Un rapport intitulé : « Flux Financiers Illicites issus du Trafic de migrants : Tendances et Réponses en Afrique de l’Ouest » de la commission de la CEDEAO, révèle que les migrants sierra-léonais considèrent le Sénégal comme un centre de transit privilégié.

« Les restrictions de voyage entre la Sierra Leone et les pays voisins ne sont pas strictes en raison des relations bilatérales, de la politique de libre circulation et des frontières ouvertes de la CEDEAO. Les migrants sierra-léonais considèrent le Sénégal comme un centre de transit privilégié qui leur permet de travailler et de collecter des fonds pour leurs familles ou pour leur voyage à travers l’Afrique du Nord à destination de l’Europe ou du Moyen-Orient », précise-t-on dans le rapport.

D’après la source, des cas de Sierra-Léonais détenus ont été signalés au Sénégal, en particulier à Diamniadio, un district près de Dakar où de vastes projets de construction ont attiré une main-d’œuvre bon marché, dont des travailleurs clandestins.

« De retour, des migrants de Sierra Leone ont raconté à l’équipe de recherche comment ils avaient été détenus dans des maisons de passeurs à Diamniadio, où ils ont rassemblé des fonds pour leur voyage vers l’Europe. Au plus fort de la pandémie de Covid-19 en 2020, les forces de l’ordre sénégalaises ont mis fin à un réseau de passeurs composé d’agents sierra-léonais et sénégalais qui avaient emmené et hébergé des migrants sierra-léonais à Diamniadio », souligne-t-on dans le document.

Toujours d’après la source, en outre, la mine d’or de Kédougou attire un grand nombre de migrants venant de Sierra Leone, du Nigéria, du Mali, du Ghana et de Guinée, qui y travaillent pour envoyer de l’argent à leurs familles ou pour aller en Europe.

« Certains d’entre eux en situation irrégulière sont désespérés et incapables de payer la totalité des dépenses relatives à leur passage clandestin jusqu’à destination. Ils sont alors victimes de trafiquants qui exigent des frais de voyage compris entre 2 700 et 3 700 dollars. Les victimes féminines se livrent à la prostitution à Kédougou, tandis que les victimes de sexe masculin effectuent des travaux bon marché pour payer leurs frais de voyage très coûteux », note la source.

Voies terrestres du Sénégal à destination de l’Europe via l’Afrique du Nord

« Pour les Sierra-Léonais, le Sénégal sert de porte d’entrée vers l’Afrique du Nord. Les recherches sur le terrain montrent que les migrants sierra-léonais empruntent les voies terrestres du Sénégal en direction des pays d’Afrique du Nord, tels que le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et parfois la Libye. Des points de départ depuis le Sénégal vers l’Afrique du Nord ont été signalés21 dans des communautés du nord-ouest et du nord-est de la région de Louga. Le

Sénégal est, par ailleurs, un point de départ et de transit pour les migrants en route vers Agadez au Niger, vers la Libye et ensuite vers l’Europe », renseigne la source.

Mode de paiement à l’utilisation

D’après la source, les migrants en situation irrégulière voyageant du Sénégal vers l’Europe via l’Afrique du Nord ont déclaré préférer faire appel aux services de passeurs sur différentes portions du trajet, en particulier lorsqu’ils arrivent aux postes frontières et empruntent des itinéraires dangereux, comme la traversée du désert du Sahel22. Ce mode de paiement à l’utilisation leur a permis de réduire les coûts induits par leur dépendance constante vis-à-vis des passeurs à chaque étape du voyage, même dans des zones relativement sûres.

« Les passeurs sénégalais préfèrent le paiement intégral en espèces avant de se lancer dans un voyage avec paiement à l’utilisation et environ 60 % de la totalité des paiements en liquide sont réglés avant le départ23. Les frais payés pour chaque étape du trajet varient en fonction de la diversité des itinéraires et des options de voyage. Les migrants de retour du Sénégal qui ont utilisé cette méthode de paiement ont indiqué que le montant des dépenses réglées à leur arrivée à destination en Europe tournait autour de 600 à 800 dollars. Cette estimation des coûts est peu élevée par rapport à d’autres options, car les migrants interrogés, ayant choisi le mode de paiement à l’utilisation, préfèrent n’effectuer des paiements que lorsque cela est absolument nécessaire, afin de réduire les coûts. Les frais dépendent, cependant, d’un certain nombre de facteurs pris en compte tout au long des routes migratoires », conclut le document.