Les indiens avaient implanté une usine de recyclage de batteries, dénommée « Ganesha SAR » dans le village de Ndiakhatt sis dans la commune de Keur Moussa, à quelques kilomètres de Dakar. Craignant le syndrome du quartier Ngagne Diaw dont des batteries au plomb entreposées dans une décharge à Thiaroye ont causé le décès d’au moins 18 enfants et d’innombrables dommages sanitaires et environnementaux, les populations de la localité aidées par le Centre de Recherche et d’Action sur les Droits Économiques et Sociaux Culturels (CRADESC), ont pu obtenir la fermeture de l’usine jugée toxique.

« L’Etat du Sénégal n’a pas encore fini avec la décontamination du site du quartier de Ngagne Diaw par des batteries au plomb entreposées dans une décharge à Thiaroye ayant causé le décès d’au moins 18 enfants et d’innombrables dommages sanitaires et environnementaux  qu’une usine exploitée par des indiens dénommée Ganesha SARL voit le jour dans le village de Ndiakhatt sis dans la commune de Keur Moussa, à quelques kilomètres de Dakar, Sénégal. L’usine Ganesha s’implante sur la pointe des pieds, à l’insu des communautés de Ndiakhatt qui s’insurgent contre cette installation depuis 2018 », précise-t-on dans le document du CRADESC dont copie nous est parvenue.

Une victoire pour les communautés impactées

D’après la source, ce 14 décembre 2022, les communautés rapportent que la Section Environnement de la Gendarmerie a procédé à la fermeture de l’usine de recyclage de batteries à plomb Ganesha Sénégal SARL.

Le document souligne que cette fermeture serait ordonnée par le Ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Transition écologique, M. Alioune NDOYE qui vient à peine de prendre ses fonctions, constitue une victoire prodigieuse pour les communautés, le Collectif des agriculteurs de Keur Mousseu, Pout, Djender qui ont longtemps été soutenus par le Cadre de Concertation pour le Développement de la zone des Niayes et le Centre de Recherche et d’Action sur les Droits Économiques et Sociaux Culturels (CRADESC).

Toujours d’après le document, ces derniers se réjouissent de ce pas important vers la prise en charge effective des droits économiques, sociaux et culturels et la protection de l’environnement au Sénégal.

Les populations dénoncent les impacts négatifs de l’installation d’une telle usine

« Vu les conséquences extrêmement dangereuses que peut engendrer l’exploitation du plomb sur la santé humaine et l’environnement, les populations de Keur Mousseu, Pout et Djender qui s’activent principalement dans l’agriculture, l’élevage et l’aviculture faisant vivre des milliers de personnes au Sénégal, s’étaient réunis dans un collectif pour dénoncer les impacts négatifs d’une telle installation » renseigne-t-on dans le document.

La source renseigne que diverses règles de procédure importantes liées à la tenue de l’audience publique et de l’enquête publique consacrées par le Code de l’Environnement ont été violées durant le processus d’installation de l’Entreprise.

Une étude d’Impact environnementale et sociale commanditée par Ghanesha SARL

« L’enquête publique s’est tenue à Keur Moussa avec moins d’une dizaine de personnes venant de Ndiakhatt qui n’avaient aucune connaissance du projet en gestation à l’époque. Dans la caractérisation de la zone avoisinante au site, le rapport de l’Etude d’Impact Environnementale et Sociale commanditée par la Société Ghanesha SARL reconnaît la présence même des établissements humains aux alentours du site notamment des champs maraîchers dont au moins deux seraient mitoyens, d’une route à moins de 10m et de la voie ferrée Dakar-Bamako à moins de 20m », mentionne-t-on dans le document.

D’après le CRADESC,  cette situation ne répond pas aux exigences du Code de l’Environnement Sénégalais qui impose en son article 13 que toute autorisation d’exploitation des installations de première classe soit obligatoirement subordonnée à leur éloignement, sur un rayon de 500 m au moins, des habitations, des immeubles habituellement occupés par des tiers, des établissements recevant du public et des zones destinées à l’habitation, d’un cours d’eau, d’un lac, d’une voie de communication, d’un captage d’eau.

« Mais à la grande surprise, les agents de la Société ont démarré en catimini leur travaux le jour des élections législatives pendant que les communautés étaient devant les urnes pour accomplir leur devoir citoyen, le 11 Juillet 2022 », précise le document.

 Des dangers non négligeables

D’après la source, il est important de rappeler que le Sénégal a déjà vécu une expérience horrifiante liée aux effets létaux du plomb et fait figure de mauvais élève dans la gestion des produits toxiques selon le rapport de l’OMS de 2008.

« En effet, l’expérience de Ngagne Diaw encore très vivace dans les esprits des citoyens sénégalais devrait justifier l’indignation de tous face à l’installation de Ghanesha SARL dans la zone des Niayes. Entre novembre 2007 et février 2008, plusieurs décès d’enfants qui s’avèrent être liés rapidement à une contamination du sol du quartier de Ngagne Diaw par des batteries au plomb ont été constatés dans un même quartier de Thiaroye-sur-Mer à Dakar. Des taux élevés de plomb sont relevés chez les membres des familles des enfants décédés. Le suivi du processus de décontamination de cette zone est toujours en cours », mentionne-t-on dans le document.

Toujours d’après la source, dans le cas de Ndiakhatt, le collectif suspecte déjà une forte contamination du sol dans le site de la Société Ghanesha SENEGAL SARL et ses environs. Et selon les habitants du village, des impacts sont déjà visibles sur les végétaux et les jeunes enfants qui sont régulièrement souffrants.

Plaidoyer du CRADESC

« Après avoir interpellé la DREEC, le CRADESC a tenu plusieurs réunions et ateliers de formation au profit des leaders communautaires avant de les appuyer dans la mobilisation sociale, l’implication de la presse et l’intervention de l’illustre avocat Maitre Assane Dioma Ndiaye pour défendre leurs droits sociaux, économiques et environnementaux en demandant une fermeture de l’installation », souligne-t-on dans le document.

Le document souligne que la facilitation de la rencontre des leaders communautaires avec les députés de la zone des Niayes à qui ils remettent un mémorandum qui reste une action décisive faisant suite aux requêtes des avocats adressées au Ministère de tutelle et  ayant permis l’intervention remarquée de l’honorable députée Lemou Touré Ndiaye qui a interpellé directement le Ministre de l’environnement lors de son passage au niveau de l’hémicycle parlementaire à l’occasion de  la session budgétaire pour l’examen de la loi de finances 2023, ce 8 décembre 2022.

Une stratégie de réhabilitation du site s’impose

« Au sortir d’un travail acharné auprès des communautés de la zone des Niayes depuis 2020, un chapitre est tourné aujourd’hui pour les habitants de la commune de Keur Moussa mais le combat pour la réhabilitation du site reste prioritaire », mentionne le document. 

La source souligne que le CRADESC interpelle des autorités sur la nécessité d’une décontamination effective du site de Ganesha et de ses environs en raison de tous les effets toxiques du plomb qui constituent un problème majeur de santé publique et de sa capacité à persister dans l’environnement pendant des décennies.