En une décennie les exportations japonaises vers l’Afrique ont été réduites de moitié à environ 7 milliards de dollars. Le pays qui accueille près d’une cinquantaine de chefs d’Etats africains à la 7e conférence TICAD réitère sa stratégie basée sur l’appui au développement des compétences locales à la place de l’aide classique, avec comme fer de lance les entreprises nippones.
Puissance régionale et grande rivale de la chine en Asie, le Japon a mis du temps à exploiter le potentiel africain pour ses entreprises, largement distancées par les sociétés européennes, américaines ou chinoises en Afrique. Le pays compte se rattraper en accélérant le rythme de ses investissements en s’appuyant notamment sur ses entreprises. Dans son discours d’allocution à la septième édition de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), tenue du 28 au 30 août à Yokohama, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe appelle à développer un partenariat commercial à la place de l’aide au développement et promet de prendre «toutes les mesures nécessaires pour aider les entreprises japonaises à faire des percées en Afrique».

Former et développer le savoir-faire local
Pour ce faire, le Japon s’appuiera sur ses entreprises encore sous-représentées sur le Continent par rapport à leurs concurrentes chinoises. Le gouvernement japonais mise sur le transfert des technologies pour concrétiser ce modèle de coopération. Au total près de 3 000 personnes devraient être formées au Japon d’ici 2025, dans le cadre d’un vaste programme de développement des ressources humaines pour le Continent. Le développement des compétences locales par le transfert de technologies est aujourd’hui l’une des principales revendications des pays africains, désormais plus conscients des enjeux liés au développement du savoir-faire au niveau local.

«Je pense que le Japon peut nous accompagner dans la formation de nos ressources humaines. Vous savez que la Guinée manque cruellement de compétences, or Shinzo Abe a fait de la formation des cadres l’un des axes de sa politique envers l’Afrique», a déclaré Alpha Condé, président guinéen sur RFI.

Il s’agit de mettre davantage l’accent sur l’assistance technique, un type de partenariat plus représentatif de la philosophie japonaise. Il consiste à contribuer au développement de la capacité de sorte que le pays bénéficiaire puisse se développer de façon autonome, comme l’a rappelé Shinichi Kitaoka, président de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), à la veille de l’ouverture de la conférence.

Faible présence sur le marché africain
Au cours de ces trois dernières années, le Japon a investi près de 20 milliards de dollars en Afrique. Sur la période 1993-2018, le pays a accordé 47 milliards de dollars aux pays africains sous forme d’aide publique au développement. Un peu plus de la moitié du montant (60 milliards de dollars) des investissements promis par la Chine en Afrique sur trois ans lors du 3e Forum de coopération entre l’Afrique et la Chine en 2018. Les exportations japonaises se sont établies à près de 7 milliards de dollars en 2018, soit une baisse de 50% sur une décennie.

L’édition TICAD 2019, placée sous le thème «Faire avancer le développement en Afrique par les ressources humaines, les technologies et l’innovation», vise à redynamiser cette coopération.
Les chefs d’Etats africains présents sont accompagnés de fortes délégations d’hommes d’affaires du Continent pour nouer des partenaires stratégiques avec des entreprises japonaises.
https://afrique.latribune.fr