Après avoir levé l’état d’urgence et annoncé la fin de son conflit avec l’Erythrée, l’Ethiopie annonce des changements au sein de son économie. Le pays ouvre Ethio Telecom et Ethiopian Airlines à l’investissement privé et étranger. De quoi susciter l’intérêt des business angels et capital investors pour ce pays aux 100 millions d’habitants et à la croissance économique la plus rapide au monde.

Ethio Telecom et Ethiopian Airlines vont pouvoir recevoir des capitaux privés étrangers. En effet, ces entreprises -jusque-là détenues à 100% par l’Etat- sont désormais ouvertes aux investisseurs privés nationaux et étrangers, a annoncé la coalition gouvernementale éthiopienne dans un communiqué paru mardi 5 juin sur sa page Facebook, précisant toutefois que l’Etat garderait la majorité.

« Il est nécessaire de prendre des mesures économiques compatibles avec le niveau de croissance actuellement atteint en vue de poursuivre la croissance rapide. […] », a déclaré l’institution dans son communiqué.

En prélude d’une internationalisation d’Ethio Telecom?

Fondé en 2010, Ethio Telecom est l’opérateur public de télécommunications en Ethiopie. Unique opérateur actif dans le pays, il détient le monopole sur l’ensemble des services de téléphonie fixe, mobile, internet et télécommunication d’affaires. Actuellement, il totalise 66,2 millions de clients tous services confondus. Dans un pays qui compte 100 millions d’habitants, c’est dire le potentiel de croissance encore énorme dont dispose le secteur des télécommunications.

Le gouvernement a récemment posé un premier pas vers l’ouverture à la concurrence en autorisant quelques entreprises Ethiopiennes à fournir des services internet via l’infrastructure mise en place par Ethio Telecom. Et après l’ouverture du capital aux investisseurs étrangers, l’opérateur pourrait se tourner vers l’étranger. Car, à en croire les déclarations du CEO, Andualem Admassie Abate, dans une interview publiée lundi 4 juin par The Africa Report, l’arrivée d’investisseurs étrangers dans le tour de table serait la première étape pour une expansion internationale d’Ethio Telecom : « nous nous préparons maintenant à ce que nous appelons la deuxième transformation. […] Nous avons un plan pour investir à l’étranger. Nous examinons les faiblesses et les forces de nos voisins. Il s’agit de travailler ensemble, en tant que partenaires, car nous n’avons aucune expérience internationale. Nous devons donc trouver des entreprises capables de travailler avec nous en co-branding et en co-partenariat ».

Porter Ethiopian Airlines au plus haut niveau

Si la privatisation partielle d’Ethio Telecom pourrait accroître sa notoriété sur le plan international, l’objectif est tout autre pour Ethiopian Airlines. En 73 ans d’existence (fondée en 1945), la compagnie aérienne nationale éthiopienne cumule les prix internationaux, tant son professionnalisme est reconnu : meilleur transporteur d’Afrique en 2008, compagnie aérienne de l’année 2009 décernée par l’Association des Compagnies aériennes africaines ou encore compagnie aérienne de l’année 2015 décerné au sommet mondial de l’aviation du CAPA.

A ce jour, Ethiopian Airlines dessert 20 destinations à l’intérieur du pays, 58 en Afrique et 100 à travers les cinq continents. Entre 2008 et 2017, le transporteur a triplé son nombre de passagers. Actuellement, Ethiopian Airlines multiplie les efforts pour davantage booster sa croissance. Début mai, le transporteur basé à Addis-Abeba réitérait son ambition d’asseoir définitivement son leadership régional d’ici 2025. Pour ce faire, la firme entend accélérer sa stratégie d’expansion avec notamment l’acquisition prochaine de 60 nouveaux avions -afin de doubler sa flotte-.

Appel à la diaspora et au « savoir-faire » étranger

L’ouverture du capital de ces deux entreprises de premier plan en Ethiopie intervient au moment où la République démocratique fédérale lève l’état d’urgence et annonce la fin du conflit qui l’oppose à l’Érythrée depuis des années. Avec une croissance du PIB de 10,9% en 2017, l’Ethiopie est considérée comme le pays à la croissance la plus rapide au monde. Bien que le FMI prévoie un léger recul de cette dernière à 8,5 en 2018, la dynamique est maintenue. Au regard de ces performances économiques, de sa taille démographique et donc du potentiel de développement, business angels, capital investors et multinationales devraient se bousculer aux portes des autorités éthiopiennes.
En annonçant la privatisation partielle de grandes entreprises étatiques, Addis-Abeba lance un appel à sa diaspora.
« [Cela] doit permettre aux citoyens éthiopiens vivant à l’étranger, qui souhaitent depuis longtemps participer au développement de leur pays, ainsi qu’aux étrangers avec leur savoir-faire et leurs devises, de jouer un rôle positif dans notre croissance. »
(Source : https://afrique.latribune.fr)