En pleine résurgence de la pandémie de coronavirus dans le monde, des États africains ont pris le pari risqué de mettre sur orbite des plans de relance. Leurs économies, malmenées par la crise sanitaire, sont sorties de 2020 essoufflées, mises à rude épreuve. Elles ont tout simplement saigné au plan financier pour soit venir en aide à leurs populations, soit pour sauvegarder les derniers pans de l’économie. Malgré tous ces efforts considérables consentis dans la lutte contre la Covid-19, les États peinent encore à se séparer de cet intrus fort encombrant qui continue de faire des dégâts. C’est donc en toute légitimité qu’ils ont déroulé leurs plans et stratégies de relance de leur économie d’autant qu’ils ignorent, pour le moment, quand cette pandémie lèvera les voiles.

Relancer l’économie avec quelles ressources financières ? La question mérite d’être posée, si l’on sait que les États, à l’image du Sénégal qui avait mis en place le fonds Force-Covid-19 doté de 1.000 milliards de FCfa, avaient déjà cassé leur tirelire pour faire face aux nombreuses dépenses engendrées par la crise, notamment dans le secteur de la santé. Entre renoncement d’impôts, subventions aux acteurs de l’économie, assistance sociale aux ménages, financement des entreprises, ces différentes mesures ont porté un sacré coup aux trésoreries des États. Une situation qui a conduit ces derniers à se lancer dans un mouvement de recherche de fonds. Le levier budgétaire a été activement sollicité avec des réajustements et des réaffectations de ressources.

Mais les conséquences étaient si désastreuses que ce mécanisme s’est révélé insuffisant face au gap abyssal du besoin de financement. Ceci a donc poussé les États, les institutions multilatérales à trouver d’autres voies et moyens pour disposer de marges budgétaires afin de faire face aux effets de la pandémie.

De la mise en place de l’Initiative de suspension du service de la dette (Issd) en faveur des États à faible revenu aux émissions de titres publics sur les marchés financiers en passant par la récupération des quotes-parts des Droits de tirages spéciaux (Dts) au Fonds monétaire international (Fmi), et les injections de liquidités des banques centrales, d’importants leviers ont été activés pour trouver des réponses à la lancinante question du financement. Aujourd’hui, un nouveau défi se pose aux États africains inscrits dans une dynamique de relance de leur économie. Il s’agit de disposer des ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de ces dits plans. Quels mécanismes faudrait-il alors privilégier ? Plusieurs options s’offrent à eux. Il s’agit des émissions d’obligations internationales, des Partenariats public-privé (Ppp), de l’épargne domestique (marchés régionaux). Les États se doivent d’éviter de creuser inutilement le niveau d’endettement au plan international qui ne fera que réduire leur capacité de solvabilité et remettre en question leur signature vis-à-vis des investisseurs. La situation devient plus risquée, surtout pour la dette commerciale.

Le recours aux eurobonds et les plaidoyers de suspension de services de la dette sont d’autant plus préoccupants que les agences de notation internationales ont récemment mis en garde les États qui ont bénéficié de l’Issd. Le 17 février dernier, Standard & Poor’s affichait son intention de procéder à une réévaluation des pays qui seraient tentés de solliciter un décalage des échéances de remboursement des prêts contractés auprès des créanciers privés. Et d’autres agences n’ont pas hésité à menacer de rétrograder les notes souveraines des États qui demandaient un report des échéances.

Pour ralentir leur rythme d’endettement extérieur, les États gagneraient à renforcer leurs dispositifs internes de mobilisation de recettes à travers l’élargissement de l’assiette fiscale, à créer un environnement des affaires propice pour mieux attirer les Investissements directs étrangers (Ide) et à recourir aux marchés financiers régionaux. Sur ce dernier point, l’initiative conjointement lancée par l’Umoa-titres et la Bceao de mettre en place des Obligations de relance (Odr) permettra, par exemple, aux États de l’Uemoa, de lever des ressources en monnaie locale avec moins de risques de change.

Par Abdou DIAW, Journaliste économique