Des enquêtes téléphoniques à haute fréquence ont été réalisées par la Banque mondiale en liaison avec les instituts nationaux de statistique. Et voici ce que les résultats révèlent.
« Alors que nous allons bientôt entrer dans la troisième année de la crise de COVID, nous affinons notre analyse de l’impact de la pandémie sur la pauvreté et les inégalités dans le monde. La pandémie a induit de nombreux changements, en particulier dans la manière dont nous collectons les données. La conduite d’enquêtes auprès des ménages, qui constituait avant la pandémie notre principale méthode de recueil de données, s’est avérée soudainement impossible dans la plupart des pays en développement en raison des règles de distanciation physique. Les enquêtes téléphoniques à haute fréquence, réalisées par la Banque mondiale en liaison avec les instituts nationaux de statistique, ont pallié ce problème », précise la Banque mondiale.
D’après la source celles-ci sont plus légères que les enquêtes régulières sur les ménages en termes de format et de portée, mais elles dressent un tableau qui leur permet d’analyser les changements dans le bien-être des ménages lorsque d’autres sources de données ne sont pas disponibles.
« Les enquêtes téléphoniques permettent de déterminer la proportion de ménages dont le revenu a baissé, augmenté ou n’a pas changé depuis le début de la pandémie, mais elles ne permettent pas de connaître leur position dans l’échelle de distribution des revenus. Nous avons comparé les pertes pour deux groupes : les 40 % les plus pauvres et les 60 % les plus riches dans chaque pays », souligne la Banque mondiale.
Le segment des 60 % les plus riches risquait de perdre des revenus
D’après la Banque mondiale, pour les ménages ruraux, les pertes étaient variables : dans 12 pays, le segment des 60 % les plus riches risquait davantage de perdre des revenus, alors que dans 20 pays, cette probabilité était plus élevée pour les 40 % les plus pauvres.
« En ce qui concerne les ménages urbains, les pertes étaient en général plus importantes pour les 40 % inférieurs, 29 pays sur 34 ayant rapporté des pertes plus importantes pour les deux quintiles inférieurs que pour les trois quintiles supérieurs. L’analyse révèle que la pandémie a été particulièrement dure pour les ménages pauvres des villes et qu’elle a pu creuser les inégalités dans les zones urbaines » note la source.
D’après la banque mondiale, les enquêtes téléphoniques ne permettent pas de déterminer l’ampleur de ces pertes de revenus, mais en répartissant la croissance sectorielle du PIB des pays entre les ménages urbains et ruraux à l’aide des informations et de certaines autres hypothèses présentées dans le document de travail, nous pouvons mesurer la pauvreté et les inégalités en 2020.
Et le document de rajouter : « Nous constatons que l’extrême pauvreté a augmenté en 2020 pour tous les pays. Les évolutions attendues de l’extrême pauvreté sans COVID-19 sont présentées et les modifications dues à la pandémie figurent dans la partie centrale ».
Augmentation de 0,9 point de l’extrême pauvreté
« En moyenne, l’extrême pauvreté induite par COVID-19 devrait augmenter de 0,9 point de pourcentage dans les 34 pays, et de 1,3 point de pourcentage si nous ne considérons que les pays d’Afrique subsaharienne. Si la pauvreté a fortement augmenté dans la plupart des pays, les estimations montrent que les changements dans la répartition des revenus ou de la consommation entre les ménages ont été limités, ce qui s’explique par plusieurs raisons. Dans certains pays, presque tous les ménages ont subi des chocs de revenus négatifs, quelle que soit leur position initiale dans la distribution des revenus », renseigne la Banque mondiale.
Selon la source, dans d’autres économies, les ménages les plus durement touchés les pauvres en milieu urbain ne se situent pas au bas de la distribution nationale.
« La partie gauche présente l’évolution de l’indice de Gini, et celle de droite l’évolution du ratio entre le quintile supérieur et le quintile inférieur des revenus. Nous observons que 27 des 34 pays ont enregistré une progression des inégalités, mesurée par l’indice de Gini. L’augmentation moyenne était faible, légèrement inférieure à 1 %. De même, 30 des 34 pays ont connu une hausse du ratio entre quintiles de revenu supérieurs et inférieurs. Pour ces 30 pays, le quintile supérieur disposait en moyenne de 2,2 % de revenus supplémentaires en 2020 par rapport à 2019 », souligne la source.