M. Malick Diouf, ingénieur télécom et entrepreneur, fondateur de LAFRICAMOBILE, dans une interview accordée à Business221.com estime que la digitalisation devrait créer plus de 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Et selon M. Diouf, la digitalisation est un domaine en pleine expansion et la pandémie de la COVID-19 a révélé qu’au Sénégal tous les secteurs de notre économie ont besoin d’être digitalisés.

Business221 :  Est-ce que vous pouvez vous présenter et faire un peu votre parcours sur le plan professionnel ?

Malick Diouf : Je suis Malick Diouf, CEO de LAfricaMobile, qui est une entreprise panafricaine qui met à disposition une plateforme de communication et de marketing mobile en Afrique. Nous sommes basés à Dakar, avec plusieurs bureaux en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Plus de 10 ans d’expérience dans l’industrie des télécommunications entre l’Europe et l’Afrique, avec une solide expérience en innovation, dans les services de téléphonie mobile ; ingénieur télécom et entrepreneur, je capitalise sur le succès de mes expériences pour promouvoir l’innovation et les technologies mobiles comme leviers de croissance des entreprises et organisations en Afrique.

Pouvez-vous nous parler de LAM ?

LAfricaMobile est une plateforme de communication et de marketing digitale qui permet aux entreprises d’interagir avec leurs clients efficacement sur le téléphone mobile. Concrètement, les clients (BtoB) de LAfricaMobile se servent de la plateforme pour l’envoi de messages publicitaires ou d’informations pour communiquer avec leurs propres clients. Toutes ces interactions se font sur le téléphone grâce aux technologies mobiles les plus utilisées en Afrique : SMS, USSD, Airtime, WhatsApp et la VoIP qui permet de communiquer en plusieurs langues africaines. Nous apportons à nos clients une meilleure qualité de service (réactivité, sécurité ; et ‘‘délivrabilité’’), une proximité réelle dans la gestion de leurs demandes et une plus grande couverture notamment en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.

Comment appréciez-vous la digitalisation au niveau continental ?

L’Afrique est un continent de plus en plus digitalisé. Si nous revenons 10 ans en arrière nous pouvons noter énormément de progrès. Concrètement, c’est une donne qui va bouleverser positivement le développement de notre continent. D’ici 2030, la digitalisation devrait créer plus de 230 millions d’emplois en Afrique subsaharienne. Le digital a une utilisation multi-sectorielle, ce qui fait sa force. Dans notre métier plus particulièrement, il s’agit d’un pilier important qui permet d’améliorer la performance des entreprises que nous accompagnons et surtout améliore la satisfaction de leurs clients.

Au Sénégal, il y a certaines de nos données qui sont logées à l’étranger, est-ce que cela ne constitue pas un danger pour notre pays ?

Cela peut effectivement constituer un danger s’il n’y a aucun encadrement qui est fait. Même s’il y’a encore beaucoup de chemins à parcourir, au Sénégal on a déjà des institutions comme la CDP ou l’ARTP qui ont beaucoup avancé sur le cadre légal et continuent encore à travailler sur ce sujet notamment avec des acteurs de l’écosystème comme OPTIC, qui regroupe l’ensemble des entreprises numériques du Sénégal.

J’ai fort espoir qu’on arrivera bientôt à des choses plus ou moins similaires au RGPD (Règlement général sur la protection des données) qu’on retrouve dans les pays occidentaux.

 Quel jugement portez-vous sur les entreprises numériques au Sénégal ?

C’est un domaine en pleine expansion ; la pandémie de la COVID-19 nous a réveillés sur le fait que quasiment tous les secteurs de notre économie ont besoin d’être digitalisés, ou en tout cas mieux digitalisé que cela l’a été dans le passé : les services financiers, même informels ; le transport et la logistique ; l’état et les collectivités ; les ONG et les associations ; l’éducation et la santé ; l’agriculture et l’industrie de façon globale, etc.

Tous sont aujourd’hui conscients de l’importance du digital dans leurs activités, pour ne pas dire leur survie. C’est précisément à ce défi que nous répondons chez LAfricaMobile et auquel tentent de répondre plusieurs entreprises numériques du Sénégal d’ailleurs, notamment les startups sénégalaises, qui ont réussi à mobiliser plus 353 millions de dollars l’année dernière (selon Partech), faisant du Sénégal, le premier pays de l’Afrique francophone, en termes d’investissement de startups et le cinquième au niveau continental.

 Pourquoi avoir choisi la RDC pour le lancement de LAfricaMobile ?

La République Démocratique du Congo en chiffres c’est 2,345 millions de km² pour une population de 93,80 millions d’habitants. En RDC environ 43,95 millions de personnes ont un téléphone mobile. Chez LAfricaMobile faire de la téléphonie mobile un levier de croissance est notre principale mission. C’est donc dans cette logique que nous avons décidé de nous implanter en République Démocratique du Congo qui sera notre base en Afrique centrale, afin de proposer nos services et notre savoir-faire aux entreprises de cette partie de l’Afrique, qui ont également ce besoin de digitaliser davantage leur relation client.

Aujourd’hui avec le numérique, quels sont les dangers qui peuvent guetter notre pays ?

Pouvant aussi bien être un énorme avantage pour notre pays, le numérique peut également représenter un talon d’Achille. La course à l’information est plus rude que jamais, et représente une mine d’or dans le monde actuel. Nous avons récemment assisté à une intrusion de hackers dans les serveurs de certaines institutions publiques au Sénégal, toutes les entreprises devraient aujourd’hui être prêtes à parer ce genre de situation. LAfricaMobile porte une grande importance à la sécurité des données de nos clients. C’est pourquoi nous avons tout mis en œuvre pour obtenir la certification ISO 27001 qui représente un gage de sécurité pour les données de tous nos clients.

 Comment comptez-vous faire face à la concurrence ?

Notre secteur devient de plus en plus attractif, nous sommes donc faces à des acteurs performants et surtout des acteurs conscients des enjeux. Le défi pour nous aujourd’hui est de nous démarquer, notre multi-connectivité et notre aspect multi-pays font de nous un acteur de confiance pour nos clients. Assurer la satisfaction à tous nos clients est aussi un de nos plus grands défis, nous y portons donc une attention particulière.