Un document intitulé « Bus à haut niveau de service (Brt) à Dakar : Rapport de l’enquête d’évaluation de l’impact sur la main-d’œuvre 2020 », commandé par la Fédération internationale des ouvriers du transport (Itf), révèle que  Jusqu’à 10 000 emplois dans le secteur informel de Dakar pourraient être menacés, si on n’intégrer pas  les travailleurs informels dans le projet de bus à haut niveau de service (Brt).

 « Jusqu’à 10 000 emplois dans le secteur informel de Dakar pourraient être menacés faute de mesures supplémentaires pour intégrer les travailleurs informels dans le projet de bus à haut niveau de service (Brt) de la ville, met en garde un rapport commandé par la Fédération internationale des ouvriers du transport », précise le rapport.

Le document met en lumière la réalité vécue par les travailleurs du secteur informel des transports publics à Dakar et les principaux problèmes auxquels ils sont confrontés, notamment la précarité de l’emploi, les bas salaires, les longues journées de travail, le harcèlement et le manque de formation ou de voies d’accès à un travail formalisé.

 « La Covid-19 a révélé les vulnérabilités des travailleurs du secteur des transports, en particulier des travailleurs informels, » déclare Papa Sakho, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, l’un des auteurs du rapport .

Seuls 6 % des travailleurs des transports informels bénéficient d’un contrat de travail

Le rapport constate des niveaux d’insécurité extrêmes chez les travailleurs des transports informels de Dakar, dont seulement 6 % déclarent bénéficier d’un contrat de travail avec leur employeur. Les femmes seraient moins susceptibles d’avoir un contrat de travail, 2,5 % en bénéficiant contre 7,5 % pour les hommes. Deux tiers des travailleurs interrogés (68,7 %) n’avaient pas d’emploi régulier et 57 % ont déclaré que leurs revenus provenaient directement des tarifs payés par les clients.

76,5 %  des travailleurs informels ne sont pas au courant du projet

D’après le rapport, les travailleurs informels interrogés dans le cadre du rapport étaient très peu sensibilisés au Brt, 76,5 % d’entre eux déclarant ne pas être au courant de ce projet. Bien que cette situation ait probablement évolué depuis que les travaux du Brt ont commencé, elle souligne le déficit de mesures envisagées pour impliquer les travailleurs dans la phase initiale du projet. « C’est quand je suis revenu du village … que j’ai entendu parler de notre déguerpissement. Je n’ai même pas encore été recensé et c’est par voie de presse que j’ai appris que les travaux du BRT démarrent, » a déclaré un commerçant. Plus de 56 % des personnes interrogées ont déclaré qu’elles risquaient de perdre leur emploi à cause du Brt.

Recommandations

Le rapport formule plusieurs recommandations visant à assurer une transition équitable et inclusive vers le Brt, en commençant par inviter les travailleurs informels et les syndicats à prendre part au processus de consultation.

Il est également recommandé que les propositions des travailleurs eux-mêmes au sujet de la formalisation de leur industrie soient prises en compte. Parmi ces propositions : davantage de possibilités de formation professionnelle, en particulier pour les femmes, la priorité donnée aux travailleurs informels dans le recrutement du Brt, et l’amélioration des espaces de travail, notamment par la mise à disposition d’installations telles que des toilettes, des abris et de l’eau potable.

 « Nous demandons au Cetud, aux autorités sénégalaises, à la Banque mondiale et aux autres bailleurs et investisseurs internationaux de donner la priorité au bien-être des milliers de travailleuses et travailleurs informels dans le projet de BRT, » déclare Bayla Sow, représentant de l’Itf  pour l’Afrique francophone.