Le Groupement ATMAR MARTALIA avait saisi le comité de règlement des différends (CRD) de l’Autorité de Régulation de la commande Publique (ARCOP) d’un recours visant la procédure d’attribution du contrat pour l’exploitation des chantiers de réparation navale au profit de la société d’infrastructures de réparation navale (SIRN) pour le compte du ministère de la pêche et de l’économie maritime. Ledit recours a été déclaré recevable, poussant l’ARCOP à ordonner la suspension du contrat. Les autorités même, si, elles ne le disent pas ouvertement, souhaitent ne pas reconduire la concession dont la fin est prévue en juin 2024, elles veulent aussi   intégrer la marine nationale dans le conseil d’administration de la SIRN. Les travailleurs de DakarNave invitent les nouvelles autorités à préparer un appel d’offres concurrentiel sur la base d’un cahier des charges ambitieux et structurant.

Par Massaër DIA (Lii Quotidien)

Contrat avec les portugais, « 25 ans de souffrance » selon les travailleurs

D’après les travailleurs, les portugais étaient pour leurs propres intérêts. Ils ne faisaient rien malgré les difficultés traversées par la société d’infrastructures de réparation navale (SIRN). Et c’est le nouveau DG de la SIRN qui prêtait à la société son propre argent pour payer les salaires.

« Le chantier de Dakar, détenu à 100% par LISNAve international, c’est ce chantier qui fait fonctionner LISNAVE. Le problème de LISNAVE, s’il perte le chantier de Dakar, il se pourrait Lisnave Portugal tombe en faillite. Le contrat avec Dakarnave est un contrat léonin, c’est un contrat dont nous avons vécu 25 ans de souffrance », soutient un travailleur.

Les directeurs généraux qui se sont succédés à la SIRN se sont toujours battus contre les portugais parce qu’ils estiment que c’est un contrat léonin où il y a un déséquilibre manifeste entre les intérêts de Dakarnave e, les intérêts de l’Etat du Sénégal et de la SIRN.

« Au moment où la SIRN avait des difficultés pour payer les salaires, Dakarnave à travers ce contrat, ramassait des milliards pour les ramener au Portugal. L’actuel directeur général, les deux mois qu’il a fait à la SIRN, c’est lui-même qui prêtait à la société de l’argent pour payer les salaires », confie un travailleur de la SIRN.

Les travailleurs de DakarNave invitent le nouveau régime à « préparer un appel d’offres concurrentiel sur la base d’un cahier des charges ambitieux et structurant tout en s’assurant des capacités réelles et dûment prouvées du soumissionnaire pour faire face aux défis notamment liés à l’exploitation du pétrole et du gaz. Ils exigent aussi l’engagement ferme du contractant à relever le plateau technique du chantier au meilleur standard international.

La volonté de l’Etat de ne pas reconduire la concession

Il faut souligner qu’il y a la volonté de l’Etat du Sénégal de ne pas reconduire le contrat de concession qui va prendre fin en juin 2024. Les autorités veulent intégrer la marine nationale dans le conseil d’administration de la SIRN, une manière de les impliquer car le site se situe dans une zone militaire.

D’après le contrat de concession, la convention générale dit que le contrat avait été signé pour une durée de 25 ans et renouvelable par tacite reconduction pour des périodes de 10 ans à moins que l’Etat du Sénégal décide de dénoncer le contrat 1 an avant sa fin.

Aujourd’hui pourquoi l’on ne souhaite pas que le contrat soit renouvelé et donné à un autre concessionnaire. Il y a beaucoup de raisons qui justifient cette non reconduction du contrat avec les portugais.

D’abord les portugais, les titulaires détiennent 60% du capital ; l’Etat détient 30% à travers la SIRN et 10% réservés aux entreprises nationales. Rien qu’avec cette donne, les portugais sont les plus avantagés que le Sénégal. Ils avaient presque la majorité et le Sénégal n’avait des miettes et cela durant 25 ans.

Maintenant avec un nouveau contrat et un nouveau concessionnaire, c’est le sénégal qui va gagner. En effet, le Sénégal pourrait voire sa part augmenter avec 60% jusqu’à devenir l’actionnaire majoritaire.

Les intérêts du groupe portugais Lisnave menacés après 25 ans ?

En mars 2024, il a été procédé, dans la salle de réunion du Ministère de la Pêche et de l’Economie maritime, à la réception et à l’ouverture des plis relatifs à la sélection d’un opérateur en vue de la concession des chantiers de réparation navale et du Centre de Formation et trois offres ont été reçues des candidats OZATA, DAMEN et PIRIOU.

Avec la fin de la concession qui arrive à grands pas, des sociétés soumettent leurs dossiers pour postuler.

OZATA, société dont le régime de Macky Sall avait attribué la concession

Il s’agit de la société turque Ozata, à qui le régime de Macky Sall, via son ministre de la Pêche et de l’économie maritime, avait attribué la concession avant son départ. Au-delà de la réparation navale, ladite société intervient dans la construction de navires de pêche, de passagers, de tankers et de navires rapides. Employant environ 250 personnes, elle dispose de deux chantiers navals, avec deux docks, basés en Turquie. En 39 ans d’existence, le groupe a construit 72 navires et en a réparé 403, soit en moyenne 10 navires par an. Son chiffre d’affaires annuel est estimé à environ 25 milliards de francs Cfa.

Le groupe portugais Lisnave, gérant depuis 25 ans de la concession

Le groupe portugais Lisnave qui, depuis 25 ans, gère le chantier naval du Sénégal, n’entend pas laisser le champ libre aux autres. Son champ d’action se limite à la réparation et à la maintenance, à travers deux chantiers navals basés au Portugal. Il comptabilise environ 80 réparations par an et un chiffre d’affaires annuel de 110 milliards de francs Cfa.

PIRIOU

Cette société française, qui a été créée en 1965, a comme domaine d’expertise la réparation, la maintenance et la construction de tous types de navires. Elle compte environ 1400 employés à travers ses 5 chantiers navals établis en

France, en Roumanie, au Vietnam, au Nigeria. En 55 ans d’existence, Piriou a construit

600 navires, en moyenne 11 bateaux par an, et 100 réparations par an. Son chiffre d’affaires est estimé à environ 190 milliards de francs Cfa par an.

Le Groupe Damen

C’est le conglomérat néerlandais de défense, de construction navale et d’ingénierie basé à Gorinchem, en Hollande méridionale. Le Groupe Damen, en 97 ans, a construit 10 mille navires, soit 100 navires par an en moyenne, et plus de 1500 réparations par an. Son expertise tourne autour de la réparation, la maintenance de terminaux portuaires, de dragage, offshore, de défense nationale et navires militaires, de transport, de pêche, de plaisance, de servitude portuaire, de reconversion. Il compte environ 12 500 employés, 35 chantiers navals dans 26 pays à travers le monde. Le groupe néerlandais intervient en Afrique du Sud, au Kenya, et collabore avec des partenaires en Djibouti et au Nigeria. Son chiffre d’affaires est évalué à environ 1635 milliards de francs CFA par an.