Tandis qu’un Africain sur deux n’a pas encore accès à l’électricité, le continent est en train d’inverser la tendance. Dans ce projet immense, les énergies renouvelables -en premier lieu le solaire et l’hydroélectrique- tiennent une place essentiel. Les énergies renouvelables permettront non seulement d’électrifier bientôt l’ensemble de l’Afrique, mais également d’assurer sa transition énergétique en douceur. Hannah Daly, analyste au département Perspectives de la demande énergétique de l’Agence internationale de l’énergie (IEA), présente quelques pistes de réflexion.
Environ 50% de la population africaine n’a pas encore accès à l’électricité. Comment explique-t-on cette carence ?
Hannah Daly : Les raisons de cette situation sont multiples, mais l’un des facteurs aggravants est la croissance importante de la population africaine ces dernières décennies. Actuellement, elle augmente encore de 5% par an, ce qui est considérable par rapport aux autres continents. La situation est très différente selon les pays mais, globalement, le réseau électrique classique n’a pas réussi à suivre cette évolution démographique rapide, et n’a donc pas non plus rattrapé son retard en termes d’équipements.
Un autre facteur important est l’incapacité d’une majorité de foyers africains à s’offrir un raccordement électrique, même quand ce type de service existe à proximité de leur logement. La connexion au réseau coûte cher, et le prix moyen du kilowattheure est relativement élevé par rapport aux revenus des habitants.
En quoi les énergies renouvelables constituent-elles une solution particulièrement adaptée à l’Afrique ?
H.D. : La plupart des pays du continent font face à des problèmes récurrents en termes d’investissements, à la fois de la part des compagnies privées, mais également des gouvernements. C’est particulièrement vrai pour les régions les plus isolées. Il sera toujours économiquement plus rentable et techniquement plus facile de multiplier les groupes électrogènes plutôt que de construire une centrale électrique classique. Dans ce cas de figure, les énergies renouvelables sont une excellente solution.
Par exemple, chaque foyer peut être équipé d’un petit panneau solaire qui couvrira l’essentiel de ses besoins. Les mini-centrales solaires, adaptées à la taille d’un village ou d’une petite ville, sont également intéressantes, en particulier pour les régions urbanisées, mais éloignées des centres de production d’électricité classiques.
De quelles sources d’énergies renouvelables l’Afrique dispose-t-elle en quantité importante ?
H.D. : Le soleil, bien sûr, nous en avons déjà parlé. C’est la principale source d’énergie renouvelable actuellement exploitée car elle ne demande pas d’investissements trop lourds. L’hydroélectricité et la géothermie se développent également très vite, mais elles nécessitent une gestion plus centralisée.
De manière générale, les pays d’Afrique de l’Est -notamment le Kenya et l’Éthiopie- sont ceux qui investissent le plus dans les énergies renouvelables, notamment l’hydroélectrique et la géothermie.
Les gouvernements en ont fait une priorité, et les investissements étrangers dans la région confortent cette politique. Le chemin à parcourir est encore long car, pour l’ensemble de l’Afrique, 80% de l’énergie consommée proviennent encore de sources dites traditionnelles, comme le bois ou les déchets ménagers, qui sont brûlés dans des fours anciens et peu performants. Cela a des conséquences sur l’accès à l’énergie, mais également sur la santé des riverains. Le développement des énergies renouvelables a donc un double impact positif.
(Source : https://afrique.latribune.fr)