Le collectif des éleveurs et maraîchers de Hamo « Tefess » qui se trouve dans la bande de filaos du littoral de Guédiawaye, dit niet aux déguerpissements.  Ils sont plus de 1000 jeunes à pratiquer l’élevage de moutons, bœufs, poules, le maraîchage, la pisciculture depuis plus d’une dizaine d’années sur les lieux. Au cours de leur rassemblement tenu ce mardi 23 avril 2024 sur leur lieu de travail, Ils ont demandé aux nouvelles autorités de faire l’audit du foncier dans le littoral de Guédiawaye pour faire la lumière.

M. Boubacar Diop, membre du collectif des éleveurs et maraîchers de la bande de filaos a tenu à préciser : « Ces derniers temps, nous avons fait un constat. Nous faisons ici de l’élevage, du maraîchage et tant d’autres activités. Le soi-disant promoteur, il était là parmi nous, il se nomme Pape Dieng. A notre grande surprise, il est venu avec des Caterpillar avec des nervis pour détruire nos poulaillers. Il n’y a aucune notification émanant des autorités compétentes pour nous faire quitter les lieux. Nous avons interpelé le sous-préfet qui n’était pas présent mais son collègue nous avait reçu. Nous lui avons expliqué la situation par rapport à ce qui se passe dans la bande de filaos. Il nous avait dit que le sous-préfet est en voyage et à son retour, il va lui faire un compte rendu. Comme le promoteur continuait à faire les déguerpissements, nous sommes partis voire le préfet et il nous a reçu et nous lui avons expliqué la situation. Le préfet nous a dit que cette terre appartient à l’Etat du Sénégal et seul l’Etat est habilité à nous faire partir ».

Il estime que le préfet leur a dit d’aller continuer leur travail sans bruit, ni bagarre. Et à leur grande surprise, le promoteur est revenu à la charge en détruisant beaucoup de poulaillers.

« Ils sont venus avec des tronçonneuses pour couper les filaos et pourtant ces plantes protègent les populations contre l’avancée de la mer. Et beaucoup de branches sont tombées sur les poulaillers et enclos de certains d’entre nous en causant beaucoup de dommages. Nous interpellons l’Etat sur ce qui se passe dans la bande des filaos de Guédiawaye à Malika. Il faut que le gouvernement fasse un audit de la bande des filaos. Nous n’allons pas quitter ce lieu. Nous attendons que l’Etat nous dise de libérer les lieux et nous allons exécuter cette décision », martèle M. Diop qui estime qu’ils sont plus de de 1000 jeunes qui s’activent dans l’élevage, le maraîchage.

M. Babacar Diop souligne qu’il y a des camions qui venaient nuitamment pour extraire du sable marin.

Les éleveurs soulignent qu’ils ont investi des millions sur les lieux.

Quant à M. Khadim Diouf, éleveur sur la bande du littoral, il avance : « Comme ce que Babacar Ngom a fait à Ndingler, c’est ce qu’ils veulent faire ici. Ces gens-là veulent s’accaparer de nos terres. Ils ont détruit presque tous les poulaillers et enclos dans notre zone. Maintenant, il n’y a plus de sécurité dans notre lieu de travail. Chaque jour, On vole nos bétails à cause de la destruction des murs aux alentours de nos poulaillers. Maintenant, nous sommes obligés de délaisser nos maisons pour venir passer la nuit au niveau de notre lieu de travail pour surveiller nos moutons, vaches, poules et autres. Nous avons investi des millions et les gens sont venus détruire tout. Il n’y a plus de sécurité pour nos bêtes. Nous sommes natifs de Guédiawaye, et nous avons valorisé ce lieu pendant une dizaine d’années ».

M. Diouf souligne que tous les habitants de Guédiawaye viennent ici pour acheter de la viande, des poulets, des produits issus du maraîchage.  Et ils n’entendent pas quitter les lieux.

M. Moustapha Thiam, éleveur souligne : « Nous avons occupé l’espace sur autorisation des eaux et forêts pour faire du maraîchage et de l’élevage. Ils nous ont fait un permis d’occupation pour que nous puissions travailler tranquillement ici. Il y a des gens tapis dans l’ombre qui se partagent de la bande du Littoral et nous attirons l’attention des nouvelles autorités. Nous lançons un appel pour que le gouvernement ouvre une enquête foncière pour éclairer la lanterne des sénégalais. Et après l’enquête, toute personne ayant commis une malversation au niveau du littoral, paye ou aille en prison. Nous sommes prêts à tout pour préserver notre lieu de travail. Nous n’avons reçu aucune notification pour quitter les lieux ».

Ils estiment que durant les fêtes de Korité, Tabaski, c’est eux qui fournissent aux populations de la viande de volaille et des moutons pour la Tabaski. Selon lui, le problème concerne tout le littoral.

« Ils ont détruit tout le littoral, ils ont coupé toute la bande de filaos. Et ils ont donné les terrains à des gens qui n’habitent même pas Guédiawaye. Ici, seul l’Etat du Sénégal peut nous faire partir mais pas un promoteur », dira-t-il.