L’Association des Assureurs du Sénégal (A.A.S), en collaboration avec les services de l’État (Direction Nationale des Assurances, Direction Générale des Transports Terrestres, Forces de Défense et de Sécurité), a procédé ce jeudi 28 décembre 2023 au lancement de la digitalisation et la dématérialisation des attestations d’assurance automobile.

Mme Oumou Niang Touré, présidente de l’association des assureurs du Sénégal, dans son allocution, a souligné : « La cérémonie qui nous réunit aujourd’hui est d’une très grande importance car elle marquera un tournant dans l’évolution du marché sénégalais de l’assurance. Ce marché sénégalais de l’Assurance est exploité par 28 compagnies d’assurance dont 19 en dommages et 9 en vie ».

D’après Mme Touré, la crise sanitaire liée à l’épidémie de COVID-19 apparue au printemps 2020 a bousculé les équilibres pour la totalité des acteurs, dans tous les domaines. Et pour de nombreux acteurs, il a fallu trouver des solutions nouvelles, des idées novatrices pour poursuivre son activité dans un contexte d’isolement, de télétravail généralisé.

Elle poursuit : « Les acteurs du secteur de l’assurance ont été particulièrement touchés par cette crise, notamment avec les fermetures d’agences et le recours massif au télétravail, jusqu’alors peu développé dans ce secteur, particulièrement en raison du besoin du contact avec la clientèle. De nombreux acteurs de la vie économique étaient en avance en matière de digitalisation, mais les compagnies d’assurance, dans leur immense majorité, semblaient accuser un certain retard en la matière. C’est par la suite qu’ils ont fait preuve d’imagination pour continuer à offrir leurs services à leurs clients, notamment par le biais de la digitalisation de l’information. Les professionnels de l’assurance dans le monde se trouvent désormais confrontés au défi et à la nécessité de la transformation digitale. Celle-ci est en effet porteuse de promesses aussi bien en termes de coûts que d’efficacité. Elle est indispensable au secteur pour répondre aux menaces de disruption des nouveaux entrants ».

D’après Oumou Niang Touré, l’Association des Assureurs du Sénégal (AAS) a pris l’engagement de se restructurer en profondeur pour accompagner de manière efficace la transformation du secteur des assurances au Sénégal. Et c’est d’ailleurs dans cette optique qu’elle a inscrit dans ses grands chantiers la centralisation et la digitalisation des attestations d’assurances automobile pour tendre vers un marché plus dynamique et solidaire. Elle estime que l’urgence de mettre en œuvre ces dits projets repose, d’une part, sur l’évolution actuelle de la branche automobile qui a connu une baisse en 2022 et d’autre part sur des dérives notées dans la gestion des attestations d’assurances automobile.

L’assurance automobile représente 25% du chiffre d’affaires de l’assurance dommage

« L’assurance automobile occupe une place importante dans le portefeuille des compagnies d’assurance. Globalement, elle représente 25% du chiffre d’affaires de l’assurance dommage en 2022 juste derrière la branche maladie qui représente 27%. La mise en œuvre de la digitalisation dès 2024 pourra changer cette tendance et améliorer les chiffres de la branche automobile. Cette digitalisation de la souscription sera suivie par la mise en place d’une plateforme de suivi et de règlement des sinistres inter compagnie ce qui va fluidifier les échanges d’informations et faciliter le règlement des sinistres », conclut Mme Touré.

Le taux de pénétration moyen de l’assurance de 1,47% au Sénégal

Selon M. Ange Constantin Mancabou, représentant le ministre des Finances et du Budget, ce projet de digitalisation, qui marque le début d’une nouvelle ère dans l’industrie des assurances, est en parfaite adéquation avec la vision du Président de la République pour une dématérialisation du service public.

Il estime que c’est dans cet élan que le Trésor Public a développé la première solution de dématérialisation et de collecte d’amendes forfaitaires de la police de circulation, une initiative qui rentre dans le cadre de la modernisation des procédures administratives et dont la mise en œuvre effective est prévue en 2024.

Selon M. Mancabou, le secteur de l’Assurance sénégalaise va rentrer dans l’ère de sa transformation numérique, par le biais de l’assurance automobile, au moment où le texte sur l’assurance électronique est pratiquement finalisé au niveau de la Conférence Interafricaine des marchés d’Assurance (CIMA) et devrait être adopté très prochainement par les organes habilités.

« Au-delà de la question de sa transformation numérique, il me parait important de rappeler le défi majeur auquel reste encore confronté l’assurance sénégalaise, africaine en général, qui est le défi de l’inclusion.Dans la zone CIMA, le taux de pénétration moyen de l’assurance peine à dépasser 1% ; au Sénégal, ce taux est de 1,47% contre une moyenne africaine de 2,70% et une moyenne mondiale de 7,00% », dira-t-il.

Il poursuit : « C’est dire donc le chemin restant à parcourir pour rendre l’assurance accessible au plus grand nombre de nos populations, qui doit être apprécié comme un potentiel d’activités, une opportunité de croissance pour l’assurance africaine.

Le choix porté sur l’assurance automobile, pour entamer le processus de dématérialisation de vos activités, vous oblige à bien réussir cette ambitieuse innovation, en prenant en considération les préoccupations de l’ensemble des parties prenantes à cette assurance ».

Il estime que l’assurance automobile, qui représente une grande part de votre activité, mobilise plusieurs acteurs connexes intervenant dans la gestion de vos contrats.  Et elle cristallise cependant l’essentiel des motifs d’insatisfaction des usagers vis-à-vis de l’assurance, et participe grandement au déficit d’image qui affecte la profession.