La Banque Centrale des Etats de L’Afrique de l’Ouest (Bceao), dans son « Rapport sur la politique monétaire de l’UMOA-Septembre 2023 », note que la gestion des finances publiques dans l’UEMOA, au cours du premier semestre 2023, s’est soldée par un creusement du déficit budgétaire global, base engagements, dons compris, à 2.796,8 milliards.

« La gestion des finances publiques dans l’UEMOA, au cours du premier semestre 2023, s’est soldée par un creusement du déficit budgétaire global, base engagements, dons compris, à 2.796,8 milliards, comparativement à 2.285,2 milliards un an plus tôt. En pourcentage du PIB, le déficit budgétaire global s’inscrit en hausse à 4,6%, contre 4,3% un an auparavant. Cette évolution est liée à la progression de 2.028,8 milliards des dépenses totales et prêts nets, atténuée par la hausse de 1.517,4 milliards des recettes budgétaires et dons. Le financement de ce déficit a été assuré grâce à un recours plus important des Etats au marché financier régional. En conséquence, les conditions de financement des Etats sur le marché financier régional se sont nettement durcies par rapport au premier semestre 2022 », note la Bceao.

D’après la Bceao, la gestion des finances publiques des Etats membres de l’Unionserait caractérisée par une diminution graduelle des déficits à partir de 2023, après le creusement enregistré en 2022. Et le déficit budgétaire de l’Union ressortirait à 5,3% du PIB en 2023 et à 4,0% en 2024, après 6,7% en 2022. La source précise que le taux d’endettement s’établirait, pour sa part, à 56,8% du PIB en 2024, après 58,5% en 2023 et 57,5% en 2022.

Les échanges extérieurs des pays de l’Union soldés par un excédent global de 103,2 milliards

« Les échanges extérieurs des pays de l’Union, au cours du deuxième trimestre 2023, se sont soldés par un excédent global de 103,2 milliards, contre un déficit de 508,8 milliards enregistré à la même période de l’année précédente. Cette évolution résulte principalement d’une réduction du déficit de la balance des transactions courantes, qui s’est établi à 1.868,6 milliards au deuxième trimestre 2023, contre 2.724,4 milliards à la même période de l’année précédente. Rapporté au PIB, le déficit courant est ressorti à 6,1% au deuxième trimestre 2023, contre 9,9% une année plus tôt. Le cumul des échanges extérieurs sur les six premiers mois laisse apparaître un solde global déficitaire de 1.601,2 milliards contre 1.338,5 milliards enregistré sur la même période de 2022, en dépit de l’atténuation du déficit courant. Cette évolution reflète la dégradation du solde du compte financier induite par une baisse des mobilisations (nettes des remboursements) de ressources extérieures des Etats », souligne-t-on dans le document de la Bceao.

D’après la Bceao, les échanges extérieurs de l’UEMOA se solderaient par un déficit global en 2023, en dépit de l’amélioration du solde courant, après la forte dégradation enregistrée en 2022. Et le solde global devrait s’améliorer et ressortir excédentaire à partir de 2024. Le déficit courant devrait s’atténuer progressivement, passant de 8,0% du PIB en 2022 à 6,4% en 2023 et 3,6% en 2024.

Toujours d’après la source, cette évolution serait due au repli des prix des produits alimentaires et énergétiques, ainsi qu’à la bonne orientation des cours de certains produits exportés par l’UEMOA.

« Le solde global de la balance des paiements ressortirait déficitaire de 1.975,1 milliards en 2023 et excédentaire de 1.056,2 milliards en 2024, après un déficit de 3.343,1 milliards en 2022. Le taux de couverture des importations par les réserves de change baisserait, passant de 4,4 mois en 2022 à 3,9 mois en 2023, avant de progresser à 4,4 mois en 2024 », renseigne la source.

Relèvement des taux directeurs de la BCEAO et dégradation de la liquidité propre des banques

« Les conditions monétaires dans l’Unionse sont globalement durcies au cours du deuxième trimestre 2023, en lien avec la dégradation de la liquidité propre des banques et le relèvement des taux directeurs de la BCEAO en mars 2023. Le taux d’intérêt moyen pondéré sur le marché interbancaire, toutes maturités confondues, est ressorti à 5,53%, contre 4,34% un trimestre plus tôt. Sur le compartiment à une semaine, le taux d’intérêt moyen pondéré a atteint 5,52%, contre 4,21% au trimestre précédent et 2,37% un an plus tôt. Le taux débiteur moyen des banques, hors taxes et charges, s’est établi à 6,76% au deuxième trimestre 2023, contre 6,73% au premier trimestre 2023 », renseigne la Bceao.

Toujours la Bceao souligne que la situation monétaireest marquée par une progression de la masse monétaire, en rythme annuel, de 8,6% à fin juin 2023, après 8,5% trois mois plus tôt. Et cette dynamique est induite par l’augmentation des créances intérieures de 8.616,2 milliards soit 18,7%, atténuée par la contraction des actifs extérieurs nets de 3.636,7 milliards soit 55,3%. « L’augmentation des créances intérieures résulte de la hausse des créances nettes des institutions de dépôt sur les Administrations Publiques Centrales (+4.018,4 milliards ou +22,7%), combinée à celle des créances sur l’économie (+4.597,8 milliards ou +16,2%) », renseigne la Bceao.

Dans un autre registre, sur le marché boursier régional, l’activité s’est repliée au cours du deuxième trimestre 2023, avec une baisse de l’indice global, le BRVM Composite, de 2,6% contre une hausse de 1,5% le trimestre précédent. Et la capitalisation boursière de l’ensemble des titres cotés sur le marché a reculé, en rythme trimestriel, de 0,1%, après une augmentation de 6,8% trois mois plus tôt. La source souligne que cette évolution reflète notamment la réduction de la capitalisation du marché des actions (-0,3%) non compensée par la progression du marché des obligations (+0,1%).

Perspectives

« En perspectives, les dernières estimations situent la croissance économique de l’Union à 5,6% en 2023, en retrait de 0,7 point de pourcentage (pdp) par rapport aux projections présentées dans le Rapport de juin 2023, du fait essentiellement du report à 2024 de la mise en production des champs pétroliers et gaziers au Sénégal, initialement prévue pour le quatrième trimestre 2023, et des effets négatifs induits de la crise au Niger. En 2024, la croissance économique de l’Union s’établirait à 6,9% », renseigne la source.

D’après la source, la situation monétaireserait marquée par une baisse des avoirs extérieurs nets en 2023 et un rebond en 2024 en relation avec l’amélioration du solde global de la balance des paiements. Le rythme de progression des crédits à l’économie diminuerait, passant de 14,4% en 2022 à 13,4% en 2023, avant de s’élever à 14,0% en 2024.

Et sous l’hypothèse d’une poursuite de la détente des cours mondiaux des produits alimentaires et pétroliers et de la hausse de la production céréalière au cours de la campagne 2023/2024, le taux d’inflationdans l’Union, en moyenne annuelle, devrait se situer à 4,4% en 2023 et 3,0% en 2024, après 7,4% en 2022.

« Les risques entourant les prévisions de l’inflation sont globalement haussiers. Ils ont trait à l’extension des zones d’insécurité, qui pourrait affecter davantage les capacités de production, avec notamment l’accroissement des déplacements des populations des zones concernées et une accentuation des difficultés d’approvisionnement des marchés. La prolongation de la crise politique au Niger au-delà de l’année 2023 pourrait également perturber la distribution des produits alimentaires dans la région et renforcer les tensions inflationnistes. Par ailleurs, une détérioration des conditions climatiques dans les pays de l’Union serait susceptible de peser sur les performances de la production agricole lors de la campagne 2023/2024 », conclut la source.