Un personnel compétent, talentueux et loyal, mis dans d’excellentes conditions, constitue un gage primordial de succès.

Pour avoir travaillé pendant près d’une vingtaine d’années dans les banques et institutions internationales de financement du développement, je sais que la charge de travail d’un banquier est lourde et pleine de risques.

Le système bancaire en Afrique est dans une large mesure contrôlée par des intérêts étrangers.

Dans un tel contexte, les pouvoirs publics devraient veiller à la bonne prise en compte des intérêts des salariés.

Une bonne rémunération peut inciter les ressources humaines à plus de performances. De même qu’un climat convivial de travail. Et bien entendu, moins de pression.

À la BOAD, on nous disait toujours dans les années 95-2003 que l’Institution était l’armée parceque centralisée et hiérarchique. Lorsque le Président en exercice à l’époque de mon passage prenait l’ascenseur, aucun membre du personnel n’osait le suivre.

Autre exemple, en 2001, le Président de la République m’avait convoqué à Dakar pour me confier un poste important. J’avais considéré que c’était une affaire privée et étais parti sans informer la haute hiérarchie de la BOAD. Bien entendu après avoir demandé une autorisation d’absence. Figurez-vous qu’on m’avait reproché à l’époque le fait de ne pas avoir informé le Président de l’Institution.

Beaucoup de Cadres comme nous, à l’esprit libre, attachant une valeur fondamentale au respect mutuel et à l’éclosion des talents avaient dû quitter.

J’ai donné ces deux exemples pour corroborer l’importance du respect mutuel dans les organisations. Les travailleurs ne sont pas des « esclaves ».

Pour l’exercice 2020, une filiale d’un grand groupe bancaire avait rémunéré son personnel à hauteur de 6 milliards soit 25% de son produit net bancaire (presque son chiffre d’affaires) arrêté à 24 milliards FCFA. 

Pendant ce temps de grands groupes bancaires à actionnariat majoritaire étranger trouvent toujours un moyen de faire rémunérer une assistance technique, à coût de milliards, puisque indexée sur l’Excédent Brut d’Éxploitation. Bien entendu des revenus d’assistance technique rapatriés à l’étranger.

L’expérience tunisienne montre qu’il y’ a quelques années, la Banque Centrale du pays avait bloqué des transferts de la filiale tunisienne d’une grande banque française, relatifs à l’assistance technique.

Résultat, cette banque avait dû céder sa filiale.

Il est grand temps que les grands groupes bancaires rémunèrent au mieux leurs salariés et répartissent plus équitablement les fruits de la croissance.

Il y va de leur performance. Cela permettrait aussi :

1 d’accroître la productivité des salariés

2 d’éviter les tentatives de corruption

3 d’attirer les meilleurs talents

L’Afrique devrait laisser de côté un style de management directif voire dirigiste, contre-productif, pour adopter celui participatif et responsable.

Magaye GAYE

Économiste International