Le Chef de mission du FMI pour le Sénégal annonce la révision à la baisse des taux de croissance de notre pays pour 2023 et 2024. Pendant, ce temps, l’inflation est à la « hausse » mais la dette reste « soutenable ».
« L’économie sénégalaise n’a pas encore repris son rythme d’avant la pandémie ». C’est ce qui ressort des conclusions du Fonds monétaire international (Fmi). Son Chef de mission à Dakar a révélé mardi que plusieurs facteurs bloquent la pleine reprise de l’activité économique. « Plusieurs forces externes et internes continuent de freiner la pleine reprise de l’activité économique. Il y a eu le covid, la guerre en Ukraine, l’augmentation des prix du pétrole, des produits alimentaires et dernièrement la crise au Moyen orient. Au niveau interne, au début de cette année, il y a eu certaines tensions sociopolitiques qui ont aussi contribué à ceci. Il y a aussi le retard dans la production des hydrocarbures qui est maintenant attendue à la seconde moitié de 2024 », a déclaré M. Edward R. GEMAYEL lors d’une conférence de presse conjointe avec le ministre sénégalais des finances et du budget, Mamadou Moustapha Ba sur les conclusions de la première revue du nouveau programme économique et financier soutenu par le Mécanisme Élargi de Crédit (MEC), la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et la Facilité de Résilience et de Durabilité (FRD) qui s’est tenue du 12 au 24 octobre. Cette situation n’est pas sans conséquences. Loin s’en faut. En effet, elle est à l’origine de la révision à la baisse par le FMI des taux de croissance du Sénégal pour 2023 et 2024 mais aussi de la révision à la hausse de l’inflation. « Pour 2023, nous avons révisé notre croissance de 5,3% à 4,1% pour l’année. L’inflation nous l’avons aussi révisée vers la hausse. On était à 3,1%, actuellement on est à 6,5% et le concourant au niveau des balances n’est pas énorme. Actuellement on l’estime à 14,5% du PIB, une légère augmentation par rapport à ce qu’on avait avant à 13,3% », indique le Chef de mission du FMI. « Pour 2024, nous avons aussi révisé à la baisse la croissance de 10,6% à 8,3% principalement à cause du retard au niveau de la production des hydrocarbures. L’inflation nous l’avons aussi révisée à la hausse. On l’estimait à 2% maintenant on l’estime à 3,9% du PIB. Par contre le concourant au niveau de la balance n’est pas immense. Il devrait y avoir une baisse significative de 14,5% du PIB cette année et un peu moins de 8% l’année prochaine principalement à cause des importations liées aux investissements dans le secteur des hydrocarbures qui vont baisser d’une façon assez significative », ajoute M. Edward R. GEMAYEL.
« La croissance du Sénégal est toujours bonne mais… »
Le Chef de mission du FMI précise que malgré cette révision, les taux de croissance du Sénégal sont supérieurs à ceux des papys de l’Afrique subsaharienne. « Quoique nous avons révisé nos taux de croissance cette année et l’année prochaine, si nous comparons les taux de croissance du Sénégal par rapport à l’Afrique subsaharienne, cette année le Sénégal est à 4,1% alors que la moyenne de l’Afrique subsaharienne est de 3,3%. L’année prochaine, le Sénégal sera à 8,3% alors que l’Afrique subsaharienne à une moyenne de 4% de croissance », souligne-t-il. Mieux, il rassure que « la croissance du Sénégal est toujours bonne mais elle n’a pas atteint le taux qu’elle avait atteint avant la pandémie et les différentes crises qu’on a vécues ».
« La dette du Sénégal est toujours soutenable »
En ce qui concerne la politique budgétaire, le FMI soutient que « le gouvernement est toujours engagé à graduellement baisser le déficit du budget de 6.6% du PIB l’année passée à 3% du PIB en 2025, l’objectif étant de 4,9% cette année ». Quid de la dette ? Il indique que les signaux sont au vert. « Les perspectives de la dette sont toujours bonnes et reste inchangées. La dette du Sénégal est toujours soutenable. Elle va atteindre à la fin de cette année pour le gouvernement central 72,2% du PIB. Si on exclue le sur-financement, elle sera à peu près de 69.2% du PIB. Par contre, l’année prochaine, cette dette va baisser à 65,6% du PIB et donc elle va avoir une tendance baissière », assure le Chef de mission du FMI pour le Sénégal. A l’en croire, comparées à la sous-région, les recettes fiscales du Sénégal sont les plus élevées. In fine, le FMI assure que tous les critères de performances au niveau du Mécanisme Élargi de Crédit (MEC), de la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et de la Facilité de Résilience et de Durabilité (FRD) « ont été atteints. Pour les critères indicatifs, tous ont été atteints à l’exception d’un : celui de la dette ».