Le chantier de l’université Amadou Moctar Mbow de Diamniadio a-t-il été retiré au groupe ivoirien SNEDAI dirigé par Adama Bictogo ? La presse sénégalaise a fait état du fait que le contrat lui aurait été retiré à la demande du président Macky Sall en raison du retard accusé par le projet.

L’université, présenté comme un pôle d’excellence devant accueillir 30 000 étudiants et qui devait ouvrir en octobre dernier est en effet encore en chantier; l’état d’avancement du projet étant estimé à 35% après environ deux ans de travaux.

Interrogé par la presse ivoirienne ce 18 janvier à la faveur d’une cérémonie de présentation de voeux, Adama Bictogo, le patron de SNEDAI dont la filiale Marilys BTP conduit le consortium chargé d’exécuter le projet, a dénoncé « une information erronée publiée par le journal (sénégalais, ndlr) Libération ».

Il a soutenu qu’ « aucune notification » venant du gouvernement sénégalais lui avait signifiée dans le sens d’une résiliation, évoquant des surcoûts pour expliquer le retard sur le chantier.

En effet, l’homme d’affaires et homme politique ivoirien a indiqué qu’après avoir décroché le marché, à la suite d’un appel d’offres il y a 2 ans, il a été constaté que la nature du sol qui devait supporter les fondations des bâtiments était autre que ce qui avait été prévu dans le projet initial.

« (…) on a dû faire face à un sol argileux. Naturellement pour construire une université, il fallait donc faire des fondations plus solides. De 2 milliards FCFA (3,05 millions d’euros, ndlr)  nous sommes passés à des fondations qui nous ont coûté 15 milliards FCFA (22,9 millions d’euros,  ndlr). Donc, il y a eu un surcoût. On a donc pris sur nous de refaire l’étude. Dans la réalisation de l’étude, on s’est rendu compte que le projet était sous-évalué » a-t-il indiqué.

Un surcoût que le groupe a pris sur lui de supporter en attendant de trouver un accord avec le gouvernement sénégalais pour la prise en charge de cet imprévu.

« Au mois de juin, j’ai rencontré les autorités sénégalaises, le ministre des finances et le ministre de l’enseignement supérieur pour leur dire que le projet est sous-évalué et qu’il nous est difficile de continuer la construction de l’université qui initialement était prévue pour 128.000 m2 et on se retrouve à construire 250 000m², soit une augmentation de 50% de surface à construire », a-t-il expliqué.

Selon lui, les autorités sénégalaises ont admis que le projet était sous-évalué et alors qu’elles ont été saisies par « au moins 10 courriers pour plancher sur la réévaluation du marché », aucune suite n’a pour l’heure encore été donnée.

« (…) nous avons introduit un courrier de réévaluation et pour le moment, l’État ne nous a pas encore répondu ajoute-t-il. Par conséquent, nous ne pouvons pas continuer d’injecter énormément d’argent dans ce projet. (…) Nous ne sommes responsables d’une quelconque défaillance. Il peut avoir une responsabilité partagée par les deux parties. (…). Les bâtiments qui sont sous notre responsabilité, nous allons les finir mais sur la base du prix réévalué ».

« Donc pour l’heure, nous sommes sur le chantier » a-t-il assuré.

Sur l’éventualité d’un retrait du marché, Adama Bictogo souligne que la convention signée avec le gouvernement sénégalais prévoit des dispositions spécifiques et qu’il y est convenu qu’en cas de différend, l’arbitrage du « tribunal de Paris » serait sollicité.

Cette affaire rappelle un premier démêlé que le patron ivoirien avait eu il y a également deux ans avec l’Etat sénégalais au sujet du marché de l’édition des passeports biométriques confié à SNEDAI. Un marché qui avait finalement été résilié et qui avait coûté une fortune au Sénégal. Ce dernier avait en effet dû verser la bagatelle de 12 milliards FCFA au groupe au titre dommage et intérêt.