Oxfam et son partenaire local l’ONG La Lumière ont apporté, du 06 au 08 août 2018, une assistance financière à 1466 ménages, soit 11 731 personnes vulnérables de la commune de Makacolibantang, région de Tambacounda, à l’Est du Sénégal.

« J’ai marché durant quatre heures pour arriver au centre de distribution de cash. Je n’ai plus rien à donner à manger aux enfants. C’est dur d’allaiter mon nouveau-né dans ces conditions », soupire la mère de quatre enfants, Roukiatou D. Celle-ci tenait endormi dans ses bras un bébé d’à peine quelques semaines.

Depuis qu’elle a arrêté de travailler la terre durant sa grossesse, la jeune femme de 28 ans comptait sur l’activité agricole de son mari pour entretenir la famille. « Malheureusement, mon mari n’avait plus de moyens pour me payer les consultations prénatales. Nos maigres ressources pouvaient à peine nous sauver de la faim », ajoute-elle, le regard lointain. L’arrêt précoce des pluies avait balayé leurs investissements dans les semences d’arachides et de mil.
Arborant un large sourire, C. Ouley est une veuve âgée de 40 ans et mère de 8 enfants dont elle s’occupe seule depuis la mort de son mari, trois ans plutôt. « Je faisais pratiquement la manche dans le quartier, comptant sur la générosité des voisins pour me donner un peu de mil ou de riz pour mes enfants. C’est difficile de vivre sans pouvoir nourrir ses enfants voire les envoyer à l’école », regrette celle qui dit sourire pour oublier.

Depuis qu’elle a arrêté de travailler la terre durant sa grossesse, la jeune femme de 28 ans comptait sur l’activité agricole de son mari pour entretenir la famille. « Malheureusement, mon mari n’avait plus de moyens pour me payer les consultations prénatales. Nos maigres ressources pouvaient à peine nous sauver de la faim », ajoute-elle, le regard lointain. L’arrêt précoce des pluies avait balayé leurs investissements dans les semences d’arachides et de mil.
Arborant un large sourire, C. Ouley est une veuve âgée de 40 ans et mère de 8 enfants dont elle s’occupe seule depuis la mort de son mari, trois ans plutôt. « Je faisais pratiquement la manche dans le quartier, comptant sur la générosité des voisins pour me donner un peu de mil ou de riz pour mes enfants. C’est difficile de vivre sans pouvoir nourrir ses enfants voire les envoyer à l’école », regrette celle qui dit sourire pour oublier.

Une région en proie au changement climatique

Durant les trois jours de la distribution de cash, des milliers de personnes de tous âges se sont présentées, malgré le climat capricieux allant, dans une même journée, d’une chaleur accablante remplacée par des bouffées d’air frais, à des pluies intermittentes. Les femmes allaitantes protègent du creux de leurs bras leurs nouveau-nés du soleil tandis que d’autres papotent, une main au menton.

Chaque jour, une multitude de gens parés de boubous aux couleurs vives se rassemblent dans la cour de l’école Fode Ansoukane de Maka Colibantang. Sur les bancs entassés, on pouvait lire les numéros de sièges écrits à la craie blanche et utilisés lors des derniers examens officiels. Dans quatre salles de classes différentes, ont été établi trois sites identifiés par le nom des villages desservis et une autre destinée à recevoir des éventuelles plaintes.

« L’année dernière la saison des pluies s’est écourtée pour laisser place à des rafales de vents. J’étais juste à côté de l’enclos quand la foudre s’est abattue sur mon modeste cheptel. J’ai perdu trois moutons, quatre chèvres et ma femme, sa seule vache », se lamenta le quinquagénaire Souleymane B, d’une voix teintée de tristesse. « J’ai eu de la chance, ce jour-là », ajouta-t-il l’air grave, tout en continuant à raconter son désarroi d’avoir perdu tout son bétail.

Dans cette zone de l’Est du Sénégal, les conséquences du réchauffement climatique sont dévastatrices pour les paysans : des bœufs et des chèvres morts de soif, des jardins endommagés par l’assèchement des mares en raison de l’arrêt précoce des pluies.

Banan C. est une cheffe de ménage de 45 ans, avec 8 personnes à sa charge. Elle se sentait aux bords du gouffre après avoir vu de ses 6 chèvres emportées par la sécheresse. Depuis la réception du cash donné par Oxfam et La Lumière, cette petite femme aux yeux perçants dit avoir un regain d’espoir. « C’est plus que ce que me rapporte les activités champêtres », se réjouit-elle, avant de s’exclamer : « Ma priorité est de nourrir ma famille, surtout avec la fête de la Tabaski qui arrive ».
« Je pourrai enfin emmener ma fille de trois ans à l’hôpital »

Créée en 2008, la région de Tambacounda dénombre 812 075 habitants et 46 communes dont Makacolinbantang. Cette commune enclavée compte 124 villages dont les plus reculés ont leur frontière avec la Gambie. Elle est la troisième la plus affectée où Oxfam et La Lumière sont les seules à apporter une réponse face à la menace de crise alimentaire. Selon la dernière analyse HEA (approche économique des ménages, en français), 60% des ménages vivant dans ces zones sont pauvres et 25% très pauvres.

« Cette assistance tombe à point nommé pour cette population, surtout en cette période de soudure. Avant la toute première distribution de juin dernier, ces familles n’avaient plus accès au stock de nourriture », déclare le Chef du Bureau régional à la Sécurité alimentaire à Tambacounda, M. Baboucar Mbaye Balde. Ce dernier a souligné l’implication de son institution à chacune des étapes ayant mené aux deux distributions de cash. La toute première avait été organisée en juin dernier.

De sa grande taille, l’homme de 56 ans, balayait du regard la foule amassée autour de lui devant la salle desservant son village, Maka Cissé. Ses joues creuses laissaient naître un sourire alors qu’il glissait prudemment les 75, 000 Francs CFA dans la poche de son pantalon, caché sous un grand boubou d’un bleu délavé à l’usure. A la première distribution, il avait reçu 45,000 FCFA, comme les autres.

« J’avais semé du maïs et des arachides. Quand la sécheresse a tout détruit, j’ai vendu quelques bétails pour acheter d’autres 30 autres kilos de semences. J’ai pu en tirer quelques sacs que j’ai vendus avant de garder le reste pour la famille. Depuis le mois de mai, nous avons tout consommé et je n’avais plus rien, jusqu’à ce que je reçoive cette assistance, au mois de juin », explique Ismaël B.

Ce fier père de vingt-six (26) enfants et époux de 4 femmes se réjouit de pouvoir acheter du riz, du mil et d’autres condiments pour la famille. Cependant, « Une partie de cet argent servira à soigner certains de mes enfants qui sont tombés malade, à l’approche de la saison des pluies. Ensuite, j’achèterai des semences et de l’engrais », sourit-il, le regard plein d’espoir.

Hormis les femmes allaitantes, les risques de cette crise alimentaire sont aussi élevés pour les enfants de moins de cinq ans. « Je pourrai enfin emmener ma fille de trois ans à l’hôpital. Depuis un mois, elle a des boutons sur le corps. Il n’y a que Dieu qui puisse vous bénir parce que vous me donnez la chance de pouvoir la traiter », remercie Awa D.

Assise sur l’un des bancs en attendant que la pluie cesse avant de rentrer chez elle, la jeune femme de 22 ans est venue remplacer sa mère infirme. Elles ont déjà convenu des achats de vivre alimentaires à faire avant de rentrer. Regrettant de n’avoir pas pu poursuivre ses études après la 8ème secondaire, dans un rire gêné, elle confie : « Nous n’avions que trois chèvres que ma mère gardait pour vendre l’une d’elles durant la période de soudure. Elles ont toutes été volées en décembre 2017. Je vends du café et du pain avec ma sœur ainée pour faire vivre la famille.»
8165 autres ménages encore sous la menace à Tambacounda

Les critères de ciblages ont été définis par les autorités régionales, communales et villageoises, partant des vulnérables chez les femmes et les enfants de moins de cinq ans. « Avant, certains achetaient à crédit et d’autres vendaient leur bétail pour nourrir leur famille durant les trois mois de la période de soudure. Nous ne nous attendions pas à cette assistance financière qui nous est d’un grand secours », a remercié le chef du village Sacré Silly Ba.

A quelques endroits dans la cour de l’école, des femmes ont improvisé des stands de galettes et biscuits locaux sous les arbres. Parmi les marchandes, Aissatou N. dit gagner sa vie avec ce petit commerce. Sous le soleil de plomb, des gamines faisaient des va-et-vient, glacière à la main, proposant des boissons rafraichissantes à acheter.

Oxfam et l’ONG La Lumière ont remis plus de 340 millions de Francs CFA aux ménages ciblés, atteignant un maximum de 8 personnes par ménage. Le chargé de projet à Oxfam, Mbaye Kane Dieng et le Secrétaire Exécutif de l’ONG La Lumière, Ibrahima Sorry Diallo, sont unanimes à affirmer qu’il y a urgence d’une plus forte synergie d’actions en faveur de la réponse à cette crise alimentaire et nutritionnelle.