Un rapport intitulé : « Flux Financiers Illicites issus du Trafic de migrants : Tendances et Réponses en Afrique de l’Ouest » de la commission de la CEDEAO, révèle que les profits tirés du trafic de migrants d’Afrique de l’Est, du Nord et de l’Ouest à destination de l’Europe sont estimés à 6,57 milliards de dollars.

D’après le rapport, l’économie de l’Afrique de l’Ouest repose largement sur les paiements en espèces et est essentiellement informelle. Et elle est ainsi vulnérable à une série de flux financiers illicites (FFI) qui sortent des cadres réglementaires et sont difficiles à combattre. Les économies informelles offrent des moyens de subsistance à de nombreux citoyens qui survivent en dehors des secteurs économiques régis par l’État dans cette région.

« Elles servent pourtant de plates-formes qui contribuent à la prospérité des réseaux criminels et à l’intégration de leurs produits dans l’économie formelle. Les FFI englobent un certain nombre de délits financiers, comme la perception de revenus illégaux ainsi que le transfert de fonds frauduleux dépassant les frontières des États et leur utilisation. Ces délits évoluent en fonction non seulement des points faibles des réglementations nationales, mais également des lacunes réglementaires régionales et mondiales qui permettent de faire rapidement des investissements et des transferts de fonds indétectables au-delà des frontières », précise-t-on dans le rapport.

Selon le rapport, l’évaluation du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent (GIABA) de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) montre que de nombreux pays de la région ont adopté des politiques rigoureuses en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, qui ne sont malheureusement pas mises en œuvre de manière cohérente.

Toujours d’après la source, contrairement à d’autres économies clandestines, celle liée au trafic de migrants a tout récemment été qualifiée de risque sérieux pour les FFI. Bien que les montants soient relativement peu élevés par prestation, ce trafic procure des profits réguliers aux passeurs qui organisent les déplacements d’une population croissante de migrants en situation irrégulière.

« Aucun calcul définitif n’a été fait pour les recettes annuelles du trafic illicite de migrants à travers le monde et en Afrique de l’Ouest en particulier. Selon les estimations, cependant, ce trafic rapporte aux passeurs plus de 10 milliards de dollars de bénéfices par an à l’échelle mondiale. Les profits tirés du trafic de migrants d’Afrique de l’Est, du Nord et de l’Ouest à destination de l’Europe sont estimés à 6,57 milliards de dollars », souligne-t-on dans le rapport.

Les passages de clandestins d’Afrique de l’Ouest dépassent les 100 millions de dollars

« Les estimations modérées des passages de clandestins d’Afrique de l’Ouest en direction de l’Europe dépassent à elles seules les 100 millions de dollars les bénéfices et les demandes de passages sont plus faibles au sein de la région de la CEDEAO en raison du protocole de libre circulation. Suivre à la trace les FFI du trafic illicite de migrants est complexe et difficile à l’échelle mondiale, et d’autant plus dans l’économie informelle de grande ampleur de l’Afrique de l’Ouest, basée sur les échanges en espèces », mentionne le rapport.

Et le rapport de poursuivre : « Même si un pourcentage élevé des frais de passage est souvent réglé avant le début du voyage, les bénéfices du produit de ce trafic sont répartis entre les agents et les collaborateurs se trouvant dans les pays d’origine, de transit et de destination. Ce système complique encore les enquêtes sur le suivi de l’argent à l’échelon national ou multinational. La Sierra Leone et le Sénégal font des progrès en ce qui concerne la réalisation d’enquêtes sur les affaires de blanchiment d’argent liées à la criminalité organisée. Toutefois, peu de cas d’approches visant à « suivre l’argent » ont été signalés dans les enquêtes menées sur le trafic de migrants dans ces pays ».

Le document souligne que ce rapport traite donc de la dynamique des FFI découlant du trafic de migrants au Sénégal et en Sierra Leone, sans s’étendre sur les descriptions mondiales. Il étudie précisément la façon dont les produits illégaux issus de ce trafic sont générés, déplacés et utilisés dans ces pays. Et le fait de choisir la Sierra Leone et le Sénégal comme études de cas a permis de mettre en évidence le rôle de plus en plus important du Sénégal en tant que plaque tournante régionale et point de transit majeur pour les migrants sierra-léonais à la recherche d’une vie meilleure à l’étranger.

Le document note que ce rapport explore les forces et les faiblesses des réponses nationales et régionales actuelles aux flux illégaux provenant du trafic de migrants. Et cette analyse sert de base aux recommandations liées à l’appui réglementaire et à la capacité institutionnelle de désorganiser ces flux illicites.