Plus de 1,8 million de personnes participent au Hajj de cette année, selon l’Autorité générale saoudienne des statistiques, l’un des plus grands rassemblements religieux au monde.

Selon l’AFP, au moins 1 081 personnes sont mortes lors du pèlerinage de cette année. Plus de 8 400 personnes ont été traitées pour un coup de chaleur ou un épuisement, selon les données compilées par la Saudi Gazette et 2 700 personnes selon le gouvernement saoudien. Le mercure a souvent dépassé 44 °C durant le hajj, selon les données météorologiques du Centre national de météorologie d’Arabie saoudite alors que les températures maximales ont atteint 51,8 degrés Celsius.

Cette année, le Hajj se déroule en Juin l’un des mois les plus chauds de l’année. La température maximale moyenne de La Mecque en juin est d’environ 40 degrés Celsius. Mais cette année, les pèlerins ont connu une chaleur extrême, avec des températures atteignant 52 degrés Celsius (lundi 14 juin 2024).

Le nombre peut aussi s’expliquer par le choc thermique car une étude récemment publiée dans le Journal of Travel Medicine montre que les pèlerins du Hajj originaires de pays moins chauds ont 4,5 fois plus de risques de mourir que les habitants qui sont plus habitués à des températures aussi élevées.

Le climat saoudien

L’Arabie saoudite se caractérise par un climat désertique, à l’exception de la partie Sud-ouest du pays, qui présente un climat semi-aride. Les étés dans la région centrale sont extrêmement chauds et secs, allant de 27 °C à 43 °C dans les zones intérieures et de 27 °C à 38 °C dans les zones côtières. La sensation de chaleur est plus forte en présence d’une forte humidité.

La Mecque est située à environ 70 km à l’intérieur de la ville saoudienne de Djeddah, qui se trouve sur la côte de la mer Rouge. L’air humide de la mer Rouge pénètre souvent à l’intérieur jusqu’à La Mecque lorsque les vents soufflent de l’ouest, augmentant le stress thermique à des niveaux dangereux pour les plus de deux millions de pèlerins qui assistent généralement au Hajj de cinq jours.

Alors que l’indice de chaleur – qui mesure le stress thermique dû à des températures élevées combinées à une humidité élevée – est souvent utilisé pour quantifier une canicule, une mesure plus précise du stress thermique est la température du thermomètre mouillée (TW), qui peut être mesurée en plaçant un chiffon humide autour d’un bulbe d’un thermomètre, puis en soufflant de l’air sur le tissu. La température du thermomètre humide augmente avec l’augmentation de la température et de l’humidité et est une mesure de la « moiteur ».

Les températures des thermomètres humides ont augmenté en moyenne de près de 2 °C au cours des trois dernières décennies, selon Yale Climate Connections. Étant donné que la température de la peau humaine est en moyenne proche de 35°C les températures du bulbe humide supérieures à cette valeur empêchent de dissiper la chaleur interne, entraînant des conséquences fatales dans les six heures, même pour les personnes en bonne santé dans des conditions bien ventilées.

Les températures au Moyen-Orient se réchauffent deux fois plus vite que dans le reste du monde.

Relation avec les changements climatiques

Plus tôt cette année, des scientifiques du service européen Copernicus sur le changement climatique ont averti que 2024 pourrait être encore plus chaude que 2023 qui était la plus chaude. L’agence vient de publier un rapport selon lequel le mois Mai 2024 a été le 11e mois consécutif où la température moyenne de la Terre était supérieure de plus de 1,5 degré Celsius à la moyenne préindustrielle de 1850-1900 – un seuil critique que les dirigeants mondiaux qui ont signé l’Accord de Paris sur le climat de 2015 ont convenu d’essayer de respecter.

« Plusieurs projections montrent que certaines parties de la péninsule arabique pourraient devenir inhabitables d’ici la fin de ce siècle », a déclaré Tobias Zumbrägel, chercheur au département de géographie humaine de l’Université de Heidelberg en Allemagne.

Donc le changement climatique pourrait rendre le risque encore plus grand pour les futurs pèlerinages. Une étude réalisée en 2019 par des experts du Massachusetts Institute of Technology (USA) a révélé que même si le monde réussissait à atténuer les pires effets du changement climatique, le Hajj se déroulerait à des températures dépassant un « seuil de danger extrême » durant les périodes allant de 2047 à 2052 et de 2079 à 2086. Pour éviter ces pertes énormes il faut anticiper en utilisant les prévisions météorologiques.

L’alerte du service météorologique saoudienne (National Center for Meteorology, NCM) 

Déjà le 2 juin 2024, le PDG du Centre national de météorologie, Dr Ayman bin Salem Ghulam, dans son briefing avant le hajj avait averti d’un temps chaud à très chaud, avec des vents de surface durant la journée, avec des températures maximales entre 45 et 48°C surtout durant l’après-midi avec de faibles chances d’occurrence de pluie. Il a ajouté que « Le climat prévu pour le Hajj cette année connaîtra une augmentation des températures moyennes de 1,5 à 2°C au-dessus de la normale à La Mecque et à Médine ».

Les précautions recommandées aux pèlerins sont d’éviter des sorties (lapidation) les périodes chaudes de la journée et d’avoir un parapluie