L’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (Ansd), dans le rapport final « Enquête harmonisée sur les conditions de vie des ménages (Ehcvm) au Sénégal », révèle qu’en termes d’effectif, le nombre de pauvres a augmenté de 200 048 individus entre 2011 et 2018/2019 au Sénégal.
D’après le rapport final, des disparités sont notées sur le niveau de pauvreté selon le milieu de résidence. Et l’analyse du taux de pauvreté montre que les ménages du milieu rural sont plus exposés au phénomène de pauvreté que ceux du milieu urbain. Toujours d’après le document susmentionné, comparativement à l’Esps -II, les résultats de l’enquête Ehcvm indiquent qu’au niveau national le taux de pauvreté a baissé de 5 points de pourcentage entre 2011 et 2018/2019 pour se situer à 37,8%. Et cette tendance est observée dans les 3 strates (Dakar urbain, Autres urbains et Rural) avec des niveaux différents.
Toujours d’après le rapport, la plus forte baisse est enregistrée à Dakar urbain où le taux de pauvreté est passé de 14,2% en 2011 à 8,7% en 2018/2019, soit une baisse de 5,5 points de pourcentage. Il est suivi par le milieu rural où le taux est estimé à 58,7% en 2011 contre à 53,6% en 2018/2019, soit un repli de 5,2 points de pourcentage. Et dans les autres zones urbaines, le niveau de baisse est relativement faible comparativement aux autres milieux de résidence. Dans ce milieu, sur cette même période, le taux de pauvreté est passé de 30,9% à 29,9%, soit une baisse de 1 point de pourcentage.
« En termes d’effectif, le nombre de pauvres a augmenté de 200 048 individus entre 2011 et 2018/2019 au Sénégal, soit de 3,4% en valeur relative contre une augmentation de 25,1% de la population. À l’exception du milieu urbain de Dakar où le nombre de pauvres a baissé de 139 330, l’effectif des pauvres a augmenté dans les deux autres strates du pays, soit respectivement de 327 620 individus dans les autres zones urbaines et de 11 758 individus en milieu rural », renseigne le rapport.
Et le rapport de rajouter : « Pour bien apprécier l’évolution de la pauvreté, il est important d’appréhender les tendances notées pour la profondeur (écart entre la consommation moyenne des pauvres et le seuil de pauvreté) et pour la sévérité (différence de consommation au sein des populations pauvres). En 2018/2019, la profondeur (P1) et la sévérité (P2) de la pauvreté sont plus prononcées chez les ménages du milieu urbain que chez ceux du milieu rural. Pour la profondeur de la pauvreté, elle de 1,4 pour Dakar urbain, 7,6 pour les autres milieux urbains et 15,3 pour le milieu rural. Cette ruralité de la pauvreté est confirmée également par les résultats de l’enquête Esps II en 2011 ».
Diminution de la profondeur de la pauvreté sur les milieux de résidence
« Entre 2011 et 2018/2019, la profondeur de la pauvreté a diminué sur tous les milieux de résidence mais avec des proportions différentes. La baisse la plus importante est constatée en milieu rural où elle est de 4,7 points (15,3 en 2011 contre 20 en 2018/2019). Pour Dakar urbain et les autres milieux urbains, la baisse du gap de pauvreté est respectivement de l’ordre 1,7 et 1,1 point. Cette même tendance baissière sur la profondeur de la pauvreté est également observée pour la sévérité de la pauvreté qui est passée de 6,3 en 2011 à 3,9 en 2018/2019, soit une réduction de 2,4 points, reflétant ainsi une inégalité plus modérée entre les pauvres en 2018 », note le rapport.
D’après la source, concernant le niveau de dépense par tête selon le décile de bien-être et suivant le milieu de résidence, il est en hausse entre 2011 et 2018. Et cette tendance haussière du décile de bien-être sur cette période est plus importante à Dakar urbain suivie de la zone rurale. Elle reste également plus élevée pour les plus riches comparativement aux plus pauvres.
Le rapport souligne que les ratios inter-déciles, globalement en baisse sur la période 2011 à 2018/2019 quel que soit le milieu de résidence, traduisent une réduction de l’inégalité en particulier entre les plus riches et les plus pauvres.
« S’agissant de l’élasticité de la pauvreté par rapport à la consommation, elle indique qu’une augmentation de 1% de la dépense de consommation par tête des ménages entrainerait une baisse de plus de 1% aussi bien de l’incidence que de la profondeur et de la sévérité. Au niveau national, une augmentation du niveau de dépense -de consommation- par tête de 1% réduirait de 1,72 point de pourcentage le taux de pauvreté, de 2,34 points de pourcentage la profondeur de la pauvreté et de 2,77 points la sévérité de la pauvreté », note le rapport.
Evolution de l’extrême pauvreté
« A l’image du niveau de pauvreté monétaire globale, celui de l’extrême pauvreté s’est réduit de 5,4 points de pourcentage au niveau national entre 2011 et 2018/2019. Le niveau de baisse est plus important en milieu rural (-8 points), ce qui explique la diminution de la contribution du milieu rural à l’extrême pauvreté de 4,7 points et de l’effectif de la population vivant sous l’extrême pauvreté de 541 877. En milieu urbain de Dakar, l’extrême pauvreté a baissé de 1,8 point de même que sa contribution de 0,4 points. En conséquence, l’effectif des individus vivant sous l’extrême pauvreté a diminué de 55 671 à Dakar urbain. Concernant les autres centres urbains, la baisse de l’extrême pauvreté est de 1,3 point de pourcentage. Il faut noter que dans ces zones urbaines, l’effectif des individus vivant sous l’extrême pauvreté a augmenté de 24 841 comparativement à la situation de 2011 », explique-t-on dans le rapport.