Le Projet d’Appui Régional à l’Initiative pour l’Irrigation au Sahel (PARIIS SENEGAL), a organisé le Samedi 04 février 2023 une visite de presse au niveau des périmètres maraichers modernes réalisés dans la Commune de Toubacouta. Avec la maîtrise de l’eau par le projet, le maraîchage a connu des productions record avec les groupements de femmes.
La visite a été effectuée à Dassilamé Sérère (5 hectares), à Nemah BA (4 hectares) et à Batamare (3,5 hectares) qui sont des villages situés dans la Commune de Toubacouta, région de Fatick. Tous ces périmètres visités sont équipés de forages munis de pompes immergées et alimentées par solaire permettant une irrigation sous pression au goutte à goutte ou à l’aspersion de parcelles viabilisés à la herse mécanique et sécurisés par des clôtures en grillage.
Périmètre maraîcher féminin (PMF) de Dassilamé Sérère
D’après la fiche de projet, le périmètre maraîcher de Dassilamé Sérère se trouve dans un environnement rural marqué par une prédominance des activités rurales agricoles, maraîchères et pastorales. Et malgré les potentialités nombreuses offertes par le milieu, cette zone est caractérisée par une agriculture fortement dépendante d’une pluviométrie aléatoire qui ne permet pas de garantir des conditions d’exploitation viables et durables des périmètres.
« Avant l’arrivée du PARIIS, la maîtrise de l’eau était partielle sur ce périmètre, avec des puits équipés d’un système d’exhaure pénible car procédant de poulies munies de cordes tirées à la main par des femmes pour remplir des bacs de stockage d’eau. A partir de ces bassins, les femmes remplissent les arrosoirs, les transportent jusqu’à leurs planches aménagées pour procéder à leur arrosage. De plus, le long temps passé dans le périmètre, le nombre de campagnes limitées par le manque d’eau et le système d’irrigation inapproprié ne permettaient pas d’exploiter au mieux le périmètre », précise-t-on dans la fiche.
Et le document de rajouter : « Pour juguler ces contraintes, et améliorer la disponibilité des ressources, Le PARIIS, dans le cadre de recherche de solution d’irrigation sur le périmètre a réalisé des infrastructures et équipements modernes, constitués notamment de puits-forage munis de pompes immergées et alimentées par une source d’énergie solaire permettant une irrigation sous pression à l’aspersion de parcelles viabilisées à la herse mécanique et sécurisés par des clôtures en grillage galvanisé. Pour assurer la durabilité du périmètre un accompagnement est apporté aux producteurs en termes de renforcement de capacités sur le mode d’organisation, de production et de commercialisation mais aussi de suivi, entretien et maintenance des infrastructures installées ». Le GIE des producteurs de Dassilamé Sérère regroupe 208 femmes.
Augmentation des rendements au Périmètre maraîcher Féminin (PPMF) de Nema Bah
« C’est en 2016 que nous avons eu pénurie d’eau et nous allons jusqu’Dassilamé Sérère pour louer des terres en vue de pouvoir cultiver. En 2018, le périmètre maraîcher a été abandonné pour manque d’eau. Et c’est en 2021, le Projet PARIIS arrive et commence à travailler avec nous. C’est ainsi qu’on a vu nos rendements augmentés. Il y a une femme qui obtenu 61 sacs d’oignon et les autres femmes ont obtenu 25 à 30 sacs d’oignon. On n’a jamais atteint cette production. On peut dire sans eau, le maraîchage ne marche pas. L’année dernière, on a eu 231 tonnes d’oignon grâce à PARIIS. Avant on produisait 150 tonnes. Les femmes ne produisaient que 15 sacs d’oignon, 10 et même 11 tonnes. On a eu des problèmes d’écoulement de nos produits. Nous louons des pirogues pour aller vendre l’oignon à Dionwar, Niodior. L’année dernière, nous n’avions pas eu de marché pour écouler nos produits. Avant la récolte, le sac coutait 12500 F mais à la récolte, le marché est inondé d’oignon, le sac va baisser jusqu’à 6000 F à 5500F », a souligné Mme.Gnima Diouf, membre du groupement bénéficiaire.
Cependant, elle déplore l’absence de dépôt pour garder l’oignon après la récolte. Et elles éprouvent parfois des difficultés pour écouler leurs marchandises. Elles parviennent difficilement à écouler, faute d’acheteurs.
« Cette visite de presse coïncide avec le lancement de la campagne de récolte dont les rendements de la tomate, de l’oignon, de la pomme de terre, du Gombo, de l’aubergine africaine, ont nettement évolué grâce essentiellement à la maîtrise de l’eau qui était un des facteurs limitant la production du fait d’un système d’exhaure ne permettant pas de satisfaire correctement les besoins en eau des cultures », précise-t-on dans le document de presse.
Une femme productrice de dire : « Le projet nous a fait un aménagement de 4 ha. C’est après l’aménagement que nous avons commencé à produire de la pomme de terre. L’année dernière, on a réalisé une production record grâce au PARIIS. Maintenant, on ne reste plus dans les champs jusqu’à des heures tardives. Avec la tomate, on peut faire 2 à 3 saisons de récolte ».
Le chiffre d’affaires des femmes passe de 8 millions à 23 millions
« Avec le système mis en place, déjà, on a pu augmenter les superficies emblavées parce que les femmes ont plus de temps. Avant, elles sont passées de 2 ha à 5 ha. Les rendements tournaient autour par exemple l’oignon 3 tonnes à l’hectare jusqu’à 9 tonnes. En termes de revenus, elles ont passé à un chiffre d’affaires de 8 millions à 23 millions. Donc, vous voyez en une année, les bonds qui ont été faits sans qu’on ait tout l’accompagnement nécessaire. Nous allons encore renforcer les capacités des femmes à travers nos conventions avec les différents acteurs. Je pense que dans un contexte de changement climatique, la maîtrise de l’eau devient incontournable, une nécessité, je pense que c’est un des axes majeurs l’atteinte à la souveraineté alimentaire. Nous entendons les reproduire dans l’ensemble de nos aménagements. Nous allons travailler à les accompagner dans la commercialisation de leurs produits », a souligné M. Aly Sané Niang, coordonnateur de PARIIS.
Maîtrise de l’eau pour alléger la pénibilité des femmes
M. Mamadou Diouf, spécialiste en irrigation du projet PARIIS, de souligner : « Je voudrais rappeler la situation de référence, lors de notre intervention en 2019, nous avons trouvé que le périmètre de 10 ha était exploité par les femmes mais dans des conditions très difficiles puisque le système d’exhaure était manuel avec les poulies, elles déversaient sur des bassins, à partir des bassins, il y avait un système d’arrosage manuel. On s’est étendu compte que c’était un système pénible mais ça ne permettait pas de garantir la disponibilité de ressources en eau. Donc pour satisfaire ces besoins, avoir des rendements conséquents. C’es par la suite, le projet s’est donné comme ambition de maitriser l’eau et d’alléger donc la pénibilité de ce travail- là. C’est ainsi qu’au niveau des puits existants, on n’a pas voulu réaliser de nouveaux forages, de temps plus que, il existait déjà des puits sur tout le périmètre. Donc, nous avons fait ce qu’on appelle la mise en eau, creusage des puits. La conséquence de cet investissement, est d’abord la maîtrise d’eau, aujourd’hui les femmes n’ont plus besoin de passer toute une journée à mettre de l’eau dans les bacs. Les rendements se sont vus multiplier ».
Besoin de sécurisation foncière
M. Mamadou Diouf souligne : « Nous avons senti que les producteurs ont besoin d’un accompagnement sur la sécurisation foncière. Le PARIIS a reçu tous les dispositifs en rapport avec l’ANCAR pour les accompagner sur ces aspects, nous avons un expert en développement social et genre, qui est là de façon permanente ».
Renforcement de l’accompagnement des femmes
M. Aly Sané Niang, coordonnateur de PARIIS, affirme : « C’est des femmes qu’il faut accompagner, sur ce point de vue avec le bailleur, la banque mondiale, il a été décidé déjà d’élargir le périmètre 10 ha et nous allons aussi renforcer l’accompagnement. Les périmètres sont accompagnés dans la mise en œuvre par l’ANCAR avec qui, nous avons une convention. Nous prévoyons d’acquérir un tracteur pour aider un peu au travail de sol après avoir considérablement réduit la pénibilité des femmes à travers ce réseau d’irrigation par aspersion, ce qui fait qu’elles ne perdent plus beaucoup de temps pour le travail physique au niveau des champs. Nous sommes en train de construire des projets d’irrigation. La solution, c’est dans chaque zone agroécologique, quelles sont les meilleures pratiques d’irrigation ? Quels sont les meilleurs systèmes, quels sont les meilleurs mécanismes de sources de financement parce que les aménagements demandent des ressources financières ».