D’après la Banque Mondiale, le commerce et les investissements ont été les deux moteurs de la croissance ayant permis à des centaines de millions de personnes d’échapper à la pauvreté dans le monde.

« Partout dans le monde, le commerce et les investissements ont été les principaux moteurs de la croissance des économies en développement et ont permis à des centaines de millions de personnes d’échapper à la pauvreté. Cependant, le fractionnement de son marché intérieur a empêché l’Afrique de s’inscrire pleinement dans ce mouvement. La finalité de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est précisément de changer la donne. Pour la première fois, l’accord conclu entre 54 pays représentant une population totale de 1,3 milliard d’habitants et un PIB de 3 400 milliards de dollars devrait créer un marché unique à l’échelle du continent. Des échanges et des investissements plus faciles et une concurrence plus vive permettraient ainsi à l’Afrique de gagner en attractivité aux yeux des acteurs des chaînes de valeur régionales et des investisseurs », souligna la Banque mondiale. 

D’après la source, selon une étude de la Banque mondiale, cet accord a le potentiel de générer des avantages économiques et sociaux importants, sous forme d’une croissance économique plus rapide, de revenus plus élevés et d’une réduction de la pauvreté. Et Il aiderait l’Afrique à diversifier et industrialiser son économie, et à être moins dépendante de l’exportation d’un petit nombre de produits de base tels que le cuivre, le pétrole et le café. Et les femmes et les travailleurs qualifiés en seraient parmi les premiers bénéficiaires, avec néanmoins des variations selon les pays.

« Mais beaucoup dépendra de la réussite des négociations et de la mise en œuvre de l’intégralité des objectifs les plus ambitieux de l’accord. La concrétisation effective des engagements de la ZLECAf sur le terrain doit devenir une priorité pour les signataires de l’accord et il faudra pour cela une volonté et une impulsion politiques », renseigne la source.

Réduction du nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté de 40 millions

« La première phase de l’accord, entrée en vigueur en janvier 2021, éliminera progressivement les droits de douane sur 90 % des marchandises et réduira les obstacles au commerce des services. À elle seule, cette mesure permettrait de développer les échanges et d’augmenter le revenu réel de 7 % d’ici à 2035, réduisant ainsi le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté de 40 millions pour atteindre 277 millions, d’après un rapport de la banque mondiale publié en 2020. Environ deux tiers des 450 milliards de dollars de revenus supplémentaires potentiels résulteraient de la suppression des longs délais aux frontières et de la baisse des coûts commerciaux, ce qui permettrait aux entreprises africaines d’intégrer plus facilement les chaînes d’approvisionnement régionales et mondiales », note la Banque mondiale.

D’après la source, une étude publiée récemment   examine deux scénarios pour montrer que les avantages pourraient être encore plus importants si l’on considère non seulement les retombées de la libéralisation des échanges, mais aussi celles liées à la hausse des investissements et à une plus grande intégration commerciale qui, au-delà des questions frontalières, s’attache à lever les barrières à l’investissement et les obstacles internes.

Augmentation du revenu réel de 8 % en 2035

« Le premier scénario rend compte des investissements directs étrangers (IDE) supplémentaires que la ZLECAf devrait attirer, en provenance d’Afrique et d’autres parties du monde. Les IDE sont essentiels, car ils apportent des capitaux, des technologies et des compétences. En outre, s’ils sont associés aux investissements nationaux, ils aideront les économies africaines à se diversifier dans de nouveaux secteurs de l’agroalimentaire, de l’industrie manufacturière et des services pour les marchés nationaux, intra-africains et extra-africains. Selon ce scénario, le revenu réel pourrait encore augmenter pour atteindre environ 8 % en 2035 (506 milliards de dollars), et le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté diminuerait de 45 millions », souligne la Banque mondiale.

Et le document de rajouter : « Le deuxième scénario évalue l’impact si l’accord est élargi comme prévu de l’harmonisation des politiques en matière d’investissement, de concurrence, de commerce électronique et de droits de propriété intellectuelle. Une intégration plus poussée dans ces domaines permettrait de créer des marchés équitables et performants, d’améliorer la compétitivité et d’attirer encore plus d’IDE en limitant les risques liés aux changements de réglementation et de politique. Ce scénario permettrait de générer des augmentations de revenus de 9 % d’ici 2035 (571 milliards de dollars) et de réduire de 50 millions le nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté (soit une baisse de 16 % par rapport au taux d’extrême pauvreté prévue en 2035 sans la ZLECAf) ».

Le secteur privé africain, notamment les PME pourraient bénéficier de la zone de libre-échange

« La mise en œuvre de l’accord se heurte toutefois à plusieurs difficultés. Le secteur privé africain, notamment les PME qui pourraient bénéficier de la zone de libre-échange, doit mieux maîtriser les différentes dispositions de l’accord pour savoir comment celles-ci par exemple la libéralisation du commerce des services peuvent être mises à profit pour développer leurs activités. C’est ce qui s’est produit en Amérique centrale où le secteur privé s’est organisé dans le cadre du Système d’intégration centraméricain, une fédération de chambres et d’associations d’exportateurs qui assure un suivi régulier de la mise en œuvre des engagements commerciaux », note la source.

Les agences gouvernementales invitées se familiariser avec la ZLECAf

 « Les entreprises africaines devraient aussi considérer les possibilités nouvelles, et non se contenter de réagir par peur de la concurrence des importations.  Outre les ministères du Commerce impliqués dans les négociations, d’autres agences gouvernementales de chaque pays devraient également se familiariser avec la ZLECAf et comprendre le rôle clé qu’elles pourraient être appelées à jouer dans sa mise en œuvre sur le terrain. Il est primordial de s’attaquer aux barrières non tarifaires et aux obstacles qui entravent le passage transfrontalier des marchandises.  Il en va de même de la levée des restrictions au commerce des services, chaque pays appliquant aujourd’hui sa propre réglementation dans des secteurs tels que la logistique et le transport, les services financiers, le tourisme et les communications », note la Banque mondiale

Toujours d’après la source, la signature de l’accord n’est donc qu’une première étape. Il faudra aller beaucoup plus loin pour recueillir tous les bénéfices potentiels de la ZLECAf en matière de commerce, d’investissement et d’emploi. Et les nations africaines devront soutenir le travail du secrétariat permanent chargé d’administrer l’accord, basé à Accra, au Ghana. Et les lois et réglementations nationales devront être harmonisées avec les modalités de l’accord sur l’investissement, les droits de propriété intellectuelle, la concurrence et le commerce numérique.

Les pays africains invités à encourager la libéralisation progressive du commerce transfrontalier

«  Et pour résoudre les problèmes structurels qu’ils connaissent de longue date, les pays africains devront également : encourager la libéralisation progressive du commerce transfrontalier et des politiques d’investissement, conformément aux dispositions de l’accord, afin de jeter les bases des chaînes de valeur régionales en Afrique ; rationaliser les procédures douanières et frontalières et moderniser les infrastructures afin de réduire les longs délais qui ralentissent les mouvements transfrontières des marchandises et renchérissent les coûts commerciaux, et mettre sur pied des plateformes logistiques efficaces ;renforcer le commerce transfrontalier et l’investissement dans les services, en facilitant le commerce des services numériques, en supprimant les restrictions en matière d’IDE et en libéralisant la circulation des travailleurs. Il appartient maintenant aux États membres et à leurs champions de prendre l’initiative, en collaboration avec le secteur privé et la société civile, pour faire en sorte que la promesse de la ZLECAf puisse enfin changer la donne en Afrique, pour le plus grand bien de ses habitants », précise la source.