La Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), dans son document : « Rapport sur la politique monétaire sur l’UMOA-Décembre 2023 », estime qu’au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, la gestion budgétaire dans l’UEMOA laisse apparaître, en référence à la même période de l’année précédente, un accroissement de 483,6 milliards du déficit base engagements.

« Au cours des neuf premiers mois de l’année 2023, la gestion budgétaire dans l’UEMOA laisse apparaître, en référence à la même période de l’année précédente, un accroissement de 483,6 milliards du déficit base engagements, dons compris, en raison de la hausse des dépenses (+2 158,4 milliards) plus importante que celle des recettes budgétaires et dons (+1 674,8 milliards) », souligne la Bceao.

D’après la Bceao, L’accroissement des dépenses est en liaison avec la hausse des charges courantes, notamment le coût des revalorisations de salaires et indemnités adoptées dans les États membres en 2022 et la poursuite des investissements inscrits dans les plans nationaux de développement.

Quant à la hausse des recettes publiques, la Bceao précise qu’elle porte l’empreinte de l’orientation favorable de l’activité économique. Et dans ces conditions, le déficit budgétaire global, base engagements, dons compris, est ressorti à 4.333,1 milliards, contre 3.849,5 milliards un an plus tôt, soit une hausse de 483,6 milliards. La source précise qu’en pourcentage du PIB, ce déficit est demeuré stable, par rapport à 2022, à 4,7%.

« Le financement de ce déficit a été réalisé par la mobilisation de ressources sur le marché financier régional et auprès des partenaires techniques et financiers. Sur le marché financier régional, les conditions de financement des États se sont durcies par rapport à septembre 2022, à la fois sur les compartiments des bons et des obligations du Trésor, avec des taux d’intérêt et de rendement moyens pondérés en hausse », renseigne la source.

Une augmentation de 1.674,8 milliards des recettes et dons

« Les recettes budgétaires et dons des États membres de l’Union se sont élevés à 15.394,5 milliards au terme des neuf premiers mois de l’année 2023, contre 13.719,7 milliards à fin septembre 2022, soit une augmentation de 1.674,8 milliards ou 12,2%. Cette hausse résulte principalement de la progression des recettes fiscales (+12,9%) en lien avec la bonne tenue de l’activité économique dans les pays de l’Union. Les dons budgétaires, estimés à 883,5 milliards à fin septembre 2023, sont en hausse de 3,3% par rapport à la même période de 2022, en lien avec l’augmentation des appuis des partenaires techniques et financiers », précise la Bceao.

Accroissement de 12,3% des dépenses totales et prêts nets

« Les dépenses totales et prêts nets se sont accrus de 12,3% pour s’établir à 19.727,6 milliards à fin septembre 2023, contre 17.569,2 milliards un an plus tôt. Cette évolution est principalement imputable à la hausse des charges courantes (+13,7%) ainsi que celle des dépenses en capital (+9,0%). En particulier, la progression des dépenses courantes provient de celle des charges financières sur la dette (+19,3%), des dépenses du personnel (+15,6%) et des transferts et subventions (+3,2%). Les mesures de revalorisations de salaires et indemnités, adoptées en 2022 pour préserver le pouvoir d’achat des populations dans certains États membres de l’Union ont notamment accru la masse salariale », souligne la source.

Solde budgétaire et financement

« Eu égard aux évolutions susvisées, le déficit budgétaire de l’UEMOA, base engagements, dons compris, au cours des neuf premiers mois de l’année, est ressorti en hausse à 4.333,1 milliards contre 3.849,5 milliards un an plus tôt. En pourcentage du PIB, il s’est établi à 4,7% du PIB à fin septembre 2023. Pour la couverture de ce déficit, les États membres ont sollicité, pour l’essentiel, le marché financier régional et les concours financiers auprès des bailleurs externes », note la source.

Émissions sur le marché régional de la dette publique

« Les ressources levées par les États membres de l’UEMOA sur le marché régional de la dette publique, au cours des trois premiers trimestres de l’année 2023, se sont établies à 7.760,0 milliards, en hausse de 1.393,3 milliards ou 21,9% par rapport aux trois premiers trimestres de l’année 2022. Le compartiment court du marché a été le plus dynamique, avec une hausse de 108,7% des émissions de bons contre une baisse de 4,1% des émissions d’obligations », souligne la source.

D’après la Bceao, les émissions nettes (déduction faite des remboursements) se sont établies à 1.976,2 milliards sur la période, contre 2.941,2 milliards un an plus tôt. Sur le compartiment des bons du Trésor, les États membres ont mobilisé 3.059,5 milliards au 30 septembre de l’année 2023, soit 39,4% des ressources levées sur le marché financier régional, contre un montant de 1.466,3 milliards un an auparavant. Et les émissions de maturité 12 mois ont été les plus sollicitées, avec une valeur globale de 1.329,5 milliards, soit 43,5% des bons émis sur la période, suivies des émissions de maturité de 6 mois (905,3 milliards ou 29,6%) et de 3 mois (824,7 milliards ou 27,0%).

4.700,5 milliards levés par les Trésors publics

« Au niveau du compartiment des obligations, les Trésors publics ont levé 4.700,5 milliards (60,6% des ressources levées sur le marché) au cours des trois premiers trimestres de l’année 2023, contre 4.900,4 milliards à la période correspondante de l’année précédente. En particulier, le montant des obligations émises sur le marché par adjudication s’est élevé à 3.378,9 milliards, soit 71,9% du total des obligations. Le montant émis sur le compartiment de la syndication s’est établi à 1.321,6 milliards ou 28,1% du total des obligations. Au total, les émissions d’obligations ont concerné les maturités de 2 ans (52,8 milliards), 3 ans (2.626,3 milliards), 5 ans (921,0 milliards), 7 ans (762,4 milliards), 10 ans (80,0 milliards) et 15 ans (258,0 milliards) », note la source.

D’après la Bceao, les conditions de financement sur le marché de la dette publique se sont globalement resserrées au cours des trois premiers trimestres de l’année 2023 par rapport à la même période de l’année précédente. Et le coût moyen des ressources levées par les États membres s’est accru pour la plupart des maturités, tant sur le compartiment des bons que sur celui des obligations du Trésor.

« Pour les bons de maturités 3 mois, 6 mois et 12 mois, les taux moyens pondérés ont, sur les neuf premiers mois de 2023, atteint 5,14% (+2,51 points), 6,33% (+3,75 points) et 6,59% (+3,54 points). Au niveau des obligations, les taux de rendement se sont élevés sur les maturités de 3 ans à 7,18% (+1,87 point), 5 ans à 6,84% (+1,50 point), 7 ans à 6,13% (+0,39 point), 10 ans à 6,41% (+0,53 point) et 15 ans à 6,07 (+0,31 point).

Ces évolutions pourraient s’expliquer, entre autres, par les tensions observées sur le marché, en lien avec sa forte sollicitation. Dans l’ensemble, le taux moyen pondéré sur les bons du Trésor s’est établi, en moyenne, à 6,12% en 2023 contre 2,80% un an plus tôt. Au niveau des obligations, les rendements se sont chiffrés en moyenne à 6,87% sur les neuf mois de 2023, en hausse de 124 pdb par rapport à 2022 », renseigne la source.