Il s’agit d’assurer d’un grand coup d’envoi pour une grande bataille voire un véritable combat agricole nécessitant l’ambition.

En premier lieu : la problématique de l’autosuffisance en riz.  Pour atteindre cet objectif, il faut nécessairement passer par le sud, et le nord aussi du pays, qui dispose aujourd’hui d’un potentiel de 240.000 hectares irrigables dans la vallée du fleuve Sénégal. Si les techniques culturales sont maitrisées dans ces parties du pays le rendement moyen à l’hectare pourrait atteindre 6 à 7 tonnes de riz blanc.

Toutefois, pour ce que ce rendement conduise à l’autosuffisance recherchée, il faudra une augmentation considérable de surfaces emblavées : ce qui signifie l’aménagement de surface de plusieurs milliers d’hectares. Un tel objectif se justifie amplement lorsqu’on sait que le Sénégal présente jusque-là des bilans céréaliers négatifs et déficitaires avec des besoins toujours couverts par des importations. La principale céréale consommée qu’est le riz présente un taux d’autosuffisance  inférieur à 20%. Mais cette réalisation de ces aménagements gigantesques risquerait de poser un problème de main d’œuvres dans certaines zones. En effet, à cause de longues années de sècheresse dans la région de la vallée du fleuve, cette zone logée au cœur du sahel, a connu un phénomène émigration massive qui a vu beaucoup de ses bras valides partir laissant dernière eux une société en proie à une féminisation exponentielle. Ceci, pour dire que si du jour au lendemain on se retrouve avec des milliers d’hectares aménagés nécessitant une occupation culturale pleine et intensive, il faudra opter pour une mécanisation outrancière et rapide afin de raccourcir l’itinéraire cultural, gage de réussite de cultures de contre saison.

L’autre sujet stratégique concerne la question foncière. D’après les calculs faits par l’Etat, pour  que la culture de riz soit une activité de business, au-delà de sa vocation de subsistance, il faut des surfaces énormes. Or, cela pose des problèmes fonciers aigus. D’où la nécessité de reformes devenue un enjeu public des autorités, l’agriculture sénégalaise est loin d’avoir un système foncier à la mesure des ambitions du Président de le République pour ce secteur vital. En considérant objectivement ses capacités financières actuelles, la banque agricole  ne semble plus être en mesure de jouer son rôle de pourvoyeur performant c’est à dire capable de prendre en charge l’énorme besoin de crédits agricoles qui va s’imposer progressivement. Dans ces conditions, ne faudra-t-il pas envisager la création d’un fond de promotion agricole(FPA), à l’image du  défunt Fond de Promotion Economique(FPE). Pour la réussite de cette bataille agricole, il faudra que l’Etat prenne de nouvelles dispositions pour les années à venir en mettant davantage l’accent sur un certain nombre de piliers incontournables que sont la formation, la maitrise de l’eau, la modernisation des techniques culturales et un financement conséquent.

Par Moussa Ba