Située à quelques encablures, de Magic-Land, Cour de Cassation et l’hôtel Terrou-bi, la plage « Plongeoir », aussi appelée « plage Cour de Cassation », offre aux populations une belle vue de la mer. Le site fait partie des rares lieux sur le Littoral où les populations dakaroises peuvent avoir accès à la mer sans débourser un franc. Aujourd’hui, le Groupement d’intérêt économique (Gie) dénommé « les braises du plongeoir » sous la houlette de M. Pape Diop, est en train de valoriser le site en y vendant du poisson braisé aux populations qui prennent d’assaut les lieux tous les jours à partir de 17 heures jusqu’à tard la nuit. A la plage « Plongeoir », le business du poisson braisé est très porteur et fait développer beaucoup d’activités connexes. Reportage…
Il est 17 heures passées de quelques minutes, la plage « Plongeoir » commence à recevoir du monde. Ici, à cette heure précise règne une ambiance bon enfant. Au moment où certains sont entrain de profiter de l’eau de mer pour se baigner, d’autres par compte prennent place autour des tables tout en attendant que leur commande soit honorée.
Au milieu de cette foule immense, les fumées dégageant des barbecues à charbon rendaient un peu flou la visibilité. La joie se lisait sur plusieurs visages. Les tout petits présents sur les lieux, jouaient à cache à cache. Ici, les vendeuses de jus et d’eau fraiche et les vendeurs de boissons se faufilent à travers les tables.
Les vendeuses de « madd » ou Saba senegalensis (fruits exotiques) sont prises d’assaut par les filles.
« Je suis venue en famille pour profiter de la mer. Ici nous avons accès à la mer sans difficulté au moment où beaucoup de plages sont maintenant privées. Nous sommes venus en famille pour manger du poisson braisé après une semaine de dur labeur », affirme Ndeye Gueye, mère de famille.
Et son mari de rajouter : « C’est le seul site public qui nous reste. Toute la façade maritime est aujourd’hui occupée par des hôtels. Ici au moins les populations peuvent avoir accès à la mer. Et elles viennent en masse pour manger du poisson braisé fait par des spécialistes en la matière. On vient pour passer de bons moments et diminuer un peu le stress ».
Plus l’heure avance, des vagues déferlantes de personnes arrivent à la plage au moment d’autres quittent pour rentrer. Il commence à faire nuit, toutes les lampes sont allumées et l’endroit devient de plus en plus attrayant.
A cette heure, le bruit des vagues et les discussions à haute voix des gens, rendaient un peu l’atmosphère indescriptible. Quelques chiens errants se faufilent entre les tables à la recherche de reste de nourriture. L’odeur du poisson braisé commence à envahir les narines et les clients commencent à s’impatienter.
« Je commence déjà à avoir de la salive à la bouche en regardant ces poissons sur le feu et les marinades que font les femmes. Je suis impatiente d’avoir ma commande », lance Henriette, une cliente qui attende sa commande avec impatience. Habillée en tee-shirt et portant un jeans serré mettant en valeur toute sa forme physique, Henriette est en train de déguster son « madd » en attendant avec impatience sa commande livrée.
Au milieu de ce beau monde, M. Pape Alioune Diop, plus connu sous le nom de Pape Diop, président du Gie « les braises du plongeoir », donne des instructions à ses employés pour faire vite sur les commandes.
« Nous sommes entre Magic-Land et l’hôtel Terrou-bi, c’est le lieu où on s’active sur les poissons braisés. Nous nous activons sur la grillade de poissons. Nous faisons des poissons braisés, des fruits de mer. Les populations aiment tellement les poissons braisés, ce qui fait nous recevons beaucoup de monde. Les clients viennent de partout au Sénégal pour manger du poisson braisé. C’est un site qu’on doit exploiter pour deux raisons : d’abord nous créons beaucoup d’emplois. Il y a 350 personnes qui travaillent sur le site parce que nous disons de 15 places et chaque place emploie une quinzaine de personnes », affirme M. Pape Diop.
Le souhait de rendre attrayant les lieux
Les membres du Gie sous la houlette de leur président souhaitent que le site soit réhabilité pour le rendre plus attrayant.
« Nous travaillons ici depuis des années. Nous avons choisi comme métier de faire du poisson braisé, c’est notre gagne-pain. Nous remercions le Président du Gie M. Pape Diop, qui est en train de tout faire pour le site soit modernisé », témoigne une vendeuse de poissons braisés.
Une autre vendeuse de rajouter : « Un site qui reçoit beaucoup de gens, mérite d’être modernisé avec toutes les infrastructures de base : toilette, eau courante pour ne citer que ça ».
M. Pape Diop, souligne : « Mon souhait, c’est de voir le site réhabilité par la mairie afin que tous les gens puissent trouver leur compte ici. C’est le seul site à Dakar où les gens ont accès à la mer. Il y a aussi le site de la Pointe qui est très étroit et ce site ne peut pas recevoir autant de monde comme ici. C’est dans le souci de revaloriser ce site que nous avons créé ce site. Nous avons engagé des travaux pour moderniser ce site de telle sorte que tout visiteur trouve la propreté, la sécurité sur le site ».
Il estime que la Mairie est entrain de paver le site et ils vont décorer le site pour le rendre beaucoup plus attrayant.
Début de pavage du site
« Au nom du Gie, nous avons pu aller à la rencontre de certaines autorités comme la mairie de Dakar pour leur faire part de nos doléances. Depuis cette rencontre, il n’y a pas eu d’évolution et c’est ainsi que nous avons ciblé le ministère du tourisme. Nous leur avons dit que ce site a tous les atouts pour devenir un site touristique car les touristes viennent en masse ici durant leurs vacances pour découvrir le milieu. Lorsque nous avons pris l’attache du ministère du Tourisme, on nous a mis en rapport avec la direction des investissements, aménagements touristiques (DIAT), dirigée par M. Ousmane Ndao. Nous avons sollicité M ; Ndao sur trois points et nous avons eu beaucoup de satisfaction. Nous avons sollicité un aménagement du site pour le rendre plus attrayant, ensuite nous avons demandé des équipements (tables, chaises, parasols, transat pour la baignade) », a laissé entendre M. Diop qui estime qu’on leur a promis des équipements en 2025 et l’aménagement en 2024 a débuté.
Selon Pape Diop, ils ont des installations de fortune mais on leur a promis de construire des cantines modernes harmonisées.
L’absence de l’eau courante
Les femmes du site déplorent l’absence d’eau courante, ce qui rend un peu difficile leur travail surtout quand l’on sait l’alimentation exige la propreté.
« Par la même occasion, le Gie va tout faire pour apporter de l’eau courante ici parce qu’un lieu où on vend de la nourriture, demande de l’hygiène, la propreté et l’eau est importante. L’eau que nous utilisons, on nous la vend dans des bidons », dixit M. Diop.
Une présence discrète de la police pour assurer la sécurité
Dans le cadre de la sécurité, le Gie s’est déplacé jusqu’à la police de Point-E pour rencontrer le commissaire qui leur a donné son aval. Et il y a ses éléments qui sont là pour sécuriser les lieux. Il y a aussi des policiers en civil qui veillent sur les gens. C’est un site où il n’y a pas de débauche, on ne vend pas d’alcool, ni de yamba et la police veille au grain.
Une taxe mensuelle de 55 000 F CFA payée à la mairie
« Actuellement l’équipe de la mairie Fann-Point-E gère le site. Nous payons une patente mensuelle de 55 000 F CFA pour chaque place. Nous jugeons que c’est très cher bien qu’ils disent qu’ils nous ont facilité les choses parce qu’on devait payer trois fois plus. Ils disent que le site marche à merveille. J’avoue que la taxe municipale est très chère, la preuve pour la payer, c’est un peu compliquer, jusqu’à présent, beaucoup d’entre nous, n’ont pas encore payé la taxe parce que certains d’entre nous, ont des difficultés pour payer. J’attends d’abord que tout l’argent soit réuni pour pouvoir l’amener à la Mairie », dira le Président du Gie.
Le processus de grillade de poisson
Pour la grillade de poissons, c’est toute une chaîne à suivre jusqu’au plat du client.
« Quand tu prépares ce poisson avec tout l’accompagnement comme les crudités, cela coûte cher. Pour la crudité, c’est la salade, concombre, tomate, carotte rappée, sauce marinade, avec oignon cru, rien que cette sauce, elle est coûteuse. En plus, nous avons un personnel qui s’active sur ce poisson pour que le client puisse le consommer. Il y a des gens dont leur travail, c’est d’enlever les écailles des poissons pour ensuite envoyer les poissons à la cuisine pour les griller. Ensuite, il y a un personnel chargé uniquement de l’assaisonnement et la préparation de la crudité. Après cela, il y a des serveuses et des serveurs qui servent les clients. C’est toute une chaîne autour du poisson », précise une femme chargée de la cuisine.
« Les clients sont exigeants, ils veulent des produits frais et nous allons toujours vers les pêcheurs pour nous procurer de ces produits frais. Ils vendent très chers les poissons frais. Actuellement, le poisson est plus cher que la viande. Par exemple le kilo de « Dorat », c’est 4000 F CFA et cela représente deux pièces ou bien une seule pièce de « Dorat » peut coûter 4000 F CFA », martèle M. Diop.
Jusqu’à 800 000 F CFA d’achat de poissons pour satisfaire la clientèle
« Vous avez vu la table, elle fait 1m 50 de long et 1m de large, si vous devez la remplir de poissons, minimum, vous allez débourser 800 000 F CFA pour l’achat de poissons sans compter les fruits de mer qui coûtent excessivement cher, il y a des cœurs, des huîtres, des « Gambas ». Ce qui est délicat, les fruits de mer ne doivent rester 24 heures car dans ce cas, ils peuvent provoquer des intoxications. Il faut les utiliser lors qu’ils sont frais sinon, c’est une perte. Parfois nous accusons des pertes financières. Cependant, il y a une seule période où nous gagnons beaucoup d’argent, c’est durant l’été, les grandes vacances. Durant cette période, la clientèle augmente comme pas possible et pratiquement, nous n’enregistrons pas de perte parce que les clients consomment tout », explique M. Diop.
Le Président du Gie estime que c’est relatif, on peut faire des bénéfices 250 000 F, voire 300 000 F par jour comme, on peut perdre aussi 400 000 F en une journée.
Une parfaite entente avec les fournisseurs de poissons et fruits de mer
« Les samedis et dimanche, vous pouvez gagner 500 000 F CFA et en début de semaine, vous pouvez aussi perdre une somme importante. Le personnel que vous employez, il faut les payer à la descente. Nous payons journalièrement. Nous avons des charges car nous devons payer l’électricité, le bois de chauffe, l’eau. Les bénéfices servent à payer le personnel, les pêcheurs nous fournissent du poisson. Vous savez les vendeurs de poissons, nous ne leur donnons pas toute la somme. Nous donnons la moitié et après la vente, on leur verse l’autre partie. Nous sommes tous endettés ainsi que les vendeurs de poissons. Nous avons une parfaite entente avec nos fournisseurs. Parfois la rareté du poisson, fait augmenter les prix », a tenu à préciser M. Diop.
Des activités connexes se développent
M. Diop estime que leur travail consiste à griller le poisson mais d’autres activités sont menées notamment la vente de boissons, de l’eau fraîche, du café Touba, des fruits exotiques comme le « Madd ». Il y a des femmes qui vendent des ceintures en perles pour femmes et beaucoup d’autres produits.
Il y a les taximan qui se frottent les mains de même que les vendeurs de bois de chauffe et ceux qui vendent de l’eau dans les bidons.