La Banque mondiale, dans son rapport : « Situation économique du Sénégal en 2023 », estime que les zones rurales contiennent un peu plus de la moitié de la population (53 %) mais abritent 80 % de la population des ménages vulnérables chroniquement pauvres et deux tiers des ménages vulnérables non pauvres.

D’après la Banque mondiale, un ménage est dit « vulnérable » lorsqu’il a une probabilité d’au moins 50 % de tomber dans la pauvreté au cours des deux prochaines années en cas de choc.

Et ces chocs sont soit idiosyncrasiques, c’est-à-dire qu’ils affectent les individus, comme ceux occasionnés par le décès ou la maladie d’un pourvoyeur aux besoins du ménage, soit covariants, c’est-à-dire dus à des facteurs environnementaux, économiques, démographiques ou sanitaires.

« Les enquêtes de ménages les plus récentes confirment l’importance des chocs dans le vécu des ménages, la moitié des ménages sénégalais déclarant avoir subi un ou plusieurs chocs. L’impact des chocs est forcément plus sévère sur les ménages à faible capacité de résilience. Le taux de vulnérabilité des ménages au Sénégal est estimé à 54,2 % pour 2018, soit l’équivalent de 1,5 fois l’incidence de la pauvreté qui est de 37,8 % », renseigne le rapport.

D’après le rapport, les pandémies, les guerres et les sécheresses, si elles devaient avoir lieu, pourraient plonger plus de la moitié de la population dans la pauvreté, en l’absence de mesures compensatoires pour soutenir les ménages. Et en général, si les programmes de lutte contre la pauvreté ne ciblaient que les ménages pauvres, ils seraient probablement moins efficaces pour atteindre leur objectif, car ils laisseraient de côté les ménages qui, sans être pauvres, ont une forte probabilité de tomber dans la pauvreté.

La vulnérabilité au Sénégal est élevée dans toutes les régions, à l’exception de Dakar

« La quantification de la vulnérabilité à la pauvreté est donc particulièrement importante pour les politiques publiques de protection sociale. Les taux de vulnérabilité et de pauvreté sont plus élevés dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Comme la pauvreté, la vulnérabilité au Sénégal est élevée dans toutes les régions, à l’exception de Dakar », mentionne le rapport.

Et le rapport de préciser : « Au niveau national, deux tiers de la vulnérabilité résultent d’un niveau élevé de pauvreté et un tiers du risque de tomber dans la pauvreté en cas de choc négatif. La vulnérabilité induite par la pauvreté, est la conséquence d’un faible capital humain et physique ou de la persistance à s’engager dans des activités à faible rendement en raison d’une mauvaise gestion des risques.

Ainsi, la prévalence de la vulnérabilité induite par la pauvreté signifie que les programmes de lutte contre la pauvreté devraient se concentrer sur les ménages chroniquement pauvres, qui sont pauvres en raison de leur faible dotation en capital humain et physique. Les ménages vulnérables et non vulnérables présentent des caractéristiques sociodémographiques et économiques très différentes qui doivent être prises en compte dans l’élaboration des politiques publiques ».

D’après la Banque mondiale, les ménages peuvent généralement être classifiés en trois catégories :  les ménages vulnérables chroniquement pauvres, les ménages vulnérables non pauvres et les ménages non vulnérables et non pauvres. Et les deux premières catégories, qui forment ensemble les ménages vulnérables à la pauvreté, représentent 55 % de la population, tandis que la dernière catégorie, celle des ménages non vulnérables et non pauvres, représente un peu plus de 45 % de la population.

« Ces ménages peuvent être caractérisés par leur type de résidence, leur accès aux infrastructures de base, leur niveau d’éducation et leur type d’emploi. La première différence entre les ménages vulnérables à la pauvreté et les ménages non vulnérables est le lieu de résidence. Les ménages vulnérables à la pauvreté sont proportionnellement plus nombreux dans les zones rurales. Les zones rurales contiennent un peu plus de la moitié de la population (53 %) mais abritent 80 % de la population des ménages vulnérables chroniquement pauvres et deux tiers des ménages vulnérables non pauvres », renseigne le rapport.

 Toujours d’après la source, les ménages chroniquement pauvres sont plus grands (15 personnes en moyenne par ménage) que les ménages vulnérables non pauvres (10 personnes) et les ménages non vulnérables non pauvres (7 personnes). Et le niveau d’éducation, une mesure du capital humain, augmente fortement avec le degré de bien-être.

« Le nombre moyen d’années d’éducation passe de moins de deux ans pour les ménages chroniquement pauvres à plus de cinq ans pour les ménages non vulnérables et non pauvres. Les ménages chroniquement pauvres et les ménages vulnérables non pauvres sont également proportionnellement plus susceptibles d’être des agriculteurs et moins susceptibles d’être employés dans le secteur formel », mentionne la source.