Avec l’appui de la Fondation for a just society (FJS) et en collaboration avec des organisations locales telles que l’ADDAD-Sénégal, le Centre de Recherche et d’Action sur les Droits Économiques, Sociaux et Culturels (CRADESC) basé au Sénégal, a mené une étude, en 2021, portant sur les Droits des travailleuses domestiques en Afrique de l’Ouest. Les résultats de l’étude révèlent que 98,52% de ces femmes au Sénégal ne disposent de contrat écrit et 92,59% des travailleuses domestiques ignorent ce qu’est la sécurité sociale.

Et l’étude de préciser : «Les résultats de cette étude ont fait l’objet d’un rapport intégrant des recommandations fortes en faveur de la protection des droits de ces travailleuses. L’étude réalisée en 2021 a permis de constater de graves manquements à l’application des règles du travail et des violations des droits et libertés des travailleuses domestiques dont la grande majorité est âgée entre 15-25 ans (57%). La quasi-totalité (98.52%) de ces femmes et filles interrogées ne dispose pas de contrat écrit. Cette situation d’insécurité juridique débouche sur une absence quasi systématique de protection sociale. En effet, 90 % des travailleuses domestiques n’ont pas été déclarées à la sécurité sociale ».

Dr. Oumy Ndiaye, responsable des programmes au CRADESC a souligné :«La recherche, je repelle a inclus 9 pays, le Sénégal, le Mali, la côte d’ivoire, la Guinée, le Togo, le Benin, la Gambie et la Mauritanie. Ceci nous a permis en tout cas de faire l’état des lieux de la situation des travailleuses domestiques dans la sous-région ouest africaine. Pour ce qui est du Sénégal, nous avons fait focus sur la région de Dakar et nous nous sommes rapprochés de 528 travailleuses domestiques à l’issu de calculs statistiques qui nous ont permis d’aboutir à cet échantillon qui est représentatif sur toute la région de Dakar. Nous avons pris en compte leur origine également, elles provenaient le plus souvent des zones défavorisées mais également de la sous-région notamment au Mali, en Guinée ».

Et Dr. Oumy Ndiaye de rajouter : « Donc les résultats nous ont prouvé que la plupart d’entre elles étaient âgées de 15 à 25 ans mais nous relevons également la présence des mineures dans ce secteur, ce qui est à déplorer dans la mesure où le travail des enfants est vraiment banni selon notre code du travail par la loi. A côte de ce facteur, nous avons aussi trouvé une chose assez importante qui est le fait que ces jeunes filles sont instruites. La plupart d’entre elles, avaient le niveau secondaire, de plus de 60%, ce qui laisse présager des perspectives en matière de renforcement de capacités mais aussi en matière de formation à leur égard ».

Selon le responsable des programmes du Cradesc, l’étude a révélé de nombreuses violations allant des violences verbales, des violences physiques mais aussi et surtout les violences sexuelles.

« Il y a de nombreux cas de viols qui ont été répertoriés, ces jeunes filles nous ont fait des confidences glissantes. Mais ce qui est important de préciser, c’est que 98, 5% de ces travailleuses admettent avoir subi des violences tout type compris. En plus de ça, elles ne bénéficient pas de contrat de travail, qui dit contrat de travail, dit d’absence de protection sociale, 90% de l’échantillon, ne bénéficient pas de ce système de protection sociale », dira-t-elle.

Selon Dr. Oumy Ndiaye, l’étude a permis de relever que la plupart de ces jeunes filles recevaient mois de 27500 F CFA, ce qui est anormal, vu que le SIMIC au Sénégal est estimé à plus de 58 000 F.

Elle invite les autorités à prendre en compte ces facteurs mais aussi à ratifier la convention 189Et l’une des recommandations clés de cette étude, c’est d’inviter les acteurs de la société civile tant du niveau étatique que les associations de s’unir, de fédérer nos efforts en vue d’impacter sur le secteur, en vue d’avoir de meilleurs résultats.

Quant à Mme Penda Seck Diouf, présidente la synergie des actions des organisations de la société civile, l’élimination des violences basées sur le Genre, elle avance : « Nous sommes la société civile, invitée à al restitution de cette étude à cet atelier organisé par le Cradesc. A l’issu de l’atelier, nous sommes dans 16 jours d’activismes des violences faites aux femmes. On a soulevé un point important et rendu par l’étude, 91% de la cohorte des travailleurs domestiques sont des femmes et parmi ces 91%, de nombreuses parmi elles, ont soulevé des difficultés, des violences subies dans leur lieu de travail allant du harcèlement sexuel, quelque fois, on viole et à des violences économiques et même à des violences à coups et blessures. Ce dont, on s’est rendu compte, c’est que le milieu du travail, c’est un milieu où les femmes sont dans l’informel. Dans ce milieu, s’exercent également beaucoup de violences à l’encontre des femmes. L’étude a abouti à la mise place d’un comité de pilotage chargé de voir et d’interroger et de travailler pour la reconnaissance et le respect des droits de ces femmes en situation de travail ».

CHIFFRES CLÉS DE L’ETUDE

-57% des travailleuses sont âgées de 15 à 25 ans ;

– 92,59% des travailleuses domestiques ignorent ce qu’est la sécurité sociale ; 2,21% des travailleuses sont âgées de 12 et 15 ans ;

-90% des travailleuses n’ont pas été déclarées à la sécurité sociale ;

-32,35% des travailleuses domestiques n’ont pas fait d’études ;

-98,52% ne disposent de contrat écrit ;

-50,5%des travailleuses domestiques perçoivent moins de 27000 F CFA ;

-98,10%des travailleuses domestiques ont une fois subi des actes de violences chez leurs employeurs.