéfices générés par les ressources profitent principalement aux flottes étrangères et non aux pays, qui ne fournissent qu’une infime partie de leurs bénéfices aux économies locales. La plupart des poissons capturés dans les eaux africaines ont été déchargés dans des ports étrangers, qui bénéficient de la valeur ajoutée et de la création d’emplois ».

Toujours d’après la Cenozo, le respect des textes, pour la bonne gestion des réserves halieutiques, est impératif à l’équilibre, voire la survie des économies des pays de la côte ouest-africaine, et même au-delà.