La Haute autorité du Waqf du Sénégal (HAW), a organisé ce mercredi 7 août 2024 à l’intention du Collectif des Journalistes économiques du Sénégal (COJES), un atelier sur les thèmes : « Les enjeux liés au Waqf » et « Les outils liés à la transparence et au contrôle des waqf ». D’après M. Racine Bâ, le Waqf est une dotation par laquelle une personne immobilise un bien afin que les revenus de son exploitation soient dépensés dans les œuvres de charité. Et beaucoup de figures emblématiques de notre pays se sont investis dans le Waqf.

D’après M. Racine Ba, directeur général de la haute autorité du Waqf, lorsque le fils d’Adam meurt, ses œuvres cessent d’être comptabilisées à l’exception de trois catégories (Qui constituent à lui être attribuées, a prés sa mort).

« C’est une aumône qu’un fidèle fait dont l’usufruit est destiné aux personnes vulnérables. Et il est considéré dans l’Islam que lorsque quelqu’un fait à son décès, cette donation continue à produire son effet. Disons les effets se produisent jusqu’à l’au-delà après le décès du constituant. C’est tout l’enjeu du Waqf. Le Waqf existe dans notre pays depuis des millénaires. Beaucoup de figures emblématiques de notre pays se sont investis dans le Waqf. On a cité l’exemple Ahmed Gora Diop à Saint-Louis qui, à 1907 avait fait son Waqf, avec un Waqf productif et un Waqf non productif où il s’agissait d’une mosquée, d’une bibliothèque, des logements sociaux, un autre Waqf productif, un immeuble était en location, dont les revenus générés permettaient d’assurer la durabilité de sa donation. Donc la particularité de l’exemple de Ahmed Gora Gueye Diop, réside dans le fait qu’en 1907, il avait formalisé et qu’à son décès, 3 ans après, son Waqf demeure jusqu’à aujourd’hui », dixit M. Bâ.

Toujours d’après le directeur de la Haute Autorité du Waqf, d’autres exemples ont été rappelés, le Waqf de Serigne Mourtada Mbacké avec les instituts Al Azar d’une part mais également les sociétés de transport et les boulangeries qui permettaient d’assurer la durabilité de cela.

Il poursuit : « Donc le Waqf est quelque chose qui existe dans notre pays, qui est connu des sénégalais mais qui, à travers le temps, avait goulots liés au fait de l’héritage, qui, lorsque le constituant décède, les enfants peuvent contester le bien comme étant Waqf et l’intégrer dans le patrimoine à hériter. Ce qui n’est pas le but du Waqf. D’autres acteurs tels que les actionnaires peuvent également dévoiler le bien Waqf et c’est tout l’intérêt de la loi de Mai 2015 qui protège les waqfs en offrant une sécurité juridique avec la haute autorité du Waqf ».

Il estime qu’en 2018, un recensement a été effectué et faisait ressortir 399 waqfs à travers tout le Sénégal.

Il a tenu à préciser que beaucoup d’initiatives ont été menées et malheureusement, comme beaucoup de constituants de Waqf pouvaient constater quelques goulots restent à surmonter dans la loi relative au Waqf, sont liés généralement au cours de la formalisation, à cet égard, la haute autorité du Waqf a initié des démarches avec l’administration générale, le ministère des Finances pour faciliter la formalisation d’un certain nombre de Waqf mais le principe reste la loi.

« Effectivement des travaux de révision de cette loi-là ont été menés au cours des deux dernières années et nous espérons que dans les mois à venir, ça sera finalisé pour qu’on puisse disposer de nouvelles lois sur le Waqf mais beaucoup lus souples et permettraient l’essor de beaucoup plus de waqfs », dira M. Bâ.

Il a tenu à préciser que la loi relative au Waqf de Mai 2015 a déjà prévu un certain nombre de mesures incitatives en matière fiscale notamment lorsque des dons sont faits au Waqf, il y a une détectivité à hauteur de 0,5% du chiffre d’affaires qui est prévue.

« A ce titre-là, il faut noter que l’Etat a fait un certain nombre d’efforts mais disons les défis majeurs résident principalement aujourd’hui dans les coûts liés à la formalisation mais nous pensons que cette premiére étape devra être franchi pour pouvoir envisager davantage de mécanismes incitatifs pour  pouvoir permettre au Waqf de se développer parce qu’il faut le dire les enjeux derrière les mises en œuvre du Waqf, c’est de palier à l’Etat dans la prise en charge des besoins des personnes en situation de vulnérabilité », poursuit-il.

Provenance des Fonds

« La provenance des fonds aujourd’hui, il faut distinguer, il y a plusieurs catégories de Waqfs, vous avez des waqfs privés parmi lesquels, on peut citer les waqfs de famille, les waqfs d’intérêt publics et à côté, vous avez les waqfs publics qui sont les waqfs faits par l’Etat du Sénégal à travers la Haute autorité du Waqf. Donc pour les waqfs privés, ce sont des initiatives privées des ressources privées qui mettent en place des waqfs qui sont des œuvres caritatives qui sont des actions philanthropiques, ce sont leurs ressources propres qui permettent de mettre en place ces waqfs. Et lorsque c’est formalisé, bien entendu, auprès d’un notaire, c’est beaucoup plus clair », a laissé entendre M. Racine Bâ.

Il estime que la haute autorité du Waqf dans sa stratégie de développement du Waqf public s’est inscrit dans une démarche visant trois secteurs principaux.

« Vous avez le secteur immobilier pour lequel un premier projet est en cours de mise en œuvre, il s’agit de construire de 16 étages, qui sera entièrement mis en location et dont les revenus générés, seront exclusivement dédiés au processus de modernisation des Daaras au Sénégal. Les autres secteurs, le secteur agricole, des initiatives ont été entreprises », il y a quelques années au nord du Sénégal avec des périmètres agricoles, nous allons intensifier, nous avons choisi de nous réorienter sur les chaînes de valeur. Pour cette année, nous avons également un projet dans le domaine agricole, il s’agit du passage de dons de mécanisme où des chevres seront mises à la disposition de familles vulnérables, formées et accompagnées », conclut-il.